La Lettre du 30 octobre 2020
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Bonjour à chacune et chacun,
 
De toutes parts – surtout du côté des plus hautes autorités de l’Etat – il avait été annoncé qu’il n’y aurait pas de deuxième vague de l’épidémie de Coronavirus. Puis, le 14 juillet dernier, un « nous sommes prêts » avait été lancé avec assurance et aplomb par le président de la République, au cas où par hasard elle surviendrait quand même. La vérité c’est que malgré la réunion dite du « Ségur de la santé, le pouvoir a continué à fermer des lits dans de nombreux hôpitaux, à Caen, Nantes, Tours, Limoges, Nancy, Reims, Marseille, Nice…
 
Aujourd’hui la deuxième vague est là, et elle semble arriver avec plus de force que la première. Certains médecins ont même annoncé ces derniers jours que l’épidémie est hors de contrôle. De fait le nombre de malades augmente, tout comme le nombre de lits de réanimation occupés. Autrement dit, même si nous savons qu’il est difficile de combattre ce virus, il faut bien noter que cette reprise épidémique signe l’échec de la stratégie gouvernementale à laquelle il faut évidemment ajouter les politiques d’austérité menées depuis des années sous injonctions des institutions européennes. Nous pensons à toutes celles et ceux qui sont touchés par la maladie et à leur famille en souffrance. D’autres malades en attente de soins voient leurs traitements ou opérations retardés du fait de la sur-occupation des hôpitaux, avec parfois de graves conséquences à moyen terme.

Il est indispensable de prendre toutes les mesures de précautions et de protections sanitaires. On s’étonnera cependant que les travailleurs puissent se rendre sur leurs lieux de travail mais qu’on ne puisse pas aller au théâtre, au cinéma ou à la librairie du coin. D’autre part, dès lors que les masques sont obligatoires parce qu’ils constituent un moyen de préservation de la santé, ils doivent être gratuit. Une campagne populaire devrait être animée pour cet objectif.
 
 
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Aux angoisses et aux difficultés sanitaires, sociales, écologiques, notre société doit faire face avec les attentats terroristes à une série de coups violents, barbares, fascisants. C’était déjà le lot de plusieurs pays à majorité musulmane depuis des années. Mais il semblerait que les partisans ou adeptes de Daech ou d’Al-Quaida aient décidé de s’attaquer à notre pays, et ce sont des concitoyens qui en sont victimes. Ceci a lieu dans le contexte du procès de l’attentat contre nos amis de la rédaction de Charlie Hebdo.
 
Des forces et des élus de droite et d’extrême droite, comme des secteurs du pouvoir, s’acharnent à réclamer plus de restrictions des libertés et droits. Ils procèdent à des amalgames odieux qui dénigrent les musulmans tout en s’attaquant aux forces de gauche. S’y est ajouté l’offensive lancée le président Turc contre la France et les valeurs républicaines, excitant tous les fanatismes et obscurantismes. Ainsi, la cohésion dont avait globalement su se prévaloir la France lors des derniers attentats se fissure dangereusement sous l’effet d’un inquiétant ballet politicien.

S’y retrouvent anciens et actuels ministres et quelques intellectuels qui s’évertuent à cibler les militants et organisations de gauche, rendant un bien mauvais service à l’unité nationale qu’ils prétendent défendre. Celles et ceux qui, parfois confusément, se sont levés contre le racisme que subissent les musulmans de France - ou qui en ont « l’apparence » comme le disait de manière révélatrice M. Sarkozy- ne sauraient être confondus avec les islamistes qu’au prix d’un raccourci démagogique teinté d’opportunisme politicien. Ce chœur droitier répandant l’opprobre et falsifications a repris à son compte le concept inventé par l’extrême droite d’islamo-gauchisme. Tout comme leurs ainés disaient hier « judéo-bolcheviques ». Que des organisations réactionnaires se servent du combat antiraciste pour avancer leurs pions ne fait aucun doute. Mais faire des militants antiracistes les alliés du fondamentalisme islamique est une chose abjecte qui ne sert que les intérêts d’un agenda obscurantiste au service des extrêmes-droites islamistes et nationalistes.

A ce point de leurs anathèmes ils déroulent, sans se préoccuper des principes républicains, de la constitution ou des traités internationaux qu’ils disent chérir tour les matins, tout le programme de l’extrême droite fascisante : expulsion des étrangers condamnés, fin du regroupement familial, suppression du recours individuel devant la Cour européenne des Droits de l’homme, remise en cause du droit d’asile, et même arrêt de l’immigration. Que d’amalgames au service de leurs attaques contre les droits humains alors que la France dispose déjà d’un puissant arsenal pour s’attaquer à l’islamisme politique de combat. Ajoutons l’ambiance inquiétante rappelant les pires périodes de notre histoire. La qualification d’islamo-gauchiste conduit à toutes les libertés politiciennes dans le cadre d’une bataille idéologique qui vise en réalité à démolir les principes républicains. Autrement dit, cette droite extrême qui se trouve aussi au gouvernement et au sein du parti de la droite et à l’extrême droite, rejoint l’islamisme politique qu’elle prétend combattre. Ainsi se sont multipliées les attaques contre l’observatoire de la laïcité, une charge a été sonnée contre les rayons halals des supermarchés, la réouverture des bagnes a été demandée dans une émission de télévision avant d’expliquer qu’il devient nécessaire d’abandonner « l’Etat de droit qui nous désarme », et le siège du Parti communiste a été souillé du mot « collabo ». En utilisant un tel mot, peut être veut-on conduire un fou furieux des deux rives des extrêmes droites à produire un acte de « résistance » en tuant quelqu’un ? Cette tenaille doit être desserrée. Car non, la France n’est pas plus prémunie d’un nationalisme et d’un racisme dispensés à haute dose que de l’islamisme politique de combat. Et il est fort probable que les premiers servent les intérêts du second, et inversement. Si le combat antiraciste a pu prendre des chemins tortueux ou trouver des alliés de circonstances, c’est qu’il a été laissé en souffrance, et avec lui, surtout, le combat pour une égalité véritable. La responsabilité première incombe, et de loin, à des responsables politiques qui ont vidé la République de sa substance sociale au profit d’un ordre capitaliste inégalitaire. Le brouillage idéologique et politique ainsi organisé sciemment vise à instaurer un Etat d’exception permanent sur le dos d’une religion pour permettre de sauver le capitalisme titubant. Elle vise aussi à remettre en cause l’universalisme républicain et à démolir la loi de séparations des églises et de l’Etat porté en 1905 par la gauche et une partie d’autres républicains. De cette loi ne découle ni une laïcité ouverte ou fermée, ni une ultra-laïcité. La laïcité n’est pas une religion à opposer à d’autres religions, elle est au contraire le garant de la liberté de croire ou de ne pas croire, le garant de la liberté de culte et de la neutralité de l’Etat. Or les forces du spectre de droite et d’extrême droite ont décidé de travestir la laïcité pour en faire un principe de discrimination envers les musulmans. Ceux qui veulent réécrire la loi croient le moment venu pour imposer LEUR loi.

Certes, la République française proclame son ambition à former une communauté de citoyens libres, égaux, et fraternels par-delà les origines, croyances et identités, et son refus conséquent de reconnaître en son sein des « communautés minoritaires » auxquelles l’Etat devrait reconnaître des droits et des devoirs spécifiques. Elle dit ainsi sa vocation politique universelle.

Mais il est peu dire que cette promesse est laissée en jachère par trente années de politiques libérales et différentialistes, par l’atrophie de la souveraineté populaire et donc de la citoyenneté, par une politique de la ville conçue pour parquer les populations immigrées, la destruction des institutions sociales égalitaires née de la Libération, par la montée instrumentalisée d’un racisme décomplexé et la vie impossible faite aux immigrés. Comment, dans de telles conditions, mener à bien le projet d’intégration, non pas à une identité française fantasmée et figée, mais à la citoyenneté qui, seule, peut permettre de définir l’identité française de demain ?

Cette promesse ne peut s’accomplir que par la force d’une unité populaire. Celle qui a toujours permis à la République de s’élever en dépassant le cadre étroit des droits formels. Les capitalistes, eux, savent faire passer leurs intérêts avant toute autre considération, affichant l’unité nécessaire à leur domination, par-delà les religions, pays et identités. Les classes populaires et ouvrières, les salariés exploités sont, eux, en permanence travaillés par le venin diviseur. Voilà le piège redoutable. Cette unité est rendue impossible par la segmentation des classes populaires, attaquées par des assauts différencialistes qui prospèrent sur les trahisons antirépublicaines de ceux qui n’ont que le mot République à la bouche.

Ajoutons que la récupération/dénaturation du concept de laïcité par la droite et l’extrême droite participe d’une opération de brouillage de ce qu’il est, en France comme dans un monde qui n’est plus imperméable aux débats hexagonaux. Et par la même occasion tend à ranger la France dans le camp des pays ennemis d’une religion, stigmate considérablement renforcé par une politique étrangère alignée sur celle de l’OTAN et des Etats-Unis. Que des despotes ou apprentis satrapes, secondés par quelques prédicateurs illuminés, manipulent ces errements géopolitiques ne doit pas nous faire oublier qu’ils existent et qu’ils nous coûtent cher. La France devrait exprimer à la face du monde son refus net du racisme en même temps que sa vocation universelle et républicaine, à savoir le titre de citoyen offert à quiconque la rejoint pour bâtir sur des bases démocratiques un projet politique. Elle doit tout autant sortir des logiques impérialistes dans lesquelles elle s’est placée, sous commandement du grand capital.

Car il faut prendre la mesure des difficultés qui nous assaillent. Toutes les études disponibles indiquent un décrochage générationnel d’une partie importante des jeunes français de confession musulmanes vis-à-vis de la République. Il faut d’urgence cerner les ressorts du phénomène pour se tourner vers cette jeunesse minée par le mépris, le chômage, la précarité, dont l’avenir n’est garanti que par les solidarités intra-communautaires. Les conséquences de la crise sanitaire risquent d’ajouter une couche de désarroi pour cette génération que le gouvernement cherche à utiliser comme variable d’ajustement du marché de l’emploi. Tous les efforts doivent être menés pour leur proposer un travail ou une formation, « quoi qu’il en coûte », avec l’objectif que de cette classe d’âge ne sorte aucun chômeur. C’est une condition nécessaire pour sortir des milliers de ces jeunes de l’enfermement identitaire et religieux, comme l’est la mise en œuvre des préconisations du plan Borloo, déchiré par M. Macron.

Il conviendrait, de plus, de savoir comment et par qui, en quelques années, s’est imposée auprès d’une jeunesse déboussolée une version archaïque et d’importation de la religion musulmane. L’islam aussi rétrograde que violemment capitaliste de quelques pays du Moyen-Orient fonctionne comme une franchise. Ces pays dont l’influence repose sur la rente pétrolière, l’alignement atlantiste et la violence théocratique, mènent depuis des années une lutte d’influence à l’échelle planétaire, gagnant des positions de pouvoir réels et symboliques extrêmement solides, rachetant avec la bienveillante complicité de nos dirigeants ici un club de foot, là un château, là encore des parts dans les conseils d’administration de grands groupes dont ils arbitrent la destinée. Et dans leurs bagages, leur conception de la religion, toujours.

Par la force d’une propagande habile matinée de « soft-power », leur conception de l’islam s’est peu à peu substituée aux traditions musulmanes maghrébines, à un islam construit sur les bords méditerranéens, sédimenté par les cultures locales, juives, berbères, chrétiennes, grecques et arabes ; par les allées et venues de la science et du savoir sur les différentes rives de notre mer commune. Si bien que les plus âgés parmi les Français musulmans peinent à avoir prise sur une partie de la jeunesse musulmane travaillée au corps par tout un arsenal idéologique nouveau. L’offensive du président Erdogan jumelée avec ses opérations militaires sur au moins sept théâtres d’opérations est significative des dérèglements du monde et des fausses routes suivies par la France et l’Union Européenne, faisant de la Turquie le gardien des réfugiés fuyant les bombes en Syrie, pays où la Turquie soutien les terroristes contre le pouvoir syrien. N’oublions pas que la Turquie fournit la moitié des imans en France avec les financements qui les accompagnent. L’accord dit « de sécurité » avec la Turquie existe toujours pour faire la chasse ici aux militants Kurdes. Sans oublier le rôle joué par les Etats-Unis dont l’ambassade en France cherche à séduire, à coups de millions de dollars et sur des bases religieuses et éthiques, cette jeunesse des quartiers populaires qui se sent légitimement trahie et laissée pour compte.

C’est un nouveau contrat de citoyenneté que la République s’honorerait à proposer, surtout à sa jeunesse, et qui viserait à faire entrer la France dans un nouvel âge de son histoire. Sa réalisation sous la coupe d’un capitalisme agressif et marketing qui entretient les divisions communautaires autant qu’il sème la misère est une vue de l’esprit. C’est au contraire en puisant dans les ressources de la République sociale et démocratique, par l’unité populaire dont la laïcité est garante, par la conscience des intérêts qui unissent la jeunesse et les travailleurs du pays, que peut s’établir un nouveau projet collectif et émancipateur. Nous souhaitons un débat d’intérêt général en ce sens.
 
 
 
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