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La pauvreté augmente, la peur d’y tomber aussi

La précarité s’étend à de nouvelles couches sociales et 87 % des Français craignent la pauvreté pour leurs enfants.

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Publié le 07 septembre 2015 à 21h24, modifié le 08 septembre 2015 à 12h45

Temps de Lecture 2 min.

Des personnes font la queue lors d'une distribution de colis alimentaires par le Secours Populaire, en 2009 à Saint-Eloy-les-Mines (Puy-de-Dôme).

« Un raz de marée de la misère. » C’est un constat bien sombre que dresse le Secours populaire français, en publiant, mardi 8 septembre, son baromètre sur la perception de la pauvreté en France. 57 % des personnes interrogées (1 013 personnes sondées par téléphone du 20 au 22 juin par l’institut Ipsos) avouent qu’elles ont « été sur le point de connaître une situation de pauvreté » à un moment de leur vie, une situation qui s’est aggravée en un an (plus deux points). La peur de tomber dans cette précarité s’est elle aussi fortement répandue.

Après une poussée particulièrement forte entre 2007 et 2009, la misère continue de progresser en France : 35 % déclarent avoir effectivement vécu dans la pauvreté. Deux Français sur trois ont un proche qui est touché et, pour 31 % des sondés, cela frappe des membres de leur famille. Et ceci quelle que soit leur catégorie socioprofessionnelle. Une pauvreté dont les personnes évaluent le seuil à 1 054 euros mensuels – très proche du smic (1 135 euros) –, le plancher retenu par l’Insee étant de 987 euros.

La crise dure maintenant depuis huit ans et ses effets se font plus durement et plus durablement sentir. 40 % des sondés éprouvent des difficultés pour payer les frais médicaux, 34 % pour régler les notes d’électricité ou de chauffage, 33 % pour le loyer. Les familles avouent aussi rencontrer des problèmes de trésorerie quand il faut remplir le réfrigérateur ou payer la carte de transport. Plus inquiétant, près d’une sur trois déclare peiner à assurer trois repas par jour ou à régler la cantine. Signe de la progression de la précarité à de nouvelles couches sociales, la difficulté à s’offrir des loisirs s’installe : une personne interrogée sur deux explique avoir du mal à envoyer ses enfants au moins une fois par an en vacances, ou à leur payer un cours de sport ou une place de cinéma.

Peur de l’avenir

Les moments de bascule deviennent de plus en plus banals. On ne décroche plus seulement à l’occasion de ruptures dans sa vie, comme un licenciement ou un divorce. Aux mères célibataires et aux travailleurs pauvres se sont ajoutés les retraités et les étudiants. « On voit de plus en plus de vieux qui ne se chauffent plus, de jeunes qui viennent chercher des colis alimentaires après les cours », assure Julien Lauprêtre, président du Secours populaire.

Toutes les catégories de population étant touchés, plus personne ne se sent à l’abri. La peur de la dégringolade sociale s’exprime désormais ouvertement : 87 % des Français estiment que le risque que leurs enfants connaissent un jour la pauvreté est plus élevé qu’il ne l’était pour leur génération. 55 % pensent même qu’il l’est « beaucoup plus ». Un record depuis neuf ans que le baromètre existe.

L’anxiété s’est naturellement transmise aux enfants. L’association a fait réaliser un sondage spécifique (échantillon de 500 enfants de 8 à 14 ans interrogés via Internet) pour mesurer leur propre perception du phénomène. Les résultats sont édifiants : près de six sur dix redoutent de devenir pauvres un jour ; près des deux tiers parmi ceux âgés de 11 à 14 ans. Ils disent côtoyer la pauvreté, tant à l’école (61 % d’entre eux) que dans leur quartier (47 %). Et estiment à 31 % le nombre de leurs camarades qui ne mangent pas à leur faim. L’avenir pour eux n’est donc guère souriant : 66 % estiment qu’il leur sera difficile de trouver du travail. « Voir ce nombre grandissant d’enfants qui ont peur de l’avenir, c’est bouleversant », juge M. Lauprêtre. L’association a aidé plus de 2,8 millions de personnes en 2014.

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