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Crash d'un Boeing ukrainien à Téhéran : une bavure iranienne ?

Plusieurs médias américains affirment que l'avion a été abattu par un missile iranien tiré par erreur. Même topo du côté du Premier ministre canadien Justin Trudeau. L'Iran nie catégoriquement.
par LIBERATION
publié le 9 janvier 2020 à 19h52
(mis à jour le 10 janvier 2020 à 12h13)

Le Boeing 737 de la compagnie Ukraine International Airlines avait décollé de ­l'aéroport Imam Khomeiny de Téhéran à 6 h 10, mercredi, en direction de Kiev. Après deux minutes de vol, il disparaît des radars. L'avion s'est écrasé, tuant les 176 pas­sagers iraniens, canadiens, suédois, afghans et bri­tanniques, ainsi que les neuf membres d'équipage ukrainiens. L'appareil était récent et ­venait de passer un contrôle technique. Les autorités ­iraniennes ont rapidement parlé d'un incident technique. Mais, dès le départ, Kiev n'excluait aucune hypothèse, y compris celle de l'acte terroriste et du tir de missile. Jeudi en fin d'après-midi, plusieurs médias américains ont révélé, sur la foi de sources anonymes, que les services de renseignement des Etats-Unis étaient convaincus que l'avion avait été abattu par un tir de missile iranien accidentel. Un satellite a détecté le lancement de deux missiles juste après le décollage de l'avion, a raconté un responsable à l'agence Reuters. Le chef de l'aviation civile iranienne a balayé ces accusations peu après leur publication, les qualifiant de «rumeurs illogiques». «Une chose est sûre, cet avion n'a pas été touché par un missile», a ainsi ajouté vendredi Ali Abedzadeh lors d'une conférence de presse à Téhéran.

Selon Newsweek, il s'agirait d'un missile sol-air Tor-M1 de fabrication russe. Le système de défense antiaérien iranien était probablement toujours en alerte quelques heures après que la République islamique avait lancé des frappes ­contre des bases aériennes irakiennes abritant des militaires américains, en riposte à l'assassinat, quelques jours plus tôt, du plus puissant général des Gardiens de la révolution par Washington.

«Mauvais pressentiment»

Jeudi, Donald Trump a confié à des journalistes qu'il avait «un mauvais pressentiment» à propos du crash. «Il se pourrait que quelqu'un ait fait une erreur», a-t-il lâché, sans expliciter. Puis, le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'est lui montré expilicite lors d'une conférence de presse quelques heures plus tard. «Nous avons des informations de sources multiples, notamment de nos alliés et de nos propres services» qui indiquent que l'avion a été abattu «par un missile sol-air iranien», a-t-il affirmé. Avant d'ajouter : «Ce n'était peut-être pas intentionnel.» Depuis le ­début, l'incident paraît louche. Mercredi, les Iraniens avaient refusé de transmettre à l'Ukraine les boîtes noires de l'appareil, sans préciser à quel Etat ­elles seraient finalement remises.

Les autorités ukrainiennes ont affecté 45 experts à l'enquête mais les équipes dépêchées sur place n'ont pas pu accéder au site du crash jeudi soir, selon les médias ukrainiens. Le président ­Volodymyr Zelensky a réuni un conseil opérationnel jeudi, tout en s'entretenant par ­téléphone avec les premiers ministres du Royaume-Uni et de Suède et les présidents d'Iran et d'Afghanistan. ­L'affaire est jugée suffisamment sérieuse au Canada pour que le ministre des ­Affaires étrangères ­appelle directement son ­homologue iranien jeudi, alors qu'Ottawa a rompu ses relations avec l'Iran en 2012 pour protester contre le soutien de Téhéran au régime de Bachar al-Assad. Jeudi soir, le New York Times a lui dévoilé une vidéo, dite «vérifiée», du crash. On y voit un missile percuter un objet dans le ciel de Téhéran. L'avion aurait ensuite fait demi-tour vers l'aéroport avant d'exploser et de sécraser au sol dans la foulée.

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