Près de Notre-Dame-des-Landes, un village expérimente l’architecture participative
A une dizaine de kilomètres de Notre-Dame-des-Landes, village devenu le symbole du blocage de la société française, le bourg de Bouvron a expérimenté avec succès une autre façon de construire un projet. Cette démarche originale a été présentée à la Biennale internationale d’architecture de Venise.
Jean-Philippe Defawe (Bureau de Nantes du Moniteur)
\ 16h29
Jean-Philippe Defawe (Bureau de Nantes du Moniteur)
«Je suis pour une gouvernance transversale et non plus une gouvernance verticale» déclare Marcel Verger, le maire de Bouvron pour expliquer la genèse du projet de transformation d’une école en un groupe scolaire de 14 classes avec la création d’une centralité pour les services à l’enfance (du public, mais aussi d’un établissement privé).
Pour cela, les élus se sont appuyés sur le «processus de conception intégré (PCI), une méthode canadienne importée par le cabinet Wigwam, qui place les usagers au cœur de la conception et met tous les acteurs du projet autour de la table. Cette première en France pour un bâtiment public a séduit Frédéric Bonnet (agence Obras) et Lucie Niney (collectif Ajap 2014), les commissaires de l’exposition française à la Biennale internationale d’architecture de Venise. «Dans le contexte réglementaire actuel, cette expérience est un miracle salutaire et l’on pressent le courage qu’il fallut mobiliser -architectes, mais aussi citoyens, élus et entreprises- pour résister à l’habitude» écrivent-ils dans leur manifeste «Nouvelles richesses».
De manifeste, ce projet en est un. Pour regrouper un maximum de surfaces neuves afin d’optimiser les coûts (1070 euros HT/m2 Shon) et les performances thermiques (Bbio de 50), les architectes ont conçu un hangar métallique compact qui dissimule un «ventre» aux parois en terre crue récupérée du chantier (70 m3). La légèreté de la structure métallique a permis de limiter les terrassements. Cette enveloppe de 64 x 30 m et de 4 m de haut abrite une structure en ossature bois (Douglas) non porteuse, dont les plafonds ont été suspendus (avant la mise en place des cloisons) sur la structure métallique pour réduire les coûts et rendre le bâtiment modulable. «Nous n’avions pas d’idées préconçues, assure l’architecte Loïc Daubas (Atelier Belenfant et Daubas). Un des apports du PCI a été d’accumuler des connaissances nouvelles, notamment grâce au travail d’une psychosociologue». Et c’est ainsi qu’est née l’idée de construire, avec les enfants, des igloos en terre dans trois classes pour les «temps calmes».
Pendant près d’un an, enfants, parents d’élèves, enseignants mais aussi chauffeur de car, aide maternelle, cuisiniers ont donc travaillé avec les architectes, paysagistes, thermiciens et élus de la commune. «Tous ont manifesté leur intérêt et leurs expériences afin de mettre en maille ce tricot indémaillable quant aux origines du motif, tant il a émergé d’une pensée croisée. Cette émulation est le fruit d’une pratique dynamique de la démocratie participative» expliquent Loïc Daubas et Bruno Belenfant pour qui «l’essence même du projet tient au partage de valeurs communes que nous avons recueillies et concrétisées».
Après une année scolaire, de l’avis général, la nouvelle école est une pleine réussite.
Au vu d’une architecture aussi radicale, sans le PCI, la proposition des architectes aurait eu toutes les chances de se heurter à l’opposition des parents d’élèves. «Nous ne sommes pas à la recherche d’une architecture de revue qui parle d’elle-même» reconnaît Loïc Daubas. Pour l’architecte, l’important est «la synergie citoyenne qui s’est créée autour de l’architecture». «Nous ne sommes qu’un maillon agissant et interagissant avec un territoire en participant à la recréation d’un véritable écosystème. C’est peut-être ça l’architecture du XXIe siècle» interroge-t-il.
Voir aussi la présentation complète de la démarche par le réseau Bruded.
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