“Ils étaient des héros, ils sont désormais des violeurs condamnés” pour viol en réunion, attaque l’éditorialiste Rosie DiManno dans The Toronto Star, après le verdict le 31 janvier de la cour d’assises de Paris reconnaissant la culpabilité des deux policiers de la BRI.

“Le 36, quai des Orfèvres : une adresse mythique dont le bâtiment figure dans des films et des polars. Et le lieu où Emily Spanton a suivi les deux officiers de police pour une visite privée le soir du 22 avril 2014, après une soirée arrosée dans un pub proche. Elle en ressortira 1 h 20 plus tard, à 4 heures du matin, pieds nus, sans collants ni lunettes, couverte de contusions constatées médicalement”, relate l’éditorialiste dans les colonnes du quotidien anglophone.

Contrairement aux deux hommes incriminés, la Canadienne de 39 ans, fille d’un policier de haut rang, n’a pas souhaité rester anonyme lors du procès comme le lui permettait la justice française.

“‘Je ne voulais pas vivre dans un monde où je serais silencieuse’, a déclaré Emily Spanton.” Rosie DiManno se félicite que “la justice française ait reconnu ses accusations de viol”, insistant sur “les années de procédures judiciaires tortueuses : dépôt de plainte, abandon de poursuites, reconstitution humiliante du crime lors d’une audition, disparition et destruction de preuves…”

Enquête bâclée

La procédure et le procès ont été émaillés par des dénégations et des révélations stupéfiantes sur la manière dont les investigations ont été, dès le départ, mal menées et de ce fait compromises, alors que l’opinion publique et les commentateurs débattaient des poursuites pour agression sexuelle dans une période antérieure à #MeToo, rappelle la journaliste de The Star. “Le concept de consentement était au cœur de l’affaire, les deux accusés assurant que la victime avait agi de son plein gré.”

“Mais le témoignage d’Emily Spanton est resté cohérent tout le temps, même si la personnalité, le style de vie et les habitudes sexuelles de cette femme de 39 ans ont été épinglés par la défense. C’est bien entendu typique des procès pour agression sexuelle, même au Canada.”

Face à “un cauchemar sans fin”, The Star rend hommage à “Emily Spanton [qui] a persévéré, luttant contre la bureaucratie d’un pays étranger. Alors que les accusés, après avoir été suspendus, avaient pu reprendre leur travail.”