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Vie de bureau

Poubelles : comment le tri des déchets va s'imposer au bureau

Chacun des 13 millions de Français qui travaillent dans un bureau produit 130 kilos de déchets par an, dont entre 70 et 85 kg sont du papier. Mais une nouvelle loi entrée en vigueur en janvier pourrait bien changer la donne.

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Le livre "Comment triompher au bureau' de Benjamin Fabre propose de vous apprendre à "savoir esquiver les réunions inutiles, briller quand on n'a rien compris ou dire aux recruteurs ce qu'ils veulent entendre".

Le tri des déchets est devenu obligatoire pour toutes les entreprises.

AFP

Personne ne le sait ou presque mais depuis le 1er janvier, toutes les entreprises, même les plus petites, doivent trier leurs papiers : c’est écrit noir sur blanc dans les articles D543-285 à D543-287 du code de l’environnement ! Et pourtant, aucune trace dans les couloirs de vos bureaux des nouvelles poubelles (obligatoires) de recyclage, non ?

Il faut l’avouer : on part de toute façon de loin ! Certes, partout dans le monde, l’usage du papier recule : même le vénérable Journal officiel n’est plus édité en version papier. Le grand public commence à s'y mettre : deux tiers des contribuables français font leur déclaration de revenus en ligne, les billets de train, d’avion et même de théâtre passent de plus en plus par les smartphones. Quant aux lettres et autres imprimés, ils ont été en grande partie remplacés par les emails, au rythme de 2 milliards par heure dans le monde ! Même les banquiers et les assureurs, ultimes partisans du tout–papier, s’y sont mis. Il faut toujours éditer 60 pages de contrats pour valider un prêt immobilier dans 80% des banques, mais certaines, comme Arkea (ex-Crédit Mutuel de Bretagne), propose des contrats "tout numérique" depuis déjà deux ans. Quant aux notaires, ils ont déjà enregistrés plus de 350.000 actes électroniques. Même nous, les journaux, et Challenges comme les autres, devons maîtriser le délicat passage de nos lecteurs du papier aux écrans. Bref, tout le monde s’y met. Et cela finit par se voir : la production de pâte à papier est passée en France sous le seuil des 2 millions de tonnes il y a plus d’un an. Une première…

Et les fonctionnaires ? Jusqu’à récemment, ils échappaient à toute contrainte. Mais depuis l’an dernier, l’Etat et les collectivités ter­ritoriales sont entrés dans une course pour consommer moins. Et ils se sont engagés à réduire de 30 % leur consommation de papier d’ici 2020. Pour cela, ils seront aidés par la nouvelle norme Afnor, en application depuis quelques mois : la norme NF Z42-026 permet d'archiver des «copies conformes» et reconnues comme fidèles à leurs originaux papiers qui, du coup, peuvent être jetés... à la poubelle. Un autre dispositif permet la numérisation des factures papiers des entreprises destinées à l'administration fiscale, et leur conservation numérique durant six ans.

La feuille A4 fait de la résistance

On pourrait se dire : ça y est, les fabricants de pâte à papier et les marchands d’imprimantes sont au bout du rouleau, vive le zéro papier ! Grossière erreur, la feuille A4 fait de la résistance. Car elle peut compter sur la bonne vieille paperasserie des entreprises, qui continue de prospérer, contre vents et marées… Eh oui ! L’écologie ne passe pas par l'entreprise… si on ne l’y oblige pas un peu. Vous avez besoin de crayons ou d’agrafeuses ? Remplissez d’abord l’imprimé L-336. Vous décrochez un contrat avantageux avec un fournisseur ? Il sera édité en trois exemplaires et remisé aussitôt dans l’armoire grise du bureau B12. Quant à Nicole, du cinquième, elle préfère imprimer tous ses mails pour mieux les lire… Bien sur, elle a bien vu, en bas du mail qu'elle imprime, la fameuse mention «Avant d'imprimer ce courriel, réfléchissez à l'impact sur l'environnement». Cela ne l'empêche pas de presser les touches «CTRL + P» de son clavier…

Selon l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), chacun des 13 millions de Français qui travaillent dans un bureau produit 130 kilos de déchets par an, dont entre 70 et 85 kg sont du papier. L’équivalent (pour vous donner une idée de la chose) de trois ramettes par mois et par personne ! Soit, pour les 13 millions d’employés que nous sommes, un total de 900.000 tonnes chaque année. Autrement dit, nous mettons à la poubelle dans nos bureaux l’équivalent du poids d'une centaine de tours Eiffel chaque année! C’est d’autant plus inquiétant qu’une feuille sur quatre est jetée seulement… 5 minutes après son impression. Pire : une feuille sur six n’est même jamais lue ! «Les impressions oubliées sur l'imprimante ou jetées sans être lues coûtent 400 millions d'euros chaque année», explique l’Ademe. Riposte verte, une organisation qui milite pour l'environnement a interrogé plus de 1.000 entreprises sur leur politique de déchets. A la question «Sur votre lieu de travail, le tri des déchets est-il mis en place ?» : 53 % ont répondu «Oui». Mais 34 % ont répondu «En partie» et 13 % ont répondu «Non»...

Encore peu de tri au bureau

Mais la nouvelle loi change tout… Et comme les nouvelles poubelles de recyclage ne suffiront plus, les gros consommateurs de papier seront mis à contribution et touchés au portefeuille. Désormais, les imprimés papier relevant du service public et de la presse sont assujettis à une taxe sur le recyclage payable à l'éco-organisme Ecofolio (agréé par l'Etat). Cette éco-contribution annuelle était de 54 euros par tonne. Les enjeux ne sont pas négligeable, le recyclage permet d’éviter en France près de 2 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de la pollution annuelle générée par 800.000 voitures ! Encore faut-il bien le faire : 87% des Français disent recycler, alors qu'en réalité seuls 44% le font régulièrement. Et la proportion s'écroule littéralement au bureau.

Comment réagir? Tout simplement en reprenant en main son environnement de bureau et en passant en revue ses méthodes de travail et ses gestes au quotidien. D'abord, bien sûr, en installant les poubelles de recyclage (désormais obligatoires pour les entreprises de plus de 20 personnes), mais surtout en économisant le papier. Certaines entreprises organisent par exemple des "challenges papier", en collectant pendant un mois les déchets produits et en les pesant, afin d'estimer la consommation. Puis en s'engageant à réduire de 15 à 20% la production, par exemple en fixant des objectifs d’impression à ne pas dépasser, ou en utilisant comme brouillon les feuilles imprimées et inutilisées. Sur son site de Loos (Nord), Bayer, a choisi de mettre en place, avec le groupe Elise, spécialisé dans le recyclage, des îlots centraux qui permettent de trier tous les types de déchets (piles, cartons, papiers, plastiques, cartouches d’encre…). «Nous en avons à tous les étages, détaille Philippe Baeyaert, responsable de maintenance à Bayer Loos. Ils sont tous situés de manière stratégique, à moins de 30 m de chacun de nos travailleurs. Et je peux vous dire que ça marche très bien et que tout le monde joue le jeu à fond». Il existe sans doute d'autres pistes. L'imagination, sur ce point, est au pouvoir!

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