Le film du dimanche soir : “Ne nous fâchons pas” de Georges Lautner, la grande baffe

Lino Ventura, Jean Lefebvre, Michel Audiard… En reprenant le trio gagnant des “Tontons flingueurs”, Georges Lautner réussit le parfait pastiche du film de gangsters. Truculent, turbulent, hilarant.

Par Guillemette Odicino

Publié le 08 janvier 2017 à 18h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 03h31

Ne nous fâchons pas ? Justement, il est possible qu’on se fâche avec certains et qu’on risque même un bourre-pif de la part des moins urbains en prétendant ce qui suit : Ne nous fâchons pas (1966) est plus libre, plus rythmé et… plus drôle que Les Tontons flingueurs. Réalisé trois ans après, mais toujours avec Lino Ventura en grand distributeur de baffes et Michel Audiard en grand dispensateur de claques verbales, cet autre pastiche de film de gangsters narre les mésaventures d’Antoine Beretto (Lino, donc), truand rangé des voitures qui s’occupe de bateaux sur la Côte d’Azur et se dérange juste pour rendre un petit service : récupérer un magot auprès de Léonard Michalon, escroc minable et embrouilleur de première.

Léonard est une plaie, une malédiction, et dans le rôle, Jean Lefebvre est exceptionnel : un sommet de pleurnicherie, chantage affectif, et autres roueries du pot de terre contre le pot de fer – « Vous promettez, vous promettez ! C’est facile de promettre ! Et puis c’est pas à vous qu’on passera les brodequins. C’est pas vous qu’on plongera dans la baignoire, c’est le pauvre Léonard ! C’est toujours lui qu’on martyrise ! C’est pas difficile, je suis la mascotte des tortionnaires ! ». Lino a beau essayer de rester calme en répétant « Allons, messieurs, ne nous fâchons pas ! » à tous ceux qui en veulent à Léonard, il y a du cadavre dans l’air… 

Ce qui donne, histoire de citer de l’Audiard dans le texte : « Ecoute-moi bien, Léonard ! Je suis un honnête commerçant, moi ! Inscrit au registre ! Exemplaire, et tout et tout ! Je suis venu ici pour parler avec toi. Et puis y’a ce porte-flingue qui est rentré par la fenêtre et maintenant le voilà sur la descente de lit ! Je te jure que ça m’ennuie ! »

Cela le chiffonne, vraiment, Antoine, comme il l’explique, ensuite, à son pote Jeff (Michel Constantin, impérial) : « En cinq ans, pas un mouvement d’humeur ! Pas une colère, même pas un mot plus haut que l’autre ! Et puis d’un seul coup : crac, la fausse note, la mouche dans le lait ! Ah, je te jure que ça m’a secoué ! "»

La suite ? Beaucoup d’autres macchabées dans le coffre, des tueurs anglais habillés comme les Beatles et éparpillés façon puzzle, et surtout l’ex-Madame Michalon en la divine personne de Mireille Darc. Quand Léonard, un peu trop confiant, tente de la reconquérir, on touche au sublime.

Dernier détail : il est recommandé de ne pas rater le tout début du film où Antoine répond d’un « petit accrochage » avec un automobiliste au commissariat, car le commissaire est incarné par Serge Sauvion, le remarquable et inégalé doubleur français de Peter Falk pour Columbo.

A voir

Ne nous fâchons pas, de Georges Lautner (1966). Dimanche 8 janvier à 21h sur C8.

Sur le même thème

Cher lecteur, chère lectrice, Nous travaillons sur une nouvelle interface de commentaires afin de vous offrir le plus grand confort pour dialoguer. Merci de votre patience.

Le magazine en format numérique

Lire le magazine

Les plus lus