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Indépendance de la justice : Griveaux accuse les médias de nourrir le complotisme

Indépendance de la justice : Griveaux accuse les médias de nourrir le complotisme

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Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a déclaré ce vendredi 8 février que le "doute permanent" qu'entretiendraient selon lui médias quant à l'indépendance de la justice, après notamment la perquisition avortée au siège de Mediapart dans l'affaire Benalla, alimente les croyances complotistes dans l'opinion.

Est-il permis de questionner l'indépendance de notre système judiciaire ? Ce vendredi 8 février, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, invité d'Europe 1, a reproché aux médias d'alimenter les théories du complot en interrogeant l'indépendance de la justice après les derniers rebondissements de l'affaire Benalla, qui sèment le doute sur une intervention de Matignon auprès du parquet de Paris autour de la tentative de perquisition chez Mediapart.

"Ce doute permanent qu'on instille dans les micros, ça fait que nos concitoyens ne croient plus à la justice de leur pays, et croient qu'il y a des complots permanents", s'est agacé le macroniste, interrogé sur l'ancien conseiller de l'Elysée. "Et ça donne certains des représentants des gilets jaunes qui vous expliquent que vous avez des complots internationaux qui tirent les ficelles du pouvoir en France. Ça suffit, il faut arrêter de raconter n'importe quoi." Impossible d'avoir la paix, se plaint Benjamin Griveaux, qui monte sur ses grands chevaux : "Instruire en permanence le procès d'avoir une espèce de sentiment de collusion entre le pouvoir exécutif et l'autorité judiciaire, c'est insupportable".

Perquisition à Mediapart

Rappel des faits : le 31 janvier, Mediapart a révélé des enregistrements clandestins d'une discussion le 26 juillet entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, alors que leurs contrôles judiciaires leur interdisait tout contact. Le 4 février, Mediapart fait l'objet d'une tentative de perquisition, qui tourne au fiasco, dans le cadre d'une enquête préliminaire pour "atteinte à la vie privée" et "détention illicite d’appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d’interception de télécommunications ou de conversations". Le surlendemain, le site d'information révèle que cette procédure est consécutive à la transmission d'informations au parquet par Matignon.

En effet, c'est bien un courrier signé par le directeur de cabinet d’Edouard Philippe, Benoit Ribadeau-Dumas, au procureur de Paris, Rémy Heitz, qui a entraîné cette perquisition. Lequel Rémy Heitz a été choisi par Emmanuel Macron à ce poste (l'exécutif conservant, sous le contrôle du Conseil supérieur de la magistrature, le pouvoir de nomination des magistrats du parquet), aux dépens des trois candidats initialement retenus par la garde des Sceaux Nicole Belloubet.

Le gouvernement nie piloter le parquet

De sorte que l'empressement de la Justice à diligenter une perquisition au siège de Mediapart, pour finalement se casser les dents à la porte du journal, est apparu suspect. Depuis, le gouvernement s'accroche à sa version de l'histoire, selon laquelle les services du Premier ministre n'ont fait que "partager avec la justice, en toute transparence, des éléments fournis à la presse". "Quand des informations sont transmises aux journalistes, il n'est pas anormal de transmettre au procureur de Paris les mêmes informations, un point, c'est tout", martèle encore Benjamin Griveaux ce vendredi. Espérons donc que la loi anti fake-news remette les médias dans le droit chemin.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne