Après un premier rapport rendu en 2013 qui jugeait la politique salariale d’EDF trop généreuse et la progression de sa masse salariale trop rapide, la Cour des comptes remet le couvert. Dans un nouveau rapport consacré au sujet, publié mercredi 6 février, ses magistrats estiment que « l’entreprise continue d’offrir des rémunérations élevées et une série d’avantages sans équivalent, dont bénéficient salariés et anciens salariés, largement déconnectés des performances de l’entreprise ».
La Cour admet, certes, que l’entreprise a fait des efforts depuis 2015. Une manière de souligner que l’arrivée de Jean-Bernard Lévy, en 2014, a été suivie d’une rigueur plus importante, ce que constatent les organisations syndicales. Henri Proglio, le précédent président du groupe, était connu pour une plus grande souplesse dans les négociations salariales.
Cela dit, elle souligne toutefois que « les réformes indispensables de la politique salariale » n’ont pas été menées. Les magistrats financiers demandent « d’introduire plus de souplesse » dans le système pour aller vers une évolution salariale moins mécanique et plus de parts variables. « La progression des salaires à l’ancienneté est automatique et mise en œuvre de façon identique pour tous les salariés », note la Cour, qui considère que la situation financière d’EDF ne permet plus une telle pratique.
Avec l’ouverture à la concurrence, EDF a perdu 100 000 clients en moyenne chaque mois en 2017. L’entreprise a vu son excédent brut d’exploitation chuter de 22 % entre 2015 et 2017, alors que sa dette s’élève à 33 milliards d’euros et que sa trésorerie est toujours dans le rouge, égrène le rapport.
Politique familiale « trop favorable »
L’institution de la rue Cambon estime que l’entreprise n’a rien fait pour réformer les avantages dont bénéficient salariés et retraités d’EDF. Selon la Cour, le montant total des engagements pris pour les retraités s’élève à 6,9 milliards d’euros en 2017. Elle note que la fourniture de l’électricité à un tarif très avantageux représente « un coût exorbitant » pour l’entreprise, évalué à 295 millions d’euros pour l’année 2017.
Les magistrats soulignent que l’abonnement gratuit, les tarifs préférentiels et l’exonération de taxes s’appliquent de manière déplafonnée. Cela « peut conduire à une consommation excessive et n’incite pas à la modération, en contradiction avec l’objectif politique de transition énergétique » formulé par EDF, notent-ils, demandant la suppression progressive de cet avantage. Un sujet explosif en interne chez EDF.
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