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Coronavirus : ces travailleurs handicapés, nouveaux «héros» dans l'ombre des soignants

Une salariée de Tech'Air au travail.
Une salariée de Tech'Air au travail. Tech'Air

Une quarantaine de salariés d'une entreprise de région parisienne produisent chaque jour du matériel indispensable à la prise en charge de patients en réanimation. Rencontre.

Si le personnel soignant, applaudi chaque soir à 20 heures par les Français, est en première ligne contre le coronavirus, d'autres héros apportent, à leur manière, une aide indispensable. Derrière les murs de l'ESAT (Établissements et services d'aide par le travail) des ateliers Tissonvilliers, à Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), s'organise aussi la lutte contre le Covid-19. Tous les jours, une quarantaine de salariés en situation de handicap de l'entreprise Tech'Air - réquisitionnée par le ministère de la Santé - sont sur le pont, faisant fi des risques liés à la pandémie qui touche une grande partie de l'Europe.

Leur rôle sur le terrain est d'une importance cruciale : fabriquer en grande quantité des composants essentiels (capteurs, valves) aux respirateurs artificiels qui servent en service de réanimation. «Habituellement, nous avons environ 130 employés sur le site. Aujourd'hui, il y a une quarantaine de volontaires qui sont présents», relate au Figaro le directeur de la société, Henri-Aurélien Chopinaud. Tous ont des déficiences cognitives ou mentales. Très fier de ses troupes, il ne tarit pas d'éloges sur leur attitude «héroïque» : «Avec la lutte contre le coronavirus, ils se sentent vraiment utiles pour la société. Il y a un réel sentiment de fierté chez eux de jouer un rôle clé dans ce combat».

Loin du confinement de millions de Français, les employés de Tech'Air s'activent des heures durant dans les «salles blanches» (pièces où la concentration particulaire est maîtrisée afin de minimiser l'introduction de particules, NDLR). Équipés de blouses, de masques et de gants, ils soudent des fils larges comme un cheveu sur un dispositif d'aide respiratoire. Une technologie de pointe qui permet notamment à la machine de détecter si le patient respire, et en quelle quantité. Depuis le début de l'épidémie, le nombre de commande est passé de 400 par jour à plus de 2000. «Tout le monde est mobilisé pour honorer ces commandes. Mais nous ne devons pas jeter toutes nos forces dans la bataille d'un coup, nous devons nous économiser parce que cette situation risque de durer», tempère Henri-Aurélien Chopinaud.

«On est en deuxième ligne»

Un employé de Tech'Air. Tech'Air.

Pour les valeureux soldats de Tech'Air, pas question, pourtant, de se ménager. Venir au travail en ces temps de confinement est une victoire en soi. Anne, 48 ans, est capable de produire entre 500 et 600 composants en une seule journée. «Je suis très fière de ce que je fais, indique-t-elle. C'est important parce que j'ai l'impression de contribuer à sauver des vies. Il n'y a rien de plus beau». Non loin d'elle, Philippe, 63 ans, ajoute, modeste : «On a besoin de nous, donc on répond présent». «On n'est pas en première ligne comme les soignants, mais on peut dire qu'on est, disons, en deuxième ligne», lâche-t-il néanmoins. Investi d'une mission d'intérêt public, il ne pouvait concevoir de rester chez lui confiné avec son épouse : «Je travaillerai tant que je peux parce que je me sens plus utile en aidant les hôpitaux que chez moi. Vous savez, nous aussi on est sur le front, on fait le maximum pour aider, mais les gens doivent de leur côté respecter les consignes du gouvernement».

Béatrice, 43 ans, est pour sa part fière de montrer à ses enfants les machines sur lesquelles elle travaille depuis plusieurs années à la télévision. «En ce moment, on les voit tout le temps. C'est une fierté. Je me dis qu'on contribue à sauver des vies. Et mes enfants me posent des questions sur mon travail maintenant», indique-t-elle dans un sourire. Pour le moment, le moral est bon. Le sentiment de participer à l'effort national fait tenir les troupes. Mais la cadence est infernale, et la crise risque de durer encore plusieurs semaines.

«On est un petit village gaulois. On tiendra le temps qu'on pourra», affirme Henri-Aurélien Chopinaud. Outre l'aide aux malades, qui se multiplie partout en France, ce dernier tire une autre fierté de cette situation : «Nous montrons à tous que ce sont des personnes en situation de handicap qui prennent soin des Français. La solidarité est l'affaire de tous».

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26 commentaires
  • 2323119 (profil non modéré)

    le

    et pourquoi ne pas faire bosser tous ces taulards qu'ils se rendent au moins une fois utile dans leur vie arrêter de vivre au crochet de la société

  • Profil974

    le

    Ayant côtoyé un peu les Esat je confirme que la grande majorité des handicapés qui y travaillent sont extraordinaires altruistes, empathiques, généreux, ayant l’amour du travail bien fait et sans arrières pensée de leur part. Et pourtant avant de travailler, ils sont par des difficultés majeures pour être reconnu. Alors bravo encore pour ces personnes de l’ombre. Tout mon soutien. Et que tous prennent exemple pour leur courage que cela soit pendant ou en dehors de l’épidémie.

  • polluxlechien

    le

    Des enfants de Dieu, des anges...

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