Cover Oh Yasunari !

Oh Yasunari !

Le Panthéon c'est par là = https://frama.link/OHJ

Et l'antichambre c'est ici !

Yasunari Kawabata

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Eduard ...

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16 livres

créee il y a environ 7 ans · modifiée il y a plus de 3 ans

Le Grondement de la montagne
7.9
1.

Le Grondement de la montagne (1954)

山の音 (Yama no Oto)

Sortie : 1969 (France). Roman

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 9/10.

Annotation :

Kawabata est un écrivain connu et confirmé lorsqu’il se lance dans l’écriture de cette chronique familiale, qu’il va publier en petits chapitres distincts dans différentes revues sur cinq ans, avant de les réunir en volume en 1954. Il y poursuit ses recherches formelles en reprenant à la fois une structure fortement inspirée des films shomingeki (les tragi-comédies familiales chères notamment à Ozu et Naruse, qui en tirera un film avant même la sortie du roman) et les thèmes centraux de l’esthétique de l’Ukiyo (réflexions aux accents bouddhistes autour de la notion de « monde flottant » qui s’attachent à l’impermanence et à la fugacité de l’existence humaine). Il en résulte donc un livre comportant beaucoup de dialogues, et pourtant éminemment contemplatif, un récit sur les frontières troubles entre rêve et réalité qui s’attache aux perceptions visuelles, auditives, tactiles de son personnage principal, Shingo - sorte de double anticipé de l’auteur - un chef de famille sentant approcher à grands pas la vieillesse et la mort. Une merveilleuse leçon en forme de tâtonnement qui pousse dans ses ultimes retranchements une des formes les plus compliquées à obtenir en littérature : l’écriture floue.

Kyoto
7.4
2.

Kyoto (1962)

古都 (Koto)

Sortie : 1971 (France). Roman

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 9/10.

Récits de la paume de la main
7.3
3.

Récits de la paume de la main (1971)

掌の小説 (Tenohira no shōsetsu)

Sortie : 1999 (France). Recueil de nouvelles

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 9/10.

Annotation :

Kawabata est un poète de la surface, il n’aime rien tant que caresser les apparences pour faire remonter les sensations et les sentiments les plus profondéments - et secrètement - enfouis. En marge de ses romans, toujours concis et pourtant incroyablement touffus, il a toute sa vie multiplié les formes extrêmement courtes (175 mini-nouvelles d’une page ou deux) dont soixante sont ici regroupées dans l’ordre chronologique, entre 1916 et 1964. Styles et sujets se succèdent avec un bonheur rare dans ces moments arrachés à la vie, et qui tiennent tous dans la paume de la main, comme autant de lignes de vie, d’amour, de chance qu’on scrute pour tenter de deviner les traces du passé et de l’avenir comme une liseuse de bonne aventure. Mystère du génie, à qui il suffit de cadrer un visage, un geste, un paysage, pour que survienne à chaque fois une épiphanie aussi discrète qu’évidente, aussi inexplicable que bouleversante.

Nuée d'oiseaux blancs
7.7
4.

Nuée d'oiseaux blancs (1949)

Sembazuru

Sortie : 1960 (France). Roman

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 9/10.

Tristesse et beauté
7.9
5.

Tristesse et beauté (1965)

美しさと哀しみと (Utsukushisa to Kanashimi to)

Sortie : 1981 (France). Roman

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 9/10.

La Danseuse d'Izu
7.3
6.

La Danseuse d'Izu (1926)

Izu no Odoriko

Sortie : 1973 (France). Recueil de nouvelles

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 9/10.

Annotation :

Les cinq nouvelles qui composent le recueil ont beau avoir été écrites entre 1926 et 1953, et utiliser des thèmes et des techniques narratives très différents, on y retrouve à chaque fois un mélange impressionnant de grande simplicité de ton, et d’extrême profondeur de sentiments. Kawabata aimait dire qu’ « il suffit d’une branche d’arbre bien peinte pour qu’on entende le bruit du vent » et c’est exactement l’effet produit par ces petites histoires de rien - un voyage à pied avec une troupe de danseurs, quelques jours dans la vie d’un amateur d’oiseaux, les retrouvailles impromptues d’anciens amants : derrière les mots se perçoit un univers de non-dits, de chuchotements, de petits moments de flottements débouchant sur d’infinis abîmes de vertiges. La dernière nouvelle est pour moi la plus belle, la plus troublante, la plus marquante, et pourtant elle ne raconte que ça : une femme a l’idée de faire voir à son mari cloué au lit par la maladie l’extérieur qu’il ne peut plus voir par l’entremise d’un miroir. Dit comme ça ce n’est rien, mais dit par Kawabata…

Les Pissenlits
7.3
7.

Les Pissenlits (1964)

Tanpopo

Sortie : 2012 (France). Roman

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Publié en feuilleton à la fin de sa carrière et resté inachevé, Les Pissenlits offre la particularité d’être presque uniquement écrit sous forme de dialogue, le livre s’attachant à rendre la très longue conversation à bâtons rompus qui s’installe entre une mère et son gendre pendant l’après-midi et la soirée qui suit l’internement dans un hôpital psychiatrique d’Ineko, jeune fille frappée de cécité nerveuse partielle. Ce qui pourrait n’être qu’un exercice de style virtuose se révèle une nouvelle fois un tour de force littéraire : les deux héros essayent de comprendre les raisons de la maladie étrange d’Ineko, et l’on assiste à une sorte de psychanalyse sauvage où chaque phrase est à la fois porteuse de secrets et de non-dits, d’explications et de tâtonnements, d’angoisses et de fantasmes. C’est comme si Kawabata, fasciné par l’esprit humain, essayait cette fois de prendre le problème par sa face la plus abrupte, celle du langage et du corps et de leurs interactions conflictuelles, pour mener une enquête au coeur de l’intime et de son point aveugle et brûlant, le désir humain. Au travers du personnage invisible d’Ineko, et de ses deux porte-paroles aux vues diamétralement opposées (la mère représente la vieille génération pétrie de mauvaise conscience et le gendre la nouvelle génération cherchant des échappatoires au poids parfois étouffant des traditions), il fait aussi le portrait tout en nuances d’un pays schizophrène qui peine à trouver un terrain de réconciliation pour juguler la lutte de ses aspirations contraires.

L'Adolescent
7
8.

L'Adolescent (1948)

Shōnen

Sortie : 1992 (France). Roman

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Le mélange des temporalité, les souvenirs et l’oubli sont des thèmes récurrents dans les romans de Kawabata, mais dans ce recueil de cinq textes autobiographiques il en fait la matière même de sa réflexion. Se penchant à plus de cinquante ans sur sa prime jeunesse, marquée par la mort de ses deux parents, puis de ses grands-parents qui l’avaient élevé, Kawabata utilise les bribes d’écrits qu’il a gardé de l’époque pour essayer de recomposer un passé disparu de sa mémoire. Autel merveilleux aux fantômes et à la souffrance morale d’un enfant abandonné - et mise en question discursive du pouvoir ambigu de l’écriture à la fois trace et mensonge - les cinq textes sont comme autant de petites lumières jetées sur le fleuve de la vie, qui court sans s’arrêter, noyant dans ses remous les lambeaux du passé.
« Sans doute n’était-il pas nécessaire de consigner par écrit tous ces souvenirs; désormais je ne risque pas de les oublier, mais sont-ils suffisamment importants pour que je veuille les oublier ? »

La Beauté, tôt vouée à se défaire
7.3
9.

La Beauté, tôt vouée à se défaire (1933)

précédé de Le Bras

Kataude (1963) et Chirinuruo (1933)

Sortie : 2003 (France). Recueil de nouvelles

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Ce qui frappe dans ces deux nouvelles écrites à trente ans d’écart, et réunies par l’auteur avec Les Belles endormies dans un recueil de 1967, est la grande audace stylistique de Kawabata, qu’on aurait tort d’enfermer trop vite dans un classicisme bon teint. Dans la longue nouvelle qui donne son titre à l’ensemble et qui date de 1933, il se livre à un exercice impressionnant autour de la vérité et de la fiction, se mettant en scène comme dernier protagoniste vivant d’un fait divers sanglant, qu’aucun effort romanesque ne pourra sortir de l’obscurité qui l’entoure. Répétitions, errements, jeux sur la voix narrative, on se croirait, avec vingt ans d’avance, en plein Nouveau Roman. L’autre texte, « le bras », flirte avec le fantastique, mais avec tant de naturel, de poésie et de retenue qu’on en vient à accepter l’absurdité de la situation sans barguigner. S’en dégage dès lors une mélodie inouïe, d’une fragilité et d’une émotion sans pareilles.

[le coin des nerds : le titre japonais de la nouvelle de 1933 est Chirinuruho (散りぬるを), et provient d’un poème du XIe siècle appelé l’Iroha à cause de ses trois premières syllabes (い ろ は に ほ へ と = les couleurs sont parfumées). Ce poème a la particularité, lorsqu’il est écrit en hiragana, d’utiliser une fois et une seule chacun des 47 éléments de ce syllabaire. Il a très longtemps servi de méthode d’apprentissage, et avant d’adopter le système en Do re mi, les notes de musiques étaient nommées d’après les sept premières syllabes : I, Ro, Ha, Ni, E, To.
ち り ぬ る を( Chirinuruho) est la deuxième strophe du poème, et signifie : « elles se sont fanées, hélas ».]

Première neige sur le mont Fuji
6.8
10.

Première neige sur le mont Fuji (1952)

Fuji no hatsuyuki

Sortie : 3 septembre 2014 (France). Recueil de nouvelles

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Six nouvelles trop vite passées, publiées dans des journaux entre 1952 et 1960. Six moments en apesanteur, comme arrachées à des histoires plus longues qu’on ne connaîtra jamais. Peurs enfantines, chagrins d’amour, troubles familiaux. Mais aussi puissance d’un parfum, reflet de soleil sur l’eau, blancheur allant s’étalant de la neige aux nuages. Fugacité des paroles, mystère des silences : on navigue entre la poésie brute d’un haïku et l’humour quasi absurde de Carver. Il y a toujours quelque chose qui rode dans l’ombre, avec Kawabata. Parfois la mort, certes, mais pas toujours. De l’« autre », indicible, pulsionnel, qui se dérobe mais reste palpable. Littérature comme art du hors-champs.

Les Belles Endormies
7.3
11.

Les Belles Endormies (1961)

Nemureru Bijo

Sortie : 1961 (France). Roman

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 7/10.

Annotation :

Projet hors-norme, comme si souvent chez Kawabata, et pas étonnant qu’à l’arrivée le texte soit bien en-dessous de tout ce qu’il renferme. On sent que c’est assumé, c’est un texte d’évocation, pas de réalisation, autant par la technique choisie, que par son sujet, et par ses thèmes : le corps comme fantôme présent, objet essentiel de tout souvenir, de toute angoisse et de toute littérature. Il serait peut-être temps de suivre la volonté première de Kawabata, qui avait inclus cette longue nouvelle (d’abord parue en feuilleton, ce qui devait lui donner une épaisseur temporelle intéressante) dans un recueil qui comprenait (et on le comprend nous aussi, tant les trois sont liées) « La beauté tôt vouée à se défaire » et « le bras ». Un triptyque qui perd beaucoup à être ainsi démembré.

Pays de neige
7.2
12.

Pays de neige (1935)

Yukiguni

Sortie : 1960 (France). Roman

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 7/10.

Le Lac
7.2
13.

Le Lac (1955)

みづうみ (Mizuumi)

Sortie : 1978 (France). Roman

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 7/10.

Annotation :

Publié en feuilleton pendant l’année 1954, Le Lac s’est construit selon un rythme régulier, contrairement à la majorité des oeuvres précédentes faites de fragments épars recousus par la suite. Pourtant l’oeuvre garde en son sein une certaine discontinuité, qui correspond plus à l’état d’esprit du narrateur qu’à la méthode d’écriture. Pour renforcer l’étonnant flou dans lequel se débat Ginpei, son héros paradoxal aux prises avec des pulsions morbides, Kawabata joue à la manière d’un cinéaste avec différents plans narratifs : au détour d’une phrase, d’un mot, les décors et la temporalité changent, comme si le jeune homme n’avait plus aucune prise sur la réalité, et se débattait dans un magma de désirs et de souvenirs. Il en résulte un récit haché qui multiplie les points de vue, les digressions, qui revient sur lui même sans aucun espoir de résolution dans une atmosphère générale encore plus noire que d’habitude.

Le Maître ou le Tournoi de go
7.4
14.

Le Maître ou le Tournoi de go (1954)

名人 (Meijin)

Sortie : 1975 (France). Roman

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 7/10.

Les Servantes d'auberge
7.2
15.

Les Servantes d'auberge (1929)

温泉宿 (Onsen yado)

Sortie : 1990 (France). Recueil de nouvelles

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 7/10.

Annotation :

Le recueil regroupe 3 nouvelles de jeunesse et offre un parfait pannel des expérimentations du jeune Kawabata. « Les servantes d’auberge » est un texte impressionniste s’attachant aux corps et aux sensations, dans un ballet très pictural volontairement compliqué à saisir. Même confusion volontaire dans « Illusions de cristal », plongée dans la psyché d’une épouse délaissée via un monologue intérieur d’un réalisme saisissant. Quant au « Pourvoyeur de cadavres » c’est une variation amusée autour des récits populaires mêlant effroi et érotisme, deux thèmes qui fascineront Kawabata tout au long de sa carrière. Le volume se clôt par « Une page folle », scénario écrit en 1926 pour Kinugasa : l’occasion de prendre la mesure du talent visuel de l’auteur, rendu ici au travers de très simples phrases descriptives captant l’atmosphère délétère d’un asile psychiatrique.

Chronique d'Asakusa
6.9
16.

Chronique d'Asakusa (1930)

浅草紅團 (Asakusa Kurenaidan)

Sortie : 1988 (France). Roman

livre de Yasunari Kawabata

Chaiev a mis 6/10.

Annotation :

Kawabata est encore un débutant lorsqu'il publie ces chroniques en feuilleton dans l’Asahi Shinbun, et pose sur le monde interlope de Tokyo un regard sans a priori, frais, amusé, et un brin, déjà, désenchanté. C’est avant l’heure du cinéma vérité, une longue balade parmi les dévoyés et les dévergondées en rupture de banc, série disparate de petits portraits croqués sur le vif avec un talent certain, mais presque trop proche du reportage pour devenir plus qu’un témoignage sur un monde qui n’est plus. Un monde qui pourtant renaîtra toujours de ses cendres, fait de débrouille, de tristesse et d’insouciance. On est un peu noyé dans ces lieux et ces personnages feuilletés très vite, mais la mélodie qui s’élève de ce carnet de notes est déjà la promesse d’un grand en devenir.

Chaiev

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