Culture

L’amitié entre hommes et femmes, la nouvelle frontière de la comédie romantique

La comédie romantique a depuis longtemps décrété qu'un homme et une femme ne pouvaient pas être amis. Il est donc temps de balayer cette vision rétrograde et sexiste en remettant cette amitié au centre des films et séries.

Alessandra Mastronardi et Aziz Ansari dans «Master of None».
Alessandra Mastronardi et Aziz Ansari dans «Master of None».

Temps de lecture: 13 minutes

Il y a quelques années, j’assistais à un spectacle de stand-up dans une petite salle parisienne. Vers le milieu du set, le comédien m’interpelle, comme il l’a fait précédemment avec d’autres. Il me demande si Clara, assise à côté de moi, est ma copine. Je lui réponds que c’est une amie. Il rétorque immédiatement: «Mais on sait tous que tu veux te la faire!» Hilarité dans la salle. Évidemment.

Ce n’était pas la première fois que ce genre de situation arrivait. Un après-midi, je me baladais avec cette même Clara qui a voulu s’arrêter dans une boutique pour essayer une robe. Là, à défaut de mots, quand ma discussion avec Clara n’a laissé aucun doute sur le fait que, non, je n’allais pas lui offrir cette robe, j’ai senti dans le regard de la vendeuse comme un sentiment de confusion. Il lui a fallu, je crois, plusieurs minutes pour qu’elle comprenne que je n’étais pas l’amoureux. Comme s’il y avait une anomalie, un truc qui clochait dans la parfaite et très normée organisation des comportements à adopter en société.

La norme voudrait en effet que Clara achète une robe avec son amoureux (qui la lui offrirait) ou avec une amie du même sexe (qui la conseillerait). De même, la norme voudrait que Clara aille au spectacle avec, à défaut de son amoureux, quelqu’un qui la désire et voudrait passer du temps avec elle pour multiplier les opportunités de finir la soirée à deux dans un lit. Comme la norme voudrait que la seule mention d’une amie de sexe féminin à ma famille, d’autres ami(e)s ou des collègues signifie mon attraction sexuelle. Vous les connaissez sûrement, ces clins d’oeil ou ces «et alors?» –vous en avez été soit l’instigateur, soit la victime.

La comédie romantique, en parfait miroir de nos désirs et fantasmes amoureux, ne nous a d’ailleurs jamais incités à nous poser plus de questions sur le sujet. Les archétypes ont été posés d’emblée. Quand un homme et une femme se rencontrent, l’issue du baiser sous la pluie est inévitable. Après tout, n’est-ce pas la seule façon de sauvegarder l’espèce? L’amitié y est donc réservée aux membres du même sexe. Le principe est tellement bien ancré que des acteurs et actrices ont construit des carrières entières sur ce fameux rôle du «meilleur pote de comédie romantique», comme Justin Bartha (Benjamin Gates, Playboy à saisir) et surtout Judy Greer (Un mariage trop parfait, Elizabethtown, 27 robes).

«Entre homme et femme, il ne peut y avoir d’amitié car le sexe fait toujours barrage»

Difficile en effet de trouver une comédie romantique dans laquelle l’homme ou la femme est ami avec une personne du sexe opposé. En fait, quand c’est le cas, l’un des deux est soit le parangon d’une homosexualité assez bien revendiquée pour éviter tout ambiguïté, comme dans Le Mariage de mon meilleur ami ou Will & Grace, soit un amoureux transi comme dans Rendez-vous avec une star ou Pretty in Pink. Car comme le disait Billy Crystal dans Quand Harry rencontre Sally:

«Entre homme et femme, il ne peut y avoir d’amitié car le sexe fait toujours barrage. Un homme ne peut pas être ami avec une femme attirante: il a toujours une envie folle de se la faire. Une fois que le sexe a pointé le bout de son nez, plus la peine de penser à l’amitié. CQFD.»

Pourtant, cette amitié entre Harry et Sally, Nora Ephron nous laisse bien y croire un instant. Pendant une heure et dix minutes exactement (soit un peu plus de dix ans en durée réelle), Harry et Sally partagent leur point de vue sur l’orgasme dans un diner, regardent Casablanca au lit en se parlant au téléphone, discutent de fantasmes sexuels en se baladant dans Central Park et font du karaoké dans un magasin d’électronique, le tout sans sexe et sous-entendus.

Mais il suffit d’un coeur brisé à Sally pour coucher avec Harry et d’un réveillon du Nouvel An, quelques semaines plus tard, pour qu’Harry finisse par dire plein de choses très romantiques à Sally, le reste appartenant à l’histoire: «On a été amis pendant longtemps. Et on a arrêté de l’être. Et on est tombés amoureux. Trois mois plus tard, on s’est mariés. Il n’a fallu que trois mois. Douze ans et trois mois», lâchaient-ils en conclusion. Bref, le cliché du conte de fées servi depuis des siècles à la sauce du New York des années 1980, celui qui apprend aux jeunes filles et jeunes garçons que l’amour finit toujours par trouver son chemin, peu importe les difficultés, peu importe le temps qui passe. Celui qui apprend que l’amitié n’est qu’une passade, un moyen de passer le temps, une étape en attendant ce que l’on tend à considérer comme mieux (voire plus l’important): l’amour. Toujours l’amour.

Y compris dans une série intitulée Friends, le sexe, le couple et le romantisme ne sont jamais loin. Il ne faut ainsi pas très longtemps pour que la salive se mette à circuler à l’intérieur du cercle d’amis, des emblématiques Monica et Chandler et Ross et Rachel à Ross et Phoebe, qui ont aussi eu leur court moment, tout comme Rachel et Joey et Monica et Joey. On apprenait même récemment que Matt LeBlanc (Joey) et Lisa Kudrow (Phoebe) auraient souhaité que leurs personnages, qui ont largement échangé la leur au cours des saisons, soient également plus que des amis:

«Alors que la fin de la série approchait, nous avons émis l'idée de faire de Joey et Phoebe des “sex friends”, autrement dit des amis qui auraient eu occasionnellement une relation sexuelle durant toutes ces années. On aurait alors retourné des scènes de sexe dans les décors clefs du show en clôturant le tout par la sortie du placard à balais des deux amants secrets, mais les producteurs ont dit non», racontaient-ils ainsi au magazine People.

Les amateurs de séries connaissent bien la technique. Depuis les années 1990, le trope narratif du will they won’t they a remplacé l’éternel love at first sight. La tension sexuelle entre deux amis qui vont (ou pas) finir par se rendre compte qu’ils sont amoureux a inondé le cinéma et la télé, de The Big Bang Theory aux Experts en passant par le beaucoup plus inattendu Game of Thrones. J.K. Rowling admettait même par exemple que, dans Harry Potter, elle avait inventé une relation amoureuse entre Hermione et Ron «pour des raisons qui n'ont pas grand chose à voir avec la littérature et davantage avec ma volonté de m'en tenir à la trame initiale telle que je l'avais imaginée dès le début.» Parce que l’amour fait frissonner le coeur des adolescents, parce que l’amour, l’amour, l’amour...

Dans Master of None, l'amitié homme-femme n'existe pas

Soyons clair, j’ai trop écrit sur ce sujet, ses chansons, ses films ou ses rituels, dans les colonnes de Slate pour tout d’un coup renier ce grand mystère de la vie qui m’a poussé à faire des choses dont je ne me serais jamais cru capable. Mais ces mêmes choses m’ont appris qu’il n’y avait rien de plus précieux que l’amitié, en particulier quand elle est entre un garçon et une fille. C’est pourquoi j’ai un peu mal pris la dernière saison de la pourtant très estimée Master of None.

La série de Aziz Ansari et Alan Yang s’est toujours montrée très progressiste sur beaucoup de sujets, du couple mixte au traitement des minorités par Hollywood en passant par le féminisme. C’est une de ses nombreuses qualités: aborder des sujets de société parfois complexes de façon subtile, intelligente et pleine de tendresse. Et à ce titre, l’épisode huit de la deuxième saison a été particulièrement remarqué. Il raconte la longue amitié entre Dev, le petit indien joué par Ansari, et Denise, la petite afro-américaine, à travers vingt ans de repas de Thanksgiving durant lesquelles Denise va affirmer son homosexualité auprès de sa famille.

Un épisode si brillant que le contraste allait être saisissant avec les deux épisodes suivants qui explorent, eux, plus en profondeur la relation qui unit Dev à Francesca, la très belle et sexy amie italienne qui lui rend visite régulièrement à New York depuis son long séjour à Modène. Dès le premier épisode de la saison, on nous présentait Dev et Francesca comme des amis proches, complices et dans une relation parfaitement sans ambiguïté. Mais au bout de quelques épisodes, Dev, qui vit de plus en plus mal son célibat, croit soudain voir chez Francesca une sorte d’âme soeur. Soudain, la très intime relation amicale qu’il avait avec la belle jeune femme ne lui suffit plus. Désormais, il la désire.

Il ne fait alors aucun doute qu’il ne s’intéresse plus à l’amitié qu’il avait avec Francesca: dans une conversation, il dit que «si je me déclare et que ça ne se passe pas bien, le fantasme est terminé», ce à quoi son ami Arnold lui répond que «de toute façon, elle repart en Italie et que ce n’est donc pas important». Une réponse qui trouve un écho très favorable chez Dev. Pour le trentenaire, il n’y a donc plus qu’une seule chose qui compte: le sexe. Peu importe les discussions, les débats, les balades dans le parc et tout ce qui faisait la magie de son amitié sans sous-entendus avec Francesca. Dev, en oubliant que Francesca est heureuse en couple depuis de nombreuses années avec le même homme et qu’ils étaient amis malgré les milliers de kilomètres qui les séparaient, devient une parfaite illustration de la théorie de Harry dans Quand Harry rencontre Sally: «un homme ne peut pas être ami avec une femme attirante: il a toujours une envie folle de se la faire». Emphase sur le «attirante».

On pourra alors argumenter que Dev n’est qu’un personnage et qu’on peut tout lui faire faire et dire. C’est vrai. Mais en choisissant de faire douter Francesca sur ses sentiments, en choisissant de terminer la saison sur un plan de quelques secondes de Dev et Francesca au lit et surtout en enchaînant un épisode sur la belle et longue amitié de Dev avec une lesbienne et un autre sur celle impossible de Dev avec une belle et sexy hétérosexuelle, ce n’est pas le personnage qui parle mais le scénariste et le metteur en scène. Et eux, comme toute la comédie romantique, enfoncent un clou bien rouillé et nous disent une chose assez claire: la friendzone, c’est nul.

La friendzone, une vision profondément archaïque et misogyne

Un message loin du progressisme affiché de la série. Car la friendzone, aussi populaire soit le terme, a, depuis longtemps, perdu le sens mignon (quoique très douloureux) d’un amour non-réciproque. Par la force d’hommes qui l’ont associé à la castration, à l’asexualité et à l’humiliation du refus, il est devenu un terme sexiste entendant prouver l’incompatibilité amicale entre hommes et femmes. «Si on suit la logique de la friendzone, telle qu’admise par la plupart des mèmes, des forums sur le sujet et même des hommes, les femmes ne représentent qu’une masse indifférenciée qui adopte le même comportement dans une diversité de situations amoureuses. Sauf qu’en réalité, une femme –comme un homme– décide seule de son présent et futur amoureux ou sexuel», écrivaient Emeline Ametis et Camille Malnory sur Slate en septembre 2016. Bref, comme le disait un tweet récemment devenu viral, «vous n’êtes jamais coincé dans la friendzone si vous trouvez important d’avoir des femmes comme amies».

L’idée de séparer les hommes et les femmes comme deux opposés qui ne s’attirent que pour le sexe (et éventuellement l’amour, ou l’inverse) est une vision profondément archaïque et misogyne, illustrée par l’actuel vice-président américain, le très fondamentaliste Mike Pence, qui déclarait en 2002 ne jamais dîner seul avec une femme autre que son épouse. Peut-on vraiment se vanter de vivre dans une société moderne, ouverte et progressiste quand on considère incompatibles un homme et une femme en dehors d’un lien érotique?

Car l’amitié a toujours été, explicitement ou non, inclue dans les luttes féministes. Dans la première vague, «la Nouvelle Femme», qui émerge dans la littérature de la fin du XIXe siècle, ne conçoit ainsi sa relation avec les hommes qu’avec de la camaraderie, de la liberté de choix, de l’égalité et du respect mutuel. Quand le droit de vote des femmes est vu comme un futur politique, l’amitié entre hommes et femmes est vue comme un futur personnel –même si elle est alors largement indissociable du couple. Et c’est avec la seconde vague féministe, dans les années 1960, que la théorie est réellement suivie dans les actes. En revendiquant une égalité des opportunités dans toutes les sphères de la société (école, travail, famille…), la lutte féministe a créé les conditions d'un renforcement des liens purement amicaux entre hommes et femmes, ceux qui me permettent d’aller au spectacle, au restaurant ou faire du shopping avec Clara.

Mettre l'amitié au cœur de la narration

Alors, je me disais que, peut-être, la comédie romantique, comme on la connaît depuis quatre-vingt dix ans, avait fait son temps. A l’heure où, tous les ans depuis cinq ans, la presse se demande si «la comédie romantique est morte», je me disais qu’il était peut-être temps de disrupter le genre et mettre l’amitié au coeur d’une narration dont elle a toujours été exclue: et si l’amitié était en fait la plus grande des romances?

C’est le sujet d’une histoire que racontait récemment le romancier Victor Lodato dans la section Modern Love du New York Times. Il y écrit à propos de sa rencontre avec Austin, celle qui allait devenir sa meilleure amie:

«Dès le début, il y avait quelque chose dans notre interaction qui m’a rappelé les amitiés d’enfance, dans lesquelles aucune question n’était hors limite. Sur la religion par exemple, elle disait être athée tandis que j’admettais être hanté par les fantômes d’une éducation catholique. [...] Puis, un soir, nous attendions dans une voiture le temps que notre restaurant thaï préféré ouvre et elle me dit: “Je n’ai jamais connu ça avec les hommes dans ma vie. Nous nous aimions mais nous n’avions pas ça.” Elle pleurait, quelque chose qu’elle faisait rarement. J’ai pris sa main et lui ai dit qu’elle avait ça avec moi. Tout sauf le sexe. Cette nuit-là, j’ai eu une révélation bizarre: certaines des plus grandes romances de ma vie ont été des amitiés. Et ces amitiés ont été, de nombreuses façons, plus mystérieuses que l’amour érotique: plus subtiles, moins égoïstes, plus en harmonie avec la tendresse. [...] Je réalisais alors que ce que nous avions était une histoire d’amour.»

Cette histoire, qui ne comprend aucun baiser sous la pluie, aucune partie de jambes en l’air, ne me semble pas moins émouvante qu’une histoire pleine de saccharine de Nicholas Sparks. Au contraire. On retrouve le même genre de dynamique dans This is not a love story (titre VF qui trahit l’intention du plus cynique Me and Earl and the Dying Girl), l’adaptation de l’excellent roman Journal d’un loser de Jesse Andrews, dans lequel il n’est jamais question de sexe et de romance entre Greg, l’adolescent cynique et mal dans sa peau, et Rachel, sa voisin atteinte d’un cancer.

«Si c’était une touchante histoire romantique, ce serait probablement le moment où un nouveau sentiment me submergerait et où nos yeux se rencontreraient et où soudainement nous nous embrasserions furieusement avec la chaleur d’un millier de soleils. [...] Si c’était une touchante histoire romantique, nous tomberions amoureux et elle me dirait toutes ces belles choses pleines de sagesse qui ne peuvent être apprises qu’au crépuscule de la vie ou ce genre de trucs. Et ensuite elle mourrait dans mes bras. Mais encore une fois, ce n’était pas ce qui s’est passé. [...] Ce n’est pas une touchante histoire d’amour. Mais nous sommes quand même devenus amis», raconte Greg, lui aussi fatigué de voir des histoires d’amour superficielles avec des gens malades quand il suffit finalement d’une belle amitié sincère.

Cette comédie romantique «de l’amitié» pourrait même être beaucoup plus drôle: la nature très intime des discussions et des activités entre amis est une porte ouverte à des scènes d’une grande drôlerie. Imaginons par exemple que Rupert Everett ne soit pas gay dans Le Mariage de mon meilleur ami: serait-il moins drôle pour autant? Quant à Harry et Sally, ils ne sont jamais aussi drôles, émouvants et tendres que lorsqu’ils sont amis. Et la réalisation qu’ils auraient été mieux ensemble juste en étant amis était, selon moi, une fin tout aussi satisfaisante que la fin actuelle –changée, au dernier moment, par un Rob Reiner en pleine béatitude amoureuse.

Se confronter à des points de vue différents

En fait, il suffit tout simplement de regarder cette deuxième saison de Master of None. Les scènes les plus drôles et tendres de la série sont celles où Dev et Francesca se chambrent et discutent à bâton rompus.

Car elle existe, cette amitié. De façon très concrète dans la vie de millions de gens –malgré les humoristes en manque de vannes subtiles, les trolls masculinistes et, plus généralement, tous ces gens qui ne peuvent envisager autrement les puissants liens qui peuvent unir un homme et une femme (voir un homme et un homme ou une femme et une femme) que comme un lien de séduction érotique.

Un des hommes les plus provocants du XXe siècle en est l’exemple parfait. Howard Stern, le célèbre animateur radio connu et reconnu pour ses incroyables interviews (régulièrement à la limite de la décence), n’a en effet jamais caché sa très intime amitié pour sa collègue Robin Quivers, rencontrée à Washington en 1981. Quand elle a dû quitter l’émission, en 2013, pour traiter un cancer, Stern en a offert une bouleversante démonstration, affirmant même qu’il arrêterait tout si son amie venait à mourir.

«Faire une émission sans Robin est comme me couper mon bras gauche. Ou mon bras droit. Ou peut-être les deux. Elle est ma colonne vertébrale, vous comprenez. Quand je perdais courage, Robin l’a toujours eu à ma place. Elle est toujours la plus courageuse. Toujours la plus courageuse avec moi. Je peux lui parler et je peux toujours compter sur elle», disait-il à l’antenne.

Moi, je suis ami avec des filles depuis le collège –même si, à cette époque, je dois bien l’avouer, je me mélangeais régulièrement les pinceaux dans mes sentiments. Et je ne pense à aucune grande étape de ma vie sans penser à l’une d’elle. Tous mes choix, toutes mes grandes décisions sont, à un moment ou à un autre, liés à une amie qui m’a permis de me dépasser, de me remettre en question. Être ami avec un membre du sexe opposé, c’est être obligé de se confronter à des points de vue différents, de développer une empathie pour des sujets, des idées, des personnes qui nous auraient échappés sans ces discussions personnelles et intimes difficiles à retrouver dans les rapports d’amitié viriles. C’est sortir d’une vision binaire et rétrograde consistant à croire que les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus.

Lloyd Dobler aurait-il été le même s’il n’avait pas eu à ses côtés sa meilleure amie, l’inimitable Corey Flood, néo-féministe proto-grunge très hétérosexuelle qui le secoue un grand coup avec cette réplique mythique, «le monde est plein de types, sois un homme»? Ce n'est pas un hasard si le personnage incarné par John Cusack en 1989 dans le teen-movie Say Anything a survécu si longtemps dans l’inconscient collectif (en particulier féminin): avec son amie Corey, interprétée par Lili Taylor, ils sont le (quasi?) unique exemple d’une amitié entre un garçon et une fille hétérosexuels dans une comédie romantique.

Nous avons besoin de plus de Lloyd et de Corey.

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