La Lettre du 20 décembre 2020
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Bonjour à chacune et chacun,
 
Dans le prolongement de ce que j’écrivais ici la semaine dernière, je suis revenu cette semaine dans l’éditorial de L’Humanité Dimanche sur le débat et les enjeux de la République sous le titre « République ! Que ne fait-on pas en ton nom ? »
 
 
Éditorial de L'Humanité Dimanche du 17/12/2020 (extrait)
 
(...) Il faut d’ailleurs être doté d’une dose d’hypocrisie hors du commun pour écrire dans ce projet censé « garantir les principes républicains » que « le service public est le bras armé de l’impartialité de l’État ». La formule, plus que discutable, est surtout grotesque quand on doit chaque jour constater que l’État piloté par les fondés de pouvoir des puissances d’argent s’échine à détruire un à un les services publics dans leur acception républicaine c’est-à-dire universels. Qu’on en juge par l’actualité des jours passés ! EDF est menacée d’être découpée en morceaux avec le bien nommé projet dit « Hercule ». Les projets de privatisation des transports régionaux se multiplient.
 
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Par ailleurs au moment où le gouvernement refuse d’augmenter le Smic et les bas salaires alors que les dividendes seront bien servis, il est très utile de lire le dossier de L’Humanité Dimanche dont le titre est « 10 millions de pauvres en France ». Comme une coïncidence dont a peu l’habitude, voici que le très libéral Institut Montaigne publie une note dans laquelle il réclame « un programme à la fois conjoncturel et massif de 30 milliards d’euros de soutien aux ménages ». Constatant, que le taux de chômage réel des jeunes est de 20%, il évoque la possibilité d’octroyer des aides diverses parmi lesquelles figureraient des prêts garantis par l’État comme pour les entreprises.

Certes il serait préférable de chercher la voie d’une allocation jeune pérenne afin de les aider à se nourrir, se loger, se cultiver. Une priorité devrait être donnée aujourd’hui à l’avenir des jeunes en leur ouvrant la possibilité de se former et d’obtenir des contrats de travail ou de formation sécurisés.

On notera également avec intérêt que sous la plume des deux économistes de l’Institut Montaigne, MM. Éric Chaney et Julien Damon, une orientation qui nous est familière : « face à l’ampleur de la crise, écrivent-ils, ne pas augmenter significativement la dépense publique aujourd’hui, c’est se condamner à une économie restant en dessous de son potentiel pour une longue période, et ainsi accumuler encore plus de dette publique en proportion du PIB dans les années à venir ».

C’est exactement ce qu’expliquent depuis tant d’années les communistes, au parlement comme dans les quartiers ou au travail. L’austérité appelle une spirale sans fin d’austérité, à la fois injuste et totalement inefficace. Ils poursuivent : « de fait, dans les circonstances inédites du moment, la meilleure relance que l’on puisse concevoir passe par une dépense accrue, temporaire, ciblée sur l’investissement et sur le revenu des ménages ». Voici qui donne du crédit a un nouvel argumentaire.

La grande faiblesse de cette note réside dans les moyens du financement dont elle ne dit mot. Or, il n’y a pas de financement efficace sans justice fiscale, sans un nouveau système de crédit public mobilisant autrement les banques qui devraient être publiques et au service de l’investissement de demain, sans orienter les crédits à taux nul de la Banque centrale européenne vers le travail et les besoins humains, et sans réclamer des augmentations de salaires dans les entreprises qui dégagent des profits pour les dividendes tout en aidant réellement les petites entreprises et le commerce et l’artisanat.
 
Convention citoyenne et coup politique
 
Tout en rejetant un certain nombre de propositions de la Convention citoyenne dont la mise en place d’une taxe de 4% sur les dividendes, le moratoire sur le déploiement de la 5G ou l’obligation de rénovation énergétique des bâtiments et logements, le président de la République conclut le cycle par une opération politique ou une simple opération de communication comme il le fait depuis le début.

En inventant cette affaire de référendum, alors qu’on ne sait même pas si on pourra voter dans de bonnes conditions pour les élections régionales et départementales, il avance l’idée d’une consultation sur un sujet consensuel. Cela vise à piéger toutes les forces politiques qui ne sont pas pour « une détérioration du climat » alors que le projet de loi dit « climat » est très en deçà des propositions de la Convention citoyenne. On peut certes renforcer la Constitution mais il faut rappeler que la Charte de l’environnement a déjà valeur constitutionnelle. Il faudrait d’abord s’y tenir. Ici, ce n’est pas le climat qui intéresse le président mais bien la poursuite de son objectif de diviser les forces politiques et le pays à partir d’un sujet consensuel en paroles moins en actes.

Du reste les premières enquêtes d’opinions montrent que nos concitoyens ne sont pas dupes.
 
Les conditions de la relance de PIF
 
Cette semaine, je suis revenu dans l’Humanité sur les conditions de la relance de Pif, après que celle-ci ait été annoncée dans L’Humanité Dimanche il y a quinze jours. Des incompréhensions, et des critiques bien normales, m’obligent à revenir ici sur les conditions extrêmement dures que nous avons eu à affronter depuis plus de deux ans pour garantir la survie ET l’indépendance de l’Humanité.
 
Les conditions de la relance de Pif sont entièrement liées aux préconisations des administrateurs judiciaires et du Tribunal de commerce de Bobigny, dans le cadre du plan de redressement de l’Humanité, puis du plan de « redressement-continuation ». Les administrateurs judiciaires et une partie du tribunal, considérant que nos recettes restaient insuffisantes pour pérenniser l’Humanité, ont instamment exigé que nous recherchions de nouvelles recettes à partir de nos savoir-faire et de nos « marques ».
 
Ainsi ont été évoqués la nécessité de dégager plus de marges à la Fête de l’Humanité, l’amélioration du volume des ventes de nos Hors-séries, l’augmentation de nos tarifs de ventes et d’abonnements, tout en réduisant la masse salariale et en renégociant les dettes.

Dans le rapport des administrateurs judiciaires daté du 29 mars 2019, soit seulement un mois et demi après la décision de redressement judiciaire, on peut lire : « en termes de revenus, le plan reposera vraisemblablement sur une réunion des comités de rédaction pour dynamiser la ligne éditoriale, un virage numérique des contenus, la hausse des prix de vente (tirage et entrée de la fête) et l’exploitation de la marque PIF ».

En effet, se basant sur l’expérience et les expertises des économistes de la presse, ainsi que sur les calculs du cabinet d’experts-comptables agréé auprès du Tribunal de commerce et chargé du suivi de notre dossier, les administrateurs comme le tribunal ont considéré que la masse d’économies de fonctionnement réalisée, soit plus de 2,5 millions d’euros, et un plan de réduction de la masse salariale de 1,5 millions d’euros, restaient insuffisante pour pérenniser l’entreprise du fait de la situation générale de la presse et des incertitudes pesant sur les recettes (abonnements et ventes, recettes publicitaires, voyages de l’Humanité, ventes de Hors-séries et de livres, recettes de la Fête de l’Humanité, dons et souscriptions, crédits publics d’aides aux quotidiens à faibles ressources publicitaires).

Lors de la première rencontre entre les administrateurs judiciaires et les élus du CSE, le 13 février 2019, le chiffre de 70 suppressions de postes a été asséné. Or, nous avons refusé, avec succès, ce volume des suppressions de postes, comme toute pression de vente d’actifs de l’Humanité.

Pour comprendre la situation dans laquelle a été plongée l’Humanité, il convient de rappeler qu’à la fin de l’année 2010, dans le cadre des plans d’austérité, le gouvernement de M. Sarkozy a supprimé 1 million d’euros de recettes que l’Humanité percevait chaque année au titre de quotidien à faibles ressources publicitaires. C’est ce manque cumulé qui a placé l’Humanité en difficulté financière, alors que sa situation était déjà fragile.

En effet, les résultats comptables comme l’augmentation des déficits, dont nous informons nos lectrices et lecteurs chaque année début juillet par un long article dans l’Humanité, épousent les courbes de ce manque à gagner que nous n’avons cessé de contester sans succès lors du quinquennat précédent. Au lieu de revenir sur cette décision lors du quinquennat de 2012 à 2017, les organismes du Ministère des finances nous ont contraints à travailler un plan économique, placé sous leur égide. Ils ont été très loin puisque, arguant du fait que nous bénéficions de crédits publics, le ministère a dépêché le grand cabinet d’audit PwC pour expertiser nos comptes et vérifier la viabilité d’un plan que nous présentions à l’époque.

Au bout de ce cheminement et malgré un long travail, aucune aide ne nous a été consentie. Par contre, on décelait dans toutes les recommandations et les pressions faites à notre encontre la volonté, soit de nous obliger à ouvrir le capital avec une certaine perte de contrôle, soit la liquidation pure et simple. Déjà à cette époque, un cabinet spécialisé mandaté par Bercy poussait à la vente des « Editions Pif ». Nous avons dû résister durement pour empêcher ce scénario du pire, dont l’histoire complète reste à raconter.

Mais notre résistance a eu pour contrepartie néfaste d’aboutir à une situation extrêmement critique à l’automne 2018. Encore, du 17 décembre 2018 jusqu’au 30 décembre au soir, nous avons négocié chaque jour pour trouver une issue.

Face aux impasses, nous avons bien dû constater, le 15 janvier 2019, la situation de « cessation des paiements » qui ouvre immédiatement une procédure au tribunal de commerce de Bobigny. A partir de là s’est ouverte une période de nouveaux sauts d’obstacles durant de laquelle, mois après mois, s’additionnaient tous les ingrédients qui auraient pu conduire à nous faire perdre le contrôle de l’Humanité. C’est ce qui m’a conduit, lors de la cérémonie d’hommage à Jean Jaurès le 31 juillet 2019, à insister lourdement sur ce risque, afin de dresser un barrage contre des projets de liquidation. Ceux-ci étaient souvent argumentés du fait qu’aucun organisme public ou créancier privé n’accepterait de négocier avec nous. Tout ce mois d’aout 2019 s’est déroulé sous cette pression. Une incroyable argumentation a été déployée contre moi à cette période, m’accusant d’emplois fictifs au journal, à la régie publicitaire ou même chez notre imprimeur, jusqu’au possible détournement de fonds de la Fête de l’Humanité au bénéfice de mon parti.

Ce n’est que le 5 septembre 2019, après des entretiens avec le président des AGS le week-end précédent, que la situation commence à évoluer, car nous avons réussi à dissiper un certain nombre de mensonges proféré contre nous. Ainsi, lors d’une réunion de travail (le 5 septembre2019), le président des AGS et sa Directrice générale ont affirmé comprendre notre stratégie et voté en conséquence, via leur conseil d’administration, la prise en charge du paiement du plan social que nous sommes tenus de rembourser dans le cadre du plan de continuation. Puis nous discutons avec chacun de nos créanciers prioritaires des dettes que nous avons contractées auprès d’eux, en leur proposant un énorme effort : réduire de 75% leurs créances - ce qui dans ce genre d’affaires est très, très rare.

Dans ces conditions doit reprendre le débat sur les éléments du plan de continuation. Une audience a lieu au tribunal le 16 octobre, lors de laquelle nous est clairement affirmée la possibilité d’une continuation dès lors que nous présenterions un plan de continuation viable. Ce que nous avons fait, avec des économies déjà réalisées et des éléments financiers prospectifs prudents sur nos recettes traditionnelles comme il était à juste titre préconisé. Il nous était fortement demandé de chercher des segments de développement supplémentaires et de valoriser nos actifs. Etaient ici évoqués La Terre, Pif et Miroir du Cyclisme. Nous avons refusé de les vendre.
 
La solution de compromis a été de créer une nouvelle structure portant la revue et la plateforme « Travailler Au Futur », portant également les droits d’exploitation de La Terre ; de conserver la propriété de PIF, mais d’ouvrir la voie à son exploitation via une licence (comme cela était déjà notifié par les administrateurs dans leur rapport du 29 mars 2019) avec la seule société intéressée par une licence d’exploitation qui nous a été présentée : « Pif et Hercule ».
 
Le projet de cette société était de faire vivre Pif dans le secteur de la presse, l’univers numérique, et télévisuel avec un dessin animé, et dans l’événementiel. Le contrat, limité à dix ans, soit la durée du plan de continuation dispose de mécanismes permettant d’anticiper une éventuelle rupture. Il comporte des clauses de respect des valeurs de PIF : humanisme, solidarité, justice, environnement, paix, antiracisme, féminisme. L’Humanité conserve un droit de regard et d’opposition sur les contenus. Une charte éthique lui est adossée. Et la régie de publicité et d’événements Comédiance en restera l’opérateur unique. Une redevance annuelle sera versée à l’Humanité ainsi qu’une part des recettes de ventes et de contrats télévisuels notamment avec un droit de regard sur les résultats comptables.
 
Ceci est inscrit comme élément du plan de continuation. Ainsi, le jugement du tribunal de commerce de Bobigny, prononcé le 26 décembre 2019 et validant le plan de continuation, est assorti de plusieurs clauses dont celle-ci : « La société et son dirigeant s’engagent à ne pas aliéner le fond de commerce sans autorisation expresse du tribunal, ni des principaux actifs immobilisés sauf s’il s’agit d’une licence de la marque Pif, comme envisagé dans le projet d’entreprise ».

Il est bien évident que nous aurions souhaité pouvoir l’exploiter nous-mêmes, mais nous étions sous la menace d’un refus du plan de continuation. S’y risquer impliquait d’investir entre 300 000€ et 500 000€, sans assurance de succès. Ceci était contraire au plan lui-même. Les deux tentatives précédentes ont échoué car le magazine ne trouvait pas son seuil d’équilibre. La première relance, en 2005, s’est même terminée par la liquidation judiciaire de la société qui la portait.

Nous n’avions pas à décider des responsables qui portaient ce projet. Il est bien évident que nous avons combattu hier les positions de M. Frédéric Lefebvre, et que nous ne partageons aucune de ses options politiques aujourd’hui. Mais l’Humanité n’a pas contracté avec lui, mais avec une société qui a décidé de son organisation propre en dehors de l’Humanité.

Notre souci premier a été de valider un plan de continuation et de rechercher des recettes nouvelles pour consolider l’Humanité, quand chaque jour qui passe apporte la preuve des difficultés que rencontre la presse écrite.

Nous avons empêché la liquidation de l’Humanité, conservé notre patrimoine, tout en veillant à ce que PIF reste conforme à ses valeurs fondamentales, et nous entamons la relance de La Terre dont nous avons aussi failli perdre la marque.

Par parenthèse, j’ajoute que lors de mon arrivée à l’Humanité, en 2000, ni Pif, ni ses droits d’exploitation n’étaient propriété de l’Humanité. Il a fallu un long travail que deux responsables de l’Humanité ont, à l’époque, mené avec moi pour les acquérir alors que Pif était exploité par une multitude de personnes ou de sociétés pour des revues, des sites web et des livres. Ces sociétés ne reversaient évidemment rien à l’Humanité et n’hésitaient pas à travestir les personnages et les valeurs qu’ils étaient censés porter. Il est même des droits que nous n’avons pas pu rapatrier à cause des « déchéances de marques » dont ont fait l’objet certains personnages.

Dans le feu roulant de ces difficultés, de ces obstacles, de ces combats éprouvants, nous n’avons qu’un souci : continuer, consolider, développer l’Humanité et L’Humanité Dimanche avec la plateforme numérique www.humanite.fr, au service du combat idéologique face à la réaction, aux idées nauséabondes, pour porter haut les intérêts des travailleurs et des créateurs, relayer leurs luttes et impulser les combats pour la paix et le désarmement, matrices des valeurs et des combats communistes, afin d’ouvrir à toutes et tous une perspective de mieux-vivre dans un environnement préservé, et de réhabiliter le bonheur comme idée neuve.

Ces combats sont loin d’être terminés. Nous allons subir en effet une hausse d’au moins 300 000€ de frais de distribution après la mise en redressement de la société Presstalis, devenue France Distribution. Vraisemblablement aussi une augmentation des tarifs postaux. Les baisses de recettes publicitaires et la non tenue des événements dont elle a la charge mettent en difficulté la régie Comédiance. Malgré nos demandes insistantes et alors que toute la presse a bénéficié de prêts garanti par l’Etat, ceci est pour l’instant refusé à notre groupe.
 
Le combat est donc rude. Très rude. 
 
 
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Amicalement. Prenez soin de vous.

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