Tribune. La répression contre les « gilets jaunes » a été massive. Les chiffres en donnent toute l’étendue : plus de 5 600 interpellations et gardes à vue, plus de 1 000 condamnations. Le bilan officiel, fin 2018, recensait environ 3 000 blessés et mutilés. Des femmes et des hommes dont la vie aura été brisée.
« La matraque est désormais la seule réponse politique du gouvernement ! »
Le gouvernement a fait le choix d’un maintien de l’ordre brutal et disproportionné face au mouvement : dispositifs policiers démesurés, journalistes bousculés et empêchés de travailler, gardes à vue et arrestations préventives, gazages et matraquages systématiques, évacuations violentes, tirs de Flash-Ball et de grenades de désencerclement, drones et hélicoptères, déploiement de blindés… En annonçant le retour de la loi « anticasseurs », invention de la droite après Mai 68, le premier ministre affiche la couleur. La désescalade n’est pas l’option du gouvernement. La matraque est désormais sa seule réponse politique !
Le choix de la force et de l’affrontement est toujours la tentation d’un pouvoir affaibli, ébranlé par une exigence démocratique et sociale qui vient des profondeurs du pays et qui le conteste. L’escalade répressive et l’utilisation intensive des moyens de police finissent d’ailleurs par mettre en danger les gendarmes et les policiers eux-mêmes.
Le président, le gouvernement, la majorité parlementaire et leurs relais médiatiques en appellent aujourd’hui à la défense des institutions et de la République pour mieux se protéger et justifier la criminalisation d’un mouvement qui ne saurait se résumer aux violences que nous condamnons. Ce faisant, ils nourrissent la logique infernale de la « provocation-répression » et minent en fait encore un peu plus les bases de notre pacte républicain.
Incompréhension de classe
Nous sommes bien en face d’une incompréhension de classe, doublée d’une tentative désespérée de mettre à l’abri une oligarchie qui a permis à Emmanuel Macron d’accéder au pouvoir. Ce choix de la répression et de la violence policière est à l’œuvre depuis longtemps dans les quartiers populaires et touche particulièrement les pauvres, les précaires, les jeunes, les migrants. Il est également à l’œuvre contre les ZAD et les mouvements d’écologie radicale. Les victimes de ces politiques avaient une vie, des familles, des rêves. Elles ont aussi des noms : Rémi Fraisse à Sivens (Tarn), Adama Traoré à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise).
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