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« Les circuits courts alimentaires sont un moyen de reprendre le contrôle sur son assiette »

Yuna Chiffoleau, ingénieure agronome et sociologue, directrice de recherche à l’INRA, revient sur les enjeux des circuits courts et leur développement.

Propos recueillis par 

Publié le 26 janvier 2019 à 12h29, modifié le 26 janvier 2019 à 12h29

Temps de Lecture 8 min.

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L’assiette en tête. Yuna Chiffoleau, ingénieure et sociologue, directrice de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), travaille sur les innovations pouvant contribuer au développement de systèmes alimentaires plus durables. Elle est coautrice, avec Patrick Philippon et Frédéric Wallet, de Et si on mangeait local ? (Quae, 2017), et vient de publier, aux éditions Erès, Les Circuits courts alimentaires, entre marché et innovation sociale.

Elle a participé en 2009 au groupe de travail mis en place par le ministère de l’agriculture qui a défini un circuit court comme « un mode de commercialisation des produits agricoles qui s’exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte à condition qu’il n’y ait qu’un seul intermédiaire ». Ce groupe a aussi contribué à élaborer « un plan d’action » pour les développer, le « plan Barnier », du nom du ministre de l’époque.

Quand sont apparus les circuits courts alimentaires ?

Yuna Chiffoleau : Ils ont toujours existé, depuis l’invention du commerce. Les marchés forains au Moyen Age réunissaient producteurs et clients. Avec la modernisation de l’agriculture, la standardisation des produits et le développement de la grande distribution, qui a multiplié les intermédiaires, les circuits courts ont décliné jusqu’aux années 1970, pour connaître un regain dans les années 2000.

Le mouvement a été très précoce au Japon. Dès les années 1960, des mères de familles, citadines, passent contrat en direct avec des producteurs en échange d’une production sans produits chimiques, après un scandale sur le riz, aliment de base en Asie. Elles créent le premier « teikei » (engagement de collaboration).

En France, la véritable extension des circuits courts se situe dans les années 2000, dans un contexte où la crise de la vache folle décuple les peurs alimentaires. Cette crise a généré une perte de confiance dans les filières longues, vis-à-vis de la traçabilité, et dans les labels car pour les citoyens, il y a eu défaillance de ce qui était sous contrôle de l’Etat. Une partie des consommateurs a cherché à se rassurer à travers la proximité, le lien direct, afin de savoir d’où proviennent les produits, fruits et légumes principalement au départ.

Qui sont ces consommateurs ?

Au départ, le public de ces circuits est plutôt militant, issu des classes moyennes. Il y a une surreprésentation des bacs + 3, bacs + 5. Parallèlement, des gens inquiets pour leur alimentation, par exemple des couples au moment de leur premier enfant, s’intéressent aux circuits courts. Sans oublier les personnes âgées qui ont, pour certaines, toujours consommé en circuit court, sans le revendiquer, en se rendant chaque semaine sur les marchés de plein vent (en plein air).

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