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Billet de blog 10 janvier 2018

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L'inévitable légalisation du cannabis

Depuis le 1er janvier 2018, les Californiens peuvent légalement acheter, vendre et consommer du cannabis pour un usage récréatif. Cette loi particulièrement progressiste ouvre la voie à une légalisation mondiale de plus en plus inévitable, malgré l’opposition de Donald Trump.

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Par voie de référendum, la Californie devient le neuvième état à légaliser l’usage récréatif du cannabis. Elle avait déjà ouvert la voie à la dépénalisation en 1996, en autorisant son usage médical. Cette décision fut progressivement suivie par vingt-neuf états. Désormais, c’est la légalisation à grande échelle qui devrait suivre.

Ruée vers l’or vert

Car avec la Californie, on ne parle plus d’un petit état de la taille du Colorado ou d’une nation modeste comme les Pays-Bas, mais de la sixième économie mondiale. De très loin le plus peuplé (38 millions d’habitants), la Californie est le second État par sa superficie et la première zone économique du pays, avec un PIB légèrement supérieur à celui de la France. L’industrie du cannabis représente déjà un marché légal de 7 milliards de dollars qui emploie deux cent cinquante mille personnes. Avec la Californie, le marché va tripler de taille, et générer des recettes fiscales dépassant le milliard de dollars annuel pour le seul « golden state ».

Les expériences des États de l’Oregon et du Colorado (où le cannabis est légalisé depuis 2014) laissent entrevoir une hausse modeste de la consommation, une diminution de la consommation chez les jeunes, une baisse de la criminalité et une hausse d’emplois. La manne économique sera largement redéployée pour faire de la prévention auprès des mineurs, construire des écoles et financer les centres de désintoxications dédiés aux victimes de drogues dures (héroïnes, opioïdes, alcool…) comme cela a été fait ailleurs.

Vers une baisse spectaculaire de la criminalité

La législation californienne fait preuve d’une rare intelligence. Elle prévoit d’attribuer de façon prioritaire les licences de vente dans les quartiers défavorisés, victimes de la « guerre contre la drogue » et vivant de l’économie souterraine. Cela ouvre une porte de sortie à la petite délinquance qui dépendait du trafic.

Suivant la même logique, les personnes emprisonnées pour consommation ou trafic de cannabis pourront faire rétroactivement appel de leur condamnation, avec la possibilité de voir leur peine de prison réduite ou abrogée.

Comme dans tous les autres états et pays ayant fait l’expérience, on devrait assister à une baisse spectaculaire de la criminalité.

Trump en guerre contre la Californie

Dès le 4 janvier, la Maison Blanche réplique. Le garde des Sceaux de l’administration Trump, l’ultraconservateur Jeff Session, produit un décret autorisant les procureurs à poursuivre les individus impliqués dans le commerce légal de cannabis. Il revient sur une législation introduite par Barack Obama qui laissait les mains libres aux États pour autogérer la question du cannabis.

Ce contrecoup apparaît comme une étape de plus dans la lutte entre le pouvoir fédéral de Donald Trump et les pouvoirs locaux des États sous contrôle démocrate.

La réforme fiscale votée en décembre comportait des dispositions particulièrement désavantageuses pour les États à fort taux d’imposition, dont la Californie. Après avoir mis en place une politique migratoire qui nuit aux fermiers californiens et une politique énergétique qui s’oppose à la croissance des renouvelables (premier gisement de création d’emploi sur la côte ouest grâce à l’expansion du solaire), Trump vient d’ouvrir la quasi-totalité du littoral américain à l’exploitation pétrolière. Cette politique est vécue comme « une attaque qui menace la beauté de nos côtes » selon les propres mots du chef du sénat californien. Dans ce contexte, la décision de s’attaquer au mouvement de légalisation du cannabis constitue un nouvel affront.

Mais elle semble vouée à l’échec. D’abord parce qu’aux USA, l’argent gouverne la politique, et que la décision de Donald Trump menace une industrie dont le chiffre d’affaires pourrait rapidement passer de 7 à 20 milliards de dollars annuels. Une manne suffisante pour financer de sérieuses activités de lobbying !

L’opinion publique américaine soutient largement la légalisation. 65 % des citoyens et 51 % des électeurs de Donald Trump se prononcent en faveur de la légalisation, d’après la dernière enquête de l’institut Gallup.

Trump va ainsi à l’encontre de nombreux groupes de pression.  L’industrie de la santé, qui utilise la Marihuana pour soigner de nombreuses maladies, mais également chez les associations de vétérans qui font appel aux vertus de la plante verte pour soulager les patients atteints de syndromes post-traumatiques. Sans compter le parti conservateur libertarien, très attaché aux questions de souveraineté locale.

Déclarer la guerre à la mariihuana revient à s’opposer aux droits des états à s’auto gouverner, un principe au cœur de l’idéologie conservatrice.

La décision de la maison blanche a logiquement provoqué une levée de boucliers du Congrès, non seulement dans le camp démocrate, mais également chez les républicains représentant les états concernés.

Le sénateur républicain du Colorado a promis de bloquer toute action de la maison blanche jusqu’à ce qu’il obtienne gain de cause : « Ce qu’il vient de se passer, c’est le piétinement des droits du Colorado, et de ses électeurs. »

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Article modifié après une publication initiale sur le yetiblog  par Politicoboy.fr

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