Publicité

L'Allemagne face au casse-tête de la sortie du charbon

Une commission indépendante doit proposer le 1er février une date d'arrêt des centrales au charbon. Plus le terme sera court, plus lourd sera le coût pour le pays mais meilleur sera son bilan carbone.

Mine de lignite de Welzow, à quelques kilomètres du village de Proschim dans le Brandebourg.
Mine de lignite de Welzow, à quelques kilomètres du village de Proschim dans le Brandebourg. (Patrick Pleul/ZUMA Press/ZUMA/RE)

Par Ninon Renaud

Publié le 17 janv. 2019 à 08:14

Le sujet a tout du cocktail explosif. Choisir une date d'arrêt du recours au charbon pour produire de l'électricité en Allemagne revient en effet à résoudre une équation complexe alliant des considérations économiques, sociales, environnementales mais aussi politiques. En témoigne la décision d'Angela Merkel de convoquer à un dîner mardi, près de quinze jours avant la remise de leur rapport final le 1er février, les coprésidents de la « commission croissance, changement structurel et emploi » chargés de trancher cette question.

Je me réjouis que le gouvernement fédéral ait promis une aide financière substantielle à long terme pour les régions concernées

Conviés aussi, les ministres présidents du Brandenbourg, de la Saxe, de la Saxe - Anhalt et de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie (les quatre länders concernés) ont obtenu des gages auprès de la chancelière. « Les négociations ont été très intenses et je me réjouis que le gouvernement fédéral ait promis une aide financière substantielle à long terme », a dit Reiner Haseloff, ministre président de la Saxe-Anhalt.

Les présidents de régions réclament 60 milliards

Publicité

Toute la question est de savoir combien l'exécutif devra mettre sur la table. Cet automne, les trois ministres des länder situés dans l'ancienne Allemagne de l'Est avaient réclamé une enveloppe de 60 milliards d'euros d'investissements d'ici à 2030. Un montant jugé « absurde » parmi certains membres de la commission charbon, mais le gouvernement ne pourra s'en tenir au 1,5 milliard qu'il a prévu de débourser d'ici à 2021.

Il s'agit en effet tout à la fois de développer des infrastructures de transports susceptibles de décloisonner ces régions très dépendantes du charbon et de limiter la hausse du prix de l'électricité qu'entraînera l'abandon d'une source d'énergie, certes très polluante, mais aussi bon marché. Le lignite fournissant encore plus d'un tiers de la consommation électrique allemande, la facture pour le secteur industriel pourrait être lourde. Le gouvernement devra aussi indemniser les énergéticiens pour la fermeture prématurée des centrales et limiter le choc social d'une telle décision.

20.000 salariés qui sont autant d'électeurs

Selon le syndicat des mines de la chimie et de l'énergie IG-BCE, 20.000 travailleurs seront directement touchés par les pertes d'emplois, sans compter les emplois indirects qu'occupent plusieurs dizaines de milliers de personnes. Autant d'électeurs que le gouvernement veut assurer de son soutien alors que beaucoup sont déjà tentés de rallier le parti d'extrême droite AfD. L es élections régionales qui se dérouleront en septembre s'annoncent difficiles pour le ministre président social-démocrate du Brandenbourg, et son homologue chrétien-démocrate de Saxe.

Dans ce contexte, Angela Merkel ne saurait être indifférente à la lettre que vient de lui envoyer l'IG-BCE. Le syndicat y demande 5 à 7 milliards d'euros pour financer les préretraites des personnels qui perdront leur emploi. La fourchette dépend de la date d'arrêt des centrales à charbon, les concessions des énergéticiens courant jusqu'en 2040. Plus la date limite de fermeture s'en rapprocherait, moins le coût serait lourd.

Mais cet horizon n'est pas compatible avec les engagements pris par l'Allemagne en signant l'accord de Paris sur le climat : le pays a déjà renoncé à ses objectifs de réduction de CO2 pour 2020 mais espère tenir ceux de 2030. La commission charbon a jusqu'au 25 janvier, date de sa dernière cession, pour trouver le bon dosage.

Ninon Renaud (Correspondante à Berlin)

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité