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#24 – Faire association aujourd’hui… et demain ?

  18 Mar , 2020    COJ

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"Le Collectif21 tombe à pic, le malaise couve depuis longtemps : inflation administrative, management, concurrence, burn-out, perte de sens… Avec le CSA, l‘inflation administrative/réglementaire, certains annoncent une « purge » des petites ASBL.  Sale temps pour l’associatif."

EDITO

Lanceurs d’alerte

Nous pensions être sauvés par l’avènement du numérique, il n’en est rien. Les PDF ont remplacé les formulaires papiers. Leur nombre et leur inutilité restent inchangés. » concluait notre chroniqueuse juridique dans son article sur la réglementation UBO et RGPD intitulé « La simplification administrative, ça n’existe pas » (COJ#22).

A l’automne 2017, dans une chronique intitulée « L’ASBL commerciale va-t-elle arriver ? » (COJ#14), notre juriste signalait la réforme de la Loi sur les ASBL de 1921, annoncée par l’accord du Gouvernement Michel en 2014 et menée par le ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V) en collaboration avec le ministre de l’économie, Kris Peeters (CD&V).

En 2021, on fêtera le non-anniversaire (100 ans !) de cette Loi des ASBL, remplacée depuis le 1er mai 2019 par le Code des Sociétés et des Associations (CSA) qui permet aux ASBL de se lancer dans le business ! De quoi avaler son dentier.

Face à cela, le Collectif21 est né de façon informelle. Débats, rencontres, l’interrogation est posée : « Faire association aujourd’hui…. Et demain ? ».  Le COJ#24 en fait son dossier.

Ce collectif tombe à pic, le malaise couve depuis longtemps : inflation administrative, management, concurrence, burn-out, perte de sens… Avec le CSA, l‘inflation administrative/réglementaire, certains annoncent une « purge » des petites ASBL.  Sale temps pour l’associatif.

Pourtant des « lanceurs d’alerte » existent au sein de l’associatif. Depuis des années, Jean Blairon, signe   dans intermag, magazine d’intervention (sic) et lors d’interventions publiques – des analyses pointues de ce qui menace la dynamique associative. Dès 2013, il analysait la « réalité » des appels à projet. En 2017 : La situation des « associations polysubventionnées »En 2018, il posait la question « Vie associative : un contre-pouvoir est-il encore possible aujourd’hui ? ».

Concernant le système de l’appel à projet, J. Blairon épinglait le risque d’un « confinement de l’acteur associatif dans un rôle d’exécutant de politiques pensées sans lui » et appelait à un travail réflexif « opéré par les acteurs eux-mêmes, dans une logique la plus collective possible ».  

En 2019, dans l’ouvrage La CESSoC, 25 ans de concertation sociale & politique, Pierre Malaise, directeur de la Confédération des Employeurs des secteurs Sportif & SocioCulturel (s’) interrogeait « Comment conserver la spécificité d’un secteur qui se revendique non-marchand avec force dans un environnement règlementaire qui rapproche de plus en plus associations et entreprises commerciales ? ».

Toujours en 2019, l’ASBL Miroir Vagabond lançait une campagne de sensibilisation sur la liberté associative et écrivait : « L’obligation de prouver le déroulement de son action mais aussi l’utilité de son travail prend de plus en plus de place dans le quotidien associatif ».

Ils ne sont pas les seuls, d’autres écrits corsaires existent mais l’époque semble brouiller les pistes d’un engagement (militant) au sein des ASBL. Celui-ci semble renaitre dans des mouvements informels et autres collectifs non-institutionnalisés.

En 2020-21, le Collectif21 nous invite au temps de l’introspection et de la revendication. Désormais, on se lève et on y va ?

Yamina Ghoul, Secrétaire générale de la COJ