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EAN : 9782081421110
480 pages
Flammarion (22/08/2018)
3.79/5   1174 notes
Résumé :
L’idée de passer tout l’été coupés du monde angoissait Franck mais enchantait Lise, alors Franck avait accepté, un peu à contrecœur et beaucoup par amour, de louer dans le Lot cette maison absente de toutes les cartes et privée de tout réseau. L’annonce parlait d’un gîte perdu au milieu des collines, de calme et de paix. Mais pas du passé sanglant de cette maison que personne n’habitait plus et qui avait abrité un dompteur allemand et ses fauves pendant la Première ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (296) Voir plus Ajouter une critique
3,79

sur 1174 notes
Serge Joncour, dans la lignée des écrivains américains « nature writers », voue un culte aux grands espaces sauvages, à ces hectares de verdure, peuplé de bestioles.
Il campe son décor dans son fief de prédilection, le Lot, et revisite l'Histoire du village d'Orcières, « au fin fond des collines escarpées du causse », « au coeur du triangle noir du Quercy », village ancré dans la légende et les superstitions.
On navigue par alternance entre deux époques ( 1914/2017)

Le chapitre d'ouverture traversé par un hourvari nocturne tonitruant, cet été 1914, interpelle : hommes mobilisés, animaux réquisitionnés, les femmes au labeur, la peur.
Le Mont d'Orcières devient le repaire d'un dompteur et de ses fauves, le théâtre d'une histoire d'amour fusionnelle et d'une tragédie que l'auteur ressuscite.

En 2017, un couple de Parisiens vient y passer son été. Gîte paumé, sans Wi-Fi, sans télé, confort spartiate, accès difficile. Mais « un pur émerveillement » saisit les vacanciers à l'arrivée. « Un parfait éblouissement ». Cette vue panoramique depuis la clairière les ravit. Idéal pour se déconnecter et rebooster sa créativité.
Le silence qui prévaut dans cette maison contraste avec la sarabande d‘un monde nocturne, peuplé de bestioles qui regorgent de vitalité, ce qui alarme d’autant plus Franck, l’insomniaque, surtout qu’un soir il avise une bête « deux lueurs jaunes, deux yeux effilés phosphorescents ». Auraient-ils des loups comme voisins ? La peur va atteindre son paroxysme.

Si Lise s'adapte, son mari Franck, producteur, à la merci d'associés prédateurs, est pris de panique à l'idée de ne pas pouvoir rester en contact avec eux. D'où ses échappées à la ville, ses haltes au café. Au marché, il croise un boucher fascinant dont l'étal regorge de « barbaque » et lui donne l'envie de renouer avec la viande.

L'irruption d'un Chien-Loup errant, sans collier, change la vie du couple. L'auteur met l'accent sur la dualité de ce molosse ( féroce ,buté/ docile, affectueux) et des animaux en général : «  Dans l'animal le plus tendre dort toute une forêt d'instincts ».

Serge Joncour, en connaisseur de la gent canine, décrypte avec acuité toutes les réactions de ce Chien-Loup vagabond, selon les lieux. Il questionne la cohabitation hommes/animaux dans la nature et les rapports dominant/dominé, maître/nourriture.
«  Être maître d'un animal, c'est devenir Dieu pour lui. Mais avant tout c'est lui assurer sa substance, sans quoi il redeviendrait sauvage... »
On est témoin de la façon dont Franck l'amadoue progressivement, lui parle, fraternise, gagne sa confiance et tisse une complicité, une amitié hors normes, très touchantes. Scènes cocasses entre Franck et Alpha quand il le nourrit, joue avec lui.

Lors d'une randonnée dans ce maquis insondable, jusqu' à une igue, ils font une découverte majeure, insolite, point de convergence de l'intrigue. Vestige et relent d'un passé maléfique sur lequel les villageois sont peu diserts, entretenant ainsi le mystère par leurs sous-entendus et leurs méfiances.

L'auteur nous dévoile les coulisses du métier, non pas d'écrivain, mais de producteur, devant résister à ses associés, « des jeunes loups » prêts à pactiser avec Netflix et Amazon. Serge Joncour, dont certains romans sont adaptés à l'écran, pointe en connaissance de cause les dangers de ces monstres, « à l'appétit sans limite », clame sa défiance contre ces «  géants du numérique » et déplore « qu'ils ne payent pas d'impôts ».
Une phrase retient l'attention et préfigure le plan machiavélique en germe de Franck contre ses « charognards », ses voraces prédateurs : «  Il se sentait prêt à réveiller en lui cette part de violence qu'il faut pour se défendre, mais surtout pour attaquer, et ce chien mieux que personne lui disait de le faire ».

Le récit s'accélère. Pourquoi ce deal avec les braconniers ? Franck va-t-il accepter les conditions de ses «  enfoirés » d'associés ? Pourquoi les fait-il venir ? Pourquoi s'est-il muni de cordes?
Le suspense grandit. La tension va crescendo et tient le lecteur en haleine. Les éléments se déchaînent, furie du ciel (orage, grêlons).

Le romancier révèle, une fois de plus, ses multiples talents tous aussi remarquables : portraitiste, peintre paysagiste, scénariste, entomologistes des coeurs et des corps( déclinés dans tous leurs états!), contempteur de son époque. Sans oublier le zeste d'humour. Du grand Joncour !

Il sait créer des atmosphères et nous offre  « un roman en relief »,« en trois dimensions »( expressions de l'auteur), à ciel ouvert, sensoriel et tactile. Il excelle à nous faire :saliver avec « un magma odorant », celui d'« un sauté d'agneau », ou l'odeur croustillante d'un poulet grillé, sentir le parfum des gardénias, l'odeur de jasmin émanant de Joséphine, entendre une litanie de bruits, des plus ténus aux plus stridents, et même ressentir tantôt la chaleur, tantôt la fraîcheur.

On assiste à une étonnante métamorphose de Franck, qui après avoir apprivoisé les lieux, se sent en totale osmose avec cette nature sauvage. Elle opère sur lui comme un baume. « Il y a des décors qui vous façonnent, vous changent ».
Les voilà, comme Bobin, contemplatifs devant les nuages, en pleine béatitude, scellant cette harmonie par le contact physique, dans une bulle de tendresse.

Serge Joncour nous offre une totale immersion «  into the wild » et signe un hymne à la nature sauvage et aux animaux.Il rend hommage aux femmes si laborieuses en 1914. Il met en exergue l'intelligence d'Alpha, « ce cerbère à la dévotion totale », devenu un «  allié », un geôlier.
CHIEN-LOUP, alias Bambi, aux « pupilles phosphorescentes », irradie !

A votre tour de dévorer cet ouvrage que je qualifierai de «  L'Alpha et Oméga » Joncourien, canin, félin, lupin… DIVIN ! Un merveilleux cocktail d'Histoire, de sauvagerie, de drôlerie, avec une once de folie et de poésie !
Ne craignez pas les ronces, les griffes, les feulements, les hululements.
Un roman touffu, sonore, foudroyant, vertigineux, détonant, démoniaque qui se hume, s'écoute, se déguste avec délectation, qui décalamine le cerveau et embrase le coeur ! Une écriture cinématographique virtuose. Le must de la rentrée.
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Chien-loup! Comme deux métamorphoses,
une femme qui à la mort de son mari médecin défie la PEuR de l'étranger,
un homme qui grâce à Chien-loup défie la PEuR des empires du numérique,
La Nature nous invite à cette renaissance.
Fantastique Chien-Loup, "Chien-Loup" renoue avec les grands romans d'aventure, ceux de Jack London ou ceux de Jules Vernes, Serge Joncour nous offre avec ce récit une impressionnante fresque historique, où le présent paisible de Lise et de Franck, se heurte à une nature redevenue sauvage.

Serge Joncour à l'ombre de Jean Giono, et la trilogie de Pan, suggèrent une nouvelle approche féconde de son dernier livre et de l'univers de Serge Joncour.
je vous l'offre, publié sur
https://revue-traversees.com/2019/01/29/12279/




A l'heure du tout numérique, cette confrontation à une nature la plus déglinguée est un pied de nez à l'obscurantisme, une provocation toute Desprogienne à l'adresse de Google, ou autres Amazon, un tweet rageur sur la vie, la vraie, les deux pieds dans la glaise.


Dès les premières pages on frémit, "jamais on avait entendu beugler comme ça", ! On sent l'animal Serge Joncour s'exprimer, il n'y a que lui pour vociférer sa haine de la mauvaise foi, clamer le respect la nature, celle que l'on ne doit ni oublier, ni déguiser, ni dédaigner.
On ne pourra plus écrire sur la nature sans se référer à ce récit, comme à celui de Jean Hegland « dans la Forêt », l'homme reste ce qu'il a toujours été vulnérable.


En arrière plan, Serge Joncour déroule l'histoire de la grande guerre à Orcières, petit village de son Quercy près de Limogne, à un siècle de distance, ce sont les mêmes peurs, les mêmes défiances vis à vis de l'étranger.
Au mont d'Orcières séjourne à la déclaration de la guerre un dompteur de fauves, il est allemand. Des moutons disparaissent, tout le village est gagné par la peur, une peur qui enfle jusqu'aux dernières secousses, jusqu'au derniers dénouements les plus dramatiques.
Il est rare de passer au scalpel ce que l'on nomme la peur...
Elle est mauvaise conseillère, la PEUR. Une femme la brave c'est Joséphine, une femme, une des premières veuves de la grande guerre, qui à la mort de son mari médecin défie la PEUR de l'étranger. C'est l'une des qualités de ce roman, l'une de ses multiples entrées. Serge Joncour se mouille, rentre dans la cage des fauves, avec ses tripes, et à l'égard de ses associés "je voulais voir votre peur dans vos yeux , y voir la trouille de votre vie."
Çà, çà vous trempe dans le bonheur pour dix ans.


Renouer avec la vie sauvage n'est pas sans rappeler l'appel de la forêt. On lit page 9, : "Les anciens eux-mêmes ne déchiffrèrent pas tout de suite ce hourvari, à croire que les bois d'en haut étaient le siège d'un furieux Sabbat, une rixe barbare dont tous les acteurs seraient venus vers eux. Ou alors c'était le requiem des loups parce que les loups modulent entre les graves et les aigus, en meute ils vocalisent sur tous les tons pour faire croire qu'ils sont dix fois plus nombreux."

Il y a le Franck des premières pages qui s'accroche à son smart-phone comme une bernique à son rocher, même pas une barre, rugit-il page 75, « ça capte nulle part c'est de la folie ».
le grand producteur toujours reconnu par la profession, est prêt à défier Netflix, et tous les autres, « les géants du numérique, des monstres », car autour de lui les charognards s'agitaient, à commencer par ses associés Travis et Liem, ce dernier qui page 313, lui lança, "le cerveau c'est comme l'iphone, il faut faire les mises à jour."

Et il y a l'autre Franck le double de Serge Joncour, qui au contact du chien-loup se métamorphose, entreprend une mue, écoute les silences peuplés de bruits, se fait chasseur, peu à peu oublie sa peur dans cet espace à l'écart, livre bataille, engage la lutte contre Neflix à sa façon, sa lucidité s'est mise en marche.

Arrivé cloué par la peur dans ce Quercy déserté depuis la grande guerre, Franck privé de tous contacts, concède une pause de trois semaines à Lise qui elle a déjà renoncé aux fastes de l'éphémère et du virtuel. Franck devenu l'unique présence humaine à cent lieux de tout, va réapprendre à vivre, dominer ses peurs au contact du chien-loup, animal farouche, fidèle et un peu buté, mais plein de tendresse et de reconnaissance pour l'homme qui voudra bien l'adopter.

La phrase assassine de Travis, "t'aurais des gosses, tu pigerais", ronge chacun de ses instants, sa prise de conscience de la vraie nature du numérique, sa perception nouvelle de la violence du monde du cinéma, et de ses dangers mûrit sa vengeance.


Pour Serge Joncour le virtuel est devenu fou, son livre vient nous le dire, aucune violence même animale est capable d'engendrer de tels monstres!
Tendresse et humour viennent jouer avec notre plaisir de déguster ses bons mots et livrer son roman le plus abouti, mais aussi, le plus sauvage de ses romans, l'écriture la plus charnelle, l'expression de ses tripes la plus personnelle.
Une évocation aussi surprenante que réelle de la grande guerre, en fait le livre événement de cette rentrée littéraire. Tout Serge Joncour est là, sa voix noie ses pages de ses intonations qui nous font sourire tant elles sont si justes.

-Putain, mais où est ce que tu nous amènes, dans un trou ou quoi?
-Ben non, tu vois bien qu'on monte... C'est tout le contraire d'un trou. Page 408.
Merci à masse critique à Serge Joncour et à son éditeur Flammarion pour ce "Chien-Loup".

https://revue-traversees.com/a-propos/
Analyse de Chien-Loup à l'ombre de Jean Giono
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une maison perchée seule au sommet des collines est l'écrin de ce précieux roman. A un siècle d'intervalle elle abrite les amours, les déchirements et les vies de ceux qui croisent sa route.
Joséphine, veuve de guerre, Wolfgang, dompteur de fauves allemand, retrouvent la beauté au coeur de la guerre.
Lise, actrice à la retraite, et Franck, businessman suractif, s'épanouissent au contact de cette nature sauvage et séductrice.

Prendre le temps de se reconquérir au contact de ce qu'il y a de plus primaire en nous grâce à la bestialité des fauves, à la sauvagerie d'un chien loup.
Roman farouche à l'écriture envoûtante, Serge Joncour nous transporte au plus profond de nous-même.
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Depuis que nous vivons dans ce monde hyper connecté, notre nouveau reflexe d'homme civilisé est de vérifier le nombre de barre de notre portable.
Gare aux zones blanches. Franck est producteur de cinéma, ce qui veut dire être joignable à tout moment. Lise sa femme, ancienne actrice a programmé trois semaines de vacance dans le Lot. C'est beau le Lot, c'est sauvage, quand on veut se ressourcer, se déconnecter il n'y a pas mieux que le Lot.
Cent trois ans plutôt au même endroit dans le village d'Orcières le tocsin n'annonça pas l'entrée en guerre de la France contre l'Allemagne.
Cette première guerre mondiale si meurtrière. La mobilisation des hommes et la réquisition du bétail étaient la conversation du jour à Orcières et bien sur la présence de ce dompteur allemand venu s'installer en haut du village avec ses tigres et lions.
Dans ce nouveau roman de Serge Joncour " Chien- loup" notre écrivain national nous fait voyager dans deux époques, 1914- 2017.
2017 on l'a connait c'est la notre, une société ultra rapide, où la vie communautaire a été remplacé par l'individualisme. le niveau avancé de la technologie n'a pas fait avancé le progrès social ou si peu.
1914 reste un cas particulier dans l'histoire de notre pays. Pendant quatre ans les femmes de France vont remplacer leurs maris, leurs frères, leurs fils partis à la guerre. Elles vont tenir à bout de bras l'économie de notre pays tout en continuant à s'occuper des enfants et des vieillards.
Dans un pays où l'agriculture n'est pas encore mécanisée on peut deviner la difficulté qu'ont eu ces femmes avec l'outillage conçu pour les hommes.
" Chien- loup " est un roman attachant, un roman à messages. D'abord le peu de reconnaissance qu'a eu notre pays envers ces femmes. Quand on pense qu'en 2017 on parle encore des droits des femmes ça me fait sourire.
deuxième message, la technologie numérique nous fragilise un peu plus chaque jour. Une technologie qui ne sert à rien sinon de nous éloigner les uns des autres. Il n'y a qu'à regarder autour de nous, on a tous le portable à la main.
Merci monsieur Joncour pour ce beau roman, merci à babelio et sa masse critique et merci aux éditions Flammarion pour ce beau cadeau.
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Orcières un village du lot, dans le causse vert, c’est ici que débarquent, au printemps 2017, Lise une actrice, fatiguée de tourner, rêvant de renouer avec sa passion première, la peinture, et Franck son mari, intoxiqué par son boulot de producteur. Une maison à l’écart, au sommet d’une colline, la nature, le soleil, sans internet, sans téléphone, ne rien faire d’autre que méditer, marcher, respirer. Trois semaines en étant coupé de tout, Lise sait déjà qu’ici ils y seront heureux ou alors ce sera l’enfer. Et un chien-loup qui les observe, un chien sans collier qui n’appartient à personne.
Juillet 1914, l’Europe est un brasier, les hommes et les femmes goûtent l’instant comme si chaque soir devait être le dernier. À Orcières, personne n’en veut de cette guerre et pourtant le monde va basculer dans la folie, le feu et la peur et surtout le sang. Le tocsin de la mobilisation qui résonne au moment où les hommes lancent les moissons. Au lendemain du départ de leurs maris, les femmes prennent les choses en main.
Wolfgang, un dompteur allemand se réfugie avec son immense chien berger sur ces terres maudites d’anciennes vignes dévastées par le phylloxéra, pour sauver ses huit fauves, lions et tigres de la sauvagerie des hommes. Un déserteur étranger devenu un ennemi. Mais pourquoi se méfier d’un homme qui a choisi de s’éloigner du monde pour s’occuper de ses bêtes, mais à tout malheur il faut un coupable. Ce n’est pas ce que pense Joséphine veuve de guerre à 30 ans et qui est devenue aux yeux de tous une vieille fille et qui ressent au plus profond de son corps l’éveil du désir.
Serge Joncour nous raconte une légende sauf qu’elle est vraie, une histoire qui est toujours là à roder. Le récit va donc alterner entre deux époques, à un siècle de distance. Ce roman est avant tout une atmosphère, le causse et ses collines désertées par les hommes où seuls subsistent les cris des animaux sauvages. La sauvagerie et la cruauté de la guerre, les frayeurs, les peurs irrationnelles, l’angoisse quand on n’a pas de nouvelles du père, du fils ou du mari, les émotions, les désirs, l’amour, l’attente du retour, la violence. Il nous parle aussi du courage des femmes qui pendant la guerre ont accompli toutes les tâches de leurs maris que ce soit sur les terres ou dans les usines. Serge Joncour établit un parallèle habile entre les firmes américaines, géants du web, qui s’attaquent au monde du cinéma, prédateurs qui comme des loups éliminent d’abord les proies les plus faibles.

Des personnages auxquels l’on s’attache véritablement, une plume qui nous immerge à la fois dans les tranchées où les maris, les fils, les pères meurent et dans les campagnes où les femmes se tuent à la tache. Serge Joncour nous emmène dans une histoire où la nature, les animaux et les hommes sont sauvages.




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critiques presse (8)
LeFigaro
12 octobre 2018
Dans son dernier roman, un couple de Parisiens fait l'expérience du dénuement en s'installant dans le Quercy .
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Liberation
01 octobre 2018
Chien-Loup est un éloge de l’espace et de l’accalmie. Au cours de ce roman si charnel, Lise et Franck ne font pas l’amour, et ne se le déclarent pas. Ils n’en ont pas besoin. Ils forment un vrai couple, celui qui signifie une équipe.
Lire la critique sur le site : Liberation
LePoint
18 septembre 2018
Roman classique, qui délaisse les effets de manche au profit d'une intrigue sage mais prenante, Chien-Loup (éditions Flammarion) est une ode à la nature, un croisement entre Jack London, Daniel Defoe et les meilleurs auteurs de l'école de Brive tant méprisés par la critique parisienne mais plébiscités par les lecteurs.
Lire la critique sur le site : LePoint
Lexpress
06 septembre 2018
C'est son 15e livre, et sans doute le plus abouti, le plus ambitieux, le plus emballant. Surtout, avec Chien-Loup, Serge Joncour, 56 ans, porté par un sens aigu de la narration, remporte haut la plume un pari romanesque que peu d'écrivains français relèvent encore.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeSoir
03 septembre 2018
Serge Joncour confronte bêtes et hommes dans un roman au souffle puissant. Captivant !
Lire la critique sur le site : LeSoir
Bibliobs
30 août 2018
Serge Joncour pousse placidement son lecteur vers les abysses dans un récit oscillant entre le traité de philosophie et le film d'horreur, ce qui est une définition possible de l'existence.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaPresse
27 août 2018
Joncour signe un roman captivant, de revisiter l'histoire d'un petit village de France en temps de guerre et, surtout, d'aborder le thème de la violence qui transcende les époques.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Telerama
24 août 2018
A la fois conte et roman contemporain, réflexion sur le progrès et les vieilles légendes, Chien-Loup n’est pas un livre qu’on apprivoise du premier coup d’œil. L’écriture est lyrique, descriptive, et la construction se veut circulaire pour mieux dire que la civilisation est un mot valise, une expression tronquée.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (455) Voir plus Ajouter une citation
Ascension
« Ça dura cinq minutes, cinq minutes d’ascension comme une épreuve, cinq minutes à piloter cette voiture trop large tout en entendant crisser sa carrosserie. »

Barbarie
« Nourrir des fauves convoque la barbarie ».

Cage
« il retrouva Lise en bas, elle était au coeur d’une immense pergola aux barreaux dorés, une haute cage dont la structure partait en arceaux à plus de quatre mètres de haut... » «  Chose étrange, le seul élément de civilisation dans les environs, c’était ça, une cage, une cage de cirque au fond d’une igue aux allures de jungle. »

Déflagration
« Ils se retrouvaient là, tous les deux, infiniment exhaussés, c’était tellement inattendu que Joséphine en éprouva un spasme, une déflagration, elle avait du mal à respirer. »

Électronique
« Les capteurs et le Park Pilot bipaient de toutes parts, l’électronique de veille s’affolait... »

Falaise
« Ce rocher en surplomb, avec sa falaise brutale dressée au-dessus du village, il élevait comme une frontière entre la terre et le ciel. »

Guerre
« les femmes voulaient croire que les choses allaient se tasser, que cette guerre c’était comme un grand feu bientôt à court de combustible, à un moment ou à un autre toute cette haine dressée entre les peuples s’effondrerait sur elle-même. »

« Ce samedi 1er août 1914, les hommes croyaient ne déclarer la guerre qu’aux hommes, pourtant ce n’est pas seulement une marée d’êtres humains qu’on envoya à la mort, mais aussi des millions d’animaux. »


Harmonie
« C’est peut-être le stade ultime de l’harmonie, le seuil de la béatitude entre deux êtres, l’amour devenu à ce point naturel qu’il ne s’énonce même plus. »

Hourvari
« Les anciens eux-mêmes ne déchiffrèrent pas tout de suite ce hourvari, à croire que les bois d’en haut étaient le siège d’un furieux sabbat, une rixe barbare dont tous les acteurs seraient venus vers eux. »

Igue
«  Le dompteur avait aménagé une zone d’agrainage au fond d’une igue planquée au fond des bois ». «  Au travers des feuillages, ils aperçurent les lueurs métalliques des cages, tout au fond. Le soleil tapait pile dans l’axe de l’igue, avec un angle pareil il donnait un éclat inédit au métal. »

Jungle
«  La distribution d’un film, c’est un domaine où la compassion n’a pas sa place, la seule qui vaille, c’est celle de la jungle. »
«  vous attendez pas à voir de la belle pelouse, c’est la jungle là-haut, même quand on fauche, ça repousse tout de suite. »

Kayak
« Par endroits les roues ripaient sur les cailloux et en soulevaient de violentes giclées, à l’intérieur il était secoué en tous sens comme il l’aurait été dans un module spatial traversant l’atmosphère, dans un kayak dévalant des rapides... »

Lot
« Pour venir jusque dans le Lot, ils avaient mis autant de temps que pour aller à New York, ils n’arrêtaient pas de le répéter, comme s’ils avaient fait là un exploit. »

Maison
« Cette maison le plongeait non seulement dans un isolement radical, en haut des collines et loin de tout, mais elle le plaçait aussi en surplomb de sa propre vie. »

Molosse
« il repensa au molosse de cette nuit, ce chien allait-il revenir, s’il n’était pas déjà revenu , et pourquoi les guettait-il hier, de toute évidence c’était bien lui, cette présence en bas dans les bois, ces yeux jaunes qui les observaient pendant qu’ils mangeaient... »



Niche
« Franck s’approcha de la niche pour voir quel colosse s’y cachait, persuadé que le chien de la nuit dernière y serait couché, récupérant de sa virée mouvementée. »

Orcières
« Orcières était loin de tout, au fin fond des collines escarpées du causse et à trente kilomètres de la première gendarmerie. » « Il (Orcières -le-bas) s’agissait plutôt d’un hameau éparpillé, plusieurs fermes se présentaient à eux, chacune distribuée par un chemin, sans jamais de pancarte. »
« dès le départ il avait bien senti que cet endroit avait quelque chose de maléfique, rien que le nom, le mont d’Orcières, ça faisait ferreux, aiguisé, et surtout dès qu’il en parlait ici, ça déclenchait des sous-entendus et des méfiances. »

Producteur
« Le métier de producteur a cela d’épuisant qu’il suppose d’être en permanence au contact de plein d’interlocuteurs, et surtout d’en être le moteur, l’impulsion rassurante. Le producteur c’est le sommet de la pyramide, le maître d’oeuvre qui petit-à petit s’efface au profit des artistes, qui se fait discret et n’apparaît nulle part, sinon en tout petit sur les affiches, avec son nom écrit dans ces génériques que personne ne lit. »

Parisienne
« Lise, avec un enthousiasme absolument pas de circonstance, demanda si elle n’avait pas des œufs par hasard, la paysanne dévisagea cette Parisienne comme on toise l’ennemi, l’air de dire « Mais qui c’est celle- là?».

Quadrille
« l’artiste prit le dessus sur le dompteur, parce que ce quadrille parfaitement synchronisé exécutait une danse fascinante. »

Quercy
« Ici sur le causse du Quercy, c’était le pays du vin. »

Raffut
« En bas du village, on finit même par craindre que ce raffut n’alerte les gendarmes, ou qu’un jour les lions ne s’évadent, qu’ils ne se répandent vers le village et que tout ça se termine mal. »

Sauvage
« Au milieu de ces bois il se sentit participer de l’environnement, faire corps avec la nature sauvage. »
Superstition
« Le vieux Jean était un vrai faiseur de superstitions, il vous mettait des anathèmes en tête pire qu’un colporteur. »

Terrifié
« En cédant à la peur il affolait toute la nature environnante. En revanche dès qu’il s’arrêta, ça se traduisit par un silence bien plus total, il ressortit de la voiture terrifié
par l’impuissance à laquelle ces bois le renvoyaient. »

Ultime
« Ils avaient presque fini l’ultime ascension les amenant sur les hauteurs de l’igue. »
« Liem et Travis le regardèrent, médusés, aussitôt envahis d’une ultime panique. »

Végétarienne # viandards
« Lise qui était farouchement végétarienne n’aurait pas été à l’aise devant cette profusion de charcuterie préparée par des producteurs artisanaux, des jambons divers et variés, des saucissons suspendus et des conserves, des piles de bocaux, des pâtés, des terrines confectionnées à partir de toutes sortes de chairs d’animaux écrasées, cuisinées, compactées... »
«  manger de la viande rend vorace, avide, c’est de cette avidité -là que vient le goût de combattre, de conquérir le monde, de bouffer l’autre. »

Wolfgang
« Ce nom, c’était ce qui terrifiait le plus sur cette fabuleuse affiche, Wolfgang Hollzenmaier, ces grosses lettres d’or en éventail, c’était pire qu’une menace ou une déclaration de guerre, d’autant qu’il était impossible à prononcer ce nom, et quiconque essaierait de le dire prendrait le risque de déclencher l’orage... »

X ==> XIX
« Le mont d’ Orcières avant, c’était des terres à vignes opulents et gaies, mais dévastées par le phylloxéra à la fin du XIXe siècle, elles devinrent des terres brûlées par le sulfure de carbone et l’huile de houille qu’on déversa dessus... »

Yogi
« Franck ferma les yeux. Il touchait un peu à cette béatitude que Lise devait atteindre quand elle s’adonnait à la méditation, assise en position de yogi. »

Zone
« A chaque virage il s’enfonçait un peu plus dans une zone libre, dégagée de toute contrainte, totalement sauvage. »
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D'abord les hommes, puis les brebis, tous ces êtres avalés par la nuit, c'était le signe que le monde les abandonnait. Ces hommes, elles se sentaient non seulement fautives de continuer à vivre sans eux, mais bien plus encore de parfois penser à la chair, de penser à la chair sans vraiment penser à eux. Tout cela c'était la faute au désir qui la nuit leur parcourait le corps, c'était la faute au péché de ressentir l'envie au plus profond de soi, au point de se frotter le ventre contre les draps. Petit à petit, la conviction les gagna qu'elles vivaient dans la faute sans plus le moindre assentiment de dieu. Cette fièvre qui leur cuisait le sang, ce désir qui leur électrisait le corps, c'était autant de poison qui leur captait le bas-ventre. Pourtant toutes ces heures passées au labour, ces étreintes avec l'araire, les seins plaqués sur les mancherons en fer, toute cette énergie les abreuvaient d'une fatigue pareille à l'amour. Chaque soir elle arrêtaient le travail comme si elles ressortaient des bras d'un amant total. Seulement, si ces séances-là compensaient l'étreinte, elles ne comblaient en rien le manque de caresse.
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En fin de compte, de ces loups, on en avait besoin, ne serait-ce que pour entretenir la peur, et ça c'était bien le signe que ça n'en serait jamais fini des loups, et si par chance un jour il n'y avait plus de guerre, en supposant de faire cet énorme effort d'imagination, des loups il en faudrait toujours, quitte à en réinventer ou à les faire revenir, car l'homme porte en lui le besoin de se savoir des ennemis et d'identifier ses peurs, ne serait-ce que pour fédérer les troupes.
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Dès le 4 août, elles assurèrent les récoltes et fauchèrent les blés avant de les battre, après quoi elles rentrèrent la paille, elles se mirent même à tirer l'araire et à labourer à la seule force de leurs bras. Là où avant on attelait trois chevaux ou deux bœufs, elles n'avaient plus qu'un vieux bœuf, une vieille carne qui tirait péniblement la charrue, à tel point qu'elles pesaient de tout leur corps pour que le soc s'enfonce. Puisque les outils étaient conçus pour des hommes, ils étaient toujours trop hauts, trop lourds, dès que le soc butait sur une pierre, les laboureuses se prenaient les mancherons en pleine poitrine, au fil des sillons la terre les frappait comme si elle les rejetait. Certaines, faute de bœuf, tractèrent la charrue elles-mêmes, elles s'y attelaient comme des bêtes de somme et les tiraient. Travailler la terre était cent fois plus dur que du temps des hommes, et pourtant elles moissonnèrent et battirent, elles labourèrent et fanèrent, en plus de ça elles continuaient à nourrir les gosses et à soigner les anciens, chaque femme était une âme en veille dans un monde travaillé par la mort.
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Parvenu au pied de la colline, il se retourna, tout surpris d'avoir marché autant. La maison paraissait loin déjà, bien haute en tout cas. A cette heure -là, le creux du vallon était à l'ombre, ici il faisait presque frais. Face à lui,une autre colline se dressait, couverte de chênes verts et de buis celle-là, une éminence de bois dense et pentue dans laquelle il serait quasiment impossible de s'enfoncer, à moins d'affronter tout un maquis de ronces et d'arbustes, de batailler ferme. De là-haut, Lise embrassait le creux du vallon où trépignait Franck. Le versant devant lui s'élevait en une montée dense et profonde, elle admira cette colline tout aussi pentue mais qui semblait impénétrable à cause de la végétation épaisse, de tous les arbres qui se pressaient dessus. Vue de la fenêtre, cette masse végétale paraissait se lever comme une vague, d'autant que le soleil tapait sur son sommet, la rehaussant davantage... Lise était aux anges, elle avait ce qu'elle voulait, ne voir que des collines et des arbres, une disposition qui faisait de cette maison une île , une île perdue dans un océan vert insondable. Elle se dit que les bêtes devaient grouiller là-dedans, les sangliers et les loups, les renards et les chevreuils,, après tout elle ne savait rien de la faune d'ici, cette idée pourtant la traversa, la soulevant d'un petit frisson.
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