Bases de l'espéranto

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Plutôt que de vous disperser à droite, à gauche, en travers afin d'avoir ne serait-ce qu'un bref aperçu de la langue ; voici une page dédiée aux fondamentaux de l'espéranto. Après lecture et assimilation de ces informations, vous pourrez déjà vous exprimer par des phrases simples et efficaces.

L'image ci-contre vous présente succinctement tous les rudiments de l'espéranto. Mais voyons-les plus en détails.

L'alphabet

L'alphabet utilisé est latin et constitué de 28 lettres.

Par comparaison au français (26 lettres), 4 lettres ont été supprimées (q, w, x et y) et 6 lettres spécifiques (ĉ, ĝ, ĥ, ĵ, ŝ et ŭ) sont venues s'ajouter.

Chaque lettre correspond à un seul son et chaque son est toujours rendu par une seule et même lettre, ce qui en fait un alphabet phonétique.

Notez que Ŭ correspond à l'umlaut allemand et plus simplement au son du W et que le son "u" français n'existe pas.

Moyen mnémotechnique : ŝi (elle en espéranto) = she (elle en anglais).

Plus d'information sur la prononciation ici ou en cliquant sur l'image.

Les terminaisons

En espéranto, la terminaison désigne la nature (nom, adjectif, verbe, adverbe...) et la fonction d'un mot (l'accusatif, seul cas véritablement matérialisé). Il est donc essentiel de connaître les terminaisons pour comprendre la plus simple des phrases.

Les noms ou substantifs

Les noms de choses concrètes, abstraites, d'objets, de personnes ou d'animaux se terminent systématiquement par un o.

Les adjectifs

Ils peuvent être dérivés de n'importe quelle racine et se placent généralement devant le nom. Ils s'accordent en nombre et en cas (pas en genre) avec le nom.

Les adverbes

Ils viennent apporter une précision à un mot ou une phrase. Comme dans la plupart des langues, ils sont invariables mais peuvent voir s'ajouter l'accusatif pour signifier un mouvement.

L'infinitif

Il s'agit de la forme la plus simple d'un verbe :

être = esti

avoir = havi

Le pluriel

Pas vraiment de difficultés ici, il suffit juste d'ajouter un "j" après l'une des terminaisons ci-dessus afin de préciser le nombre. Les adverbes ne prennent pas de pluriel.

L'accusatif

Il matérialise le C.O.D. (complément d'objet) et doit être précisé dès lors qu'il y a un sujet (qui ? Acteur de l'action), un verbe (action) et un complément (quoi ? Cible de l'action).

Petit point sur l'accusatif :

Il s'agit de la principale difficulté des débutants, mais relève plus d'une habitude d'usage que d'un véritable écueil (d'où l'intérêt de prendre de bonnes habitudes dès le commencement). La question qui revient souvent à son encontre est :

POURQUOI ?

Pourquoi imposer un cas, dans une langue qui paraît aussi simple ?

Tout d'abord, l'espéranto possède une syntaxe assez libre : là où beaucoup de langues (comme le français ou l'anglais) imposent un ordre des mots bien défini (S+V+COD), toutes les langues du monde ne fonctionnent pas suivant le même modèle (certaines ont : COD+V+S). Pour que tout le monde puisse s'y retrouver, chacun est en théorie libre de formuler ses phrases à sa manière (COD+S+V = S+V+COD...). Il y a cependant quelques règles à respecter quant à la construction des phrases : l'article défini la (traduisant le, la, les et l') doit toujours être placé avant le groupe nominal, l'adverbe avant le mot dont il va modifier le sens, le pronom avant son verbe et l'accusatif bien matérialisé.

L'accusatif n'est pas une punition ou un élément machiavélique créé par Zamenhof pour nous retourner le cerveau. Il sert avant tout à bien différencier le sujet, du complément (en plus d'indiquer un mouvement, mais vous verrez ça bien plus tard) et permet d'éviter ce genre d'aberration anglophone :

  • I love you = Je t'aime = Mi amas vin / Vin amas mi / Mi vin amas / Vin mi amas

  • I miss you = Tu me manques = Vi mankas min / Min mankas vi / Vi mankas al mi

Note : Officieusement, il est préférable d'éviter de passer la langue dans un shaker et mélanger l'ordre des mots dans tous les sens (Mettez vous à la place de la personne à laquelle vous vous adressez). Il est préconisé de se rapprocher de la construction de sa langue nationale. Après, si vous ne voulez pas, libre à vous d'opter pour une autre structure, mais ne la changez pas à chacune de vos phrases.

Dernier point et non des moindres : jamais d'accusatif après un verbe d'état. Il y en a quatre en tout, les voici : esti (être), ŝajni (sembler), aspekti (paraître) et resti (rester). Ce ne sont pas des exceptions (il n'y en a pas en espéranto), les verbes d'état ne précèdent pas la fonction accusative, mais attribut (vous connaissez sans doute les adjectifs attributs) qui n'a pas de forme particulière en espéranto. Un verbe d'état se contente de décrire ce qui est ou semble, non d'introduire le résultat d'une action.

D'ailleurs petite astuce très usitée : lorsque vous vous retrouvez à faire beaucoup de phrase avec le verbe être pour décrire des choses, il est tout à fait possible de changer l'adjectif qui le suit (l'attribut) en verbe et ainsi de supprimer "être" : La aŭto estas ruĝa => La aŭto ruĝas.

La Conjugaison

I = infinitif ; AS = présent ; IS = Passé; OS = futur; US = conditionnel ; U = impératif & subjonctif
I= infinitif ; AS = présent ; IS = passé ; OS = futur ; US = conditionnel ; U = impératif & subjonctif

Le verbe constitue l'élément pivot du discours, ce n'est donc guère étonnant si les conjugaisons sont souvent alambiqués dans bien des langues. Il en va différemment de l'espéranto, tant est si bien qu'on parle plus de terminaisons verbales que de conjugaison.

En somme, chaque temps ne possède qu'une seule terminaison (voir ci-contre). Celle-ci s'appliquant pour tous les pronoms, il est très important de bien les préciser (afin d'indiquer le genre et le nombre). On retrouve ce type de conjugaison dans le triptyque des langues scandinaves (danois, norvégien et suédois).

Il n'y a AUCUNE exception à cette règle et donc aucun verbe irrégulier (même être).

Si vous appréciez la complexité et la subtilité cependant, les participes actifs et passifs, présents, passés et futurs vous offrent l'opportunité de reproduire toute la complexité de la conjugaison française, voire plus (mais surtout à l'écrit).

Les affixes

Au cours de l'élaboration de l'espéranto, Zamenhof s'est heurté à un problème des plus contrariants : comment allier simplicité et exhaustivité ? Un simple coup d’œil sur l'épaisseur du Petit Robert suffit pour embrasser cet écueil. Après des mois de recherche, il finit par trouver une solution avec les affixes (mot général regroupant les suffixes et les préfixes).

Le français en possède aussi quelques uns (compréhensible, activiste, empiriste...), mais l'espéranto va plus loin, puisque la construction des mots repose sur la combinaison des radicaux et des affixes. On parle d'une langue agglutinante (autre exemple : le finnois, le japonais, le basque, le hongrois...).

Il existe une cinquantaine d'affixes. Rassurez-vous, certains sont très peu utilisés et seule une dizaine suffit pour s'exprimer en toute simplicité. En voici déjà quelques uns pour bien débuter :

  • ge- (préfixe) : réunit les deux sexes : patro (père), gepatroj (parents)

  • mal- (préfixe) : forme le contraire d'un mot : granda (grand), malgranda (petit)

  • re- (préfixe) : répétition ou retour en arrière : refari (refaire), reveni (revenir).

  • -ejo (suffixe) : désigne le lieu : lerno (apprentissage), lernejo (le lieu où l'apprend : une école).

  • -ino (suffixe) : forme le féminin : viro (un homme), virino (une femme) ; knabo (un garçon), knabino (une fille).

  • -ulo (suffixe) : caractéristique d'un individu : stulta (stupide), stultulo (une personne stupide).

Un point sur le genre

Vous l'avez remarqué, le féminin se forme avec un suffixe (-in).

L'espéranto - comme l'anglais - ne colle pas de genre aux objets (un objet est désigné par le pronom neutre ĝi, équivalent du it anglais). D'un point de vu lexical, les mots formés sont neutres, mais très souvent (lorsqu'il ne s'agit pas d'objet) on les considère comme masculin : instruisto = un instituteur ; vendisto = un vendeur ; kato = un chat... Pourquoi préciser ça, alors que c'est pour vous, parfaitement clair ?

Pour les féministes du dimanche et l'écriture inclusive (ou langage épicène), pardi ! D'ailleurs, il existe un langage épicène en espéranto à travers quelques nouveaux suffixes et le pronom ri, désignant la 3ème personne du singulier sans préciser le genre (différent de ĝi qui désigne la chose ou le neutre). Mais cela étant, inutile de jouer d'emblée la carte de l'inclusivité, ce serait partir avec de très mauvaises bases, en plus d'être une perte de temps, quand un suffixe suffit à marquer le genre.

Les questions

Inutile de se soucier outre mesure de l'ordre des mots ou d'une formulation particulière, puisqu'il n'y a pas de forme interrogative spécifique. Pour faire simple, il vous suffit de commencer par le mot interrogatif puis de formuler sa phrase :

  • Kie la libro estas ? La libro estas sur la tablo. (Où se trouve le livre ? Le livre est sur la table.)

  • Ĉu la libro estas sur la tablo ? Jes, la libro estas sur la tablo. (la traduction est aisée)

Placée en début de phrase, la particule ĉu (équivalent de est-ce que) transforme n'importe quelle phrase en question. Les autres particules interrogatives sont des corrélatifs, qu'il n'est pas nécessaire de voir immédiatement.

Vocabulaire élémentaire

Vous trouverez ci-contre (ou à cette adresse), une liste de 30 termes pour bien débuter, mélangeant verbes, noms et adjectifs.

Rappelez-vous du fonctionnement grammaticale de l'espéranto : en supprimant la terminaison, vous obtenez la racine (ou radical). A partir de celle-ci, vous pouvez former le nom, l'adjectif, l'adverbe ou le verbe en ajoutant une terminaison.

De même, n'oubliez pas qu'avec les affixes vous pouvez créer des mots de la même famille (patro, patrino, gepatroj...) et des contraires (lumo, mallumo ; granda, malgranda).

Note : l'outil utilisé (Quizlet) vous incite à vous créer un compte pour voir l'ensemble des mots, cependant rien ne vous empêche de les découvrir directement à travers les exercices (en choisissant un autre mode d'apprentissage).

Pour aller plus loin

Félicitations, vous avez fait vos première pas dans le monde de la langue universelle... et vous êtes toujours vivant. Une fois ces bases assimilées, vous devriez être capable de pouvoir vous exprimez simplement, ce qui fait de vous un locuteur (déburant, certes, mais un locuteur tout de même).

Si vous souhaitez en savoir plus, rendez-vous à la page Liens et Ressources, présentant différents outils et sites d'apprentissage, ainsi que quelques organismes emblématiques et des moyens de pratiquer l'espéranto.