La Lettre du 24 juillet 2020
 
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Bonjour à chacune et chacun,

Il est des décisions très difficiles à prendre. Des décisions que l’on prend la mort dans l’âme, le cœur serré et les larmes aux yeux tant on en mesure les conséquences. Ce fut le cas en fin de semaine dernière lorsqu’il fut question de décider du format de la Fête de l’Humanité. Nous en arrivons cette année au 90ème anniversaire de la Fête. Nous y avions déjà beaucoup travaillé depuis la fin du mois de septembre dernier. Evidemment la pandémie de Covid-19 a réfréné nos ardeurs mais nous avons pensé jusqu'à un moment avancé que peut être sa tenue restait possible. Puis dans les négociations que nous avons eues avec beaucoup plus d’intensité à partir du début du mois de juin nous avons imaginé un nouveau format de Fête réduite en surface, sur 72 000 m², et en nombre, pour 20 000 personnes par jour. Nous avons fourni tous les projets et documents demandés. Nous avons élaboré un protocole sanitaire très précis. Le préfet de la Seine-Saint-Denis que nous avons rencontré plusieurs fois a été coopératif, aidant à dégager les obstacles. Les services gouvernementaux également.

Seulement, les services sanitaires étaient d’autant plus alarmistes qu’au fil des semaines qui suivirent la fin du confinement des foyers de pandémie prenaient ou reprenaient de la force en plusieurs endroits en Europe et sur la quasi-totalité du territoire français.

Aussi, dans ces conditions il ne pouvait plus avoir de Fête –même de dimensions réduite– sans masques. Il a même été envisagé que chaque participant se présente avec un test récent.

Interdiction est faite de tenir des concerts. Un sens de circulation dans la fête devait être prévu. Un groupe de médecins spécialistes devait être associé au travail de l’Agence régionale de santé. Mais ce qui est le plus important (et tout à fait compréhensible) une autorisation qui nous serait donnée aujourd’hui pourrait ne plus être valable en septembre à cause de l’évolution de la pandémie. Cette question est très importante car la Fête se tient à la croisée de plusieurs villes.
 
Dans l’après-midi du 12 juillet, le préfet me fait comprendre qu’il avait donné son aval à un rassemblement de 20 000 personnes par jour mais que la jauge de 5000 était toujours le critère. Il me faisait comprendre par là qu’il ne pouvait pas prendre une décision allant au-delà de cette jauge en vigueur sur le terrain de La Courneuve.

Ajoutons à cet ensemble : réduction du nombre de participants, autorisation aléatoire, le fait que le Groupe l’Humanité est juridiquement en « plan de redressement- continuation ». Le Tribunal de commerce a officieusement été consulté sur les risques encourus ainsi que les deux commissaires à l’exécution du plan. Ceux-ci sont défavorables à cette prise de risques. C’est dans ces conditions que nous avons cheminé pour décider de ne pas tenir la Fête dans le lieu habituel et de proposer « une Fête de l’Humanité autrement ». 
 
La Fête de l’Humanité aura lieu autrement
 
Article publié dans l'Humanité du lundi 20/07/2020.
 
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Celle-ci se tiendra dans un tout autre format qu’il nous faut inventer sous la pression de l’urgence.

La Fête aura ainsi lieu en plusieurs endroits (8 à 9 lieux) mêlant initiatives de solidarité, débats, expressions artistiques et culturelles, petit concerts, rencontres internationales, entretiens publics ou cartes blanches à des personnalités. L’ensemble des événements sera retransmis sur une plateforme numérique dédié : fete.humanite.fr/

Elle sera complétée par des extraits de concerts passés à la Fête, de débats marquants ou de rencontres importantes. Ceci sera rendu possible pour partie grâce à l’Institut national de l’audiovisuel qui sera partenaire de la Fête.

Tenir la Fête est un acte de résistance, un moment de solidarité, d’échanges pour les combats communs, un moment pour la culture, un moment de débats et de solidarité internationale.

Nous y valoriserons l’humanité des travailleurs considérés comme les premiers de corvée et l’humanité des citoyens durant la pandémie et le confinement.

Afin de faire face aux engagements financiers que nous avions déjà pris et aux frais à venir pour monter cette « autre Fête », nous lançons un bon de soutien à l’Humanité d’une valeur de 25€. Dans le cadre de notre partenariat avec le Secours populaire français, 5€ seront reversé à cette association pour des projets destinés aux enfants. Ce partenariat se déploiera dans un lieu particulier dédié de la Fête.
 
 
En échange du bon de soutien chaque acheteur recevra un beau Hors-série collector de la Fête retraçant son histoire.

Vous pouvez sans attendre acheter des bons de soutien pour vous et vos amis. Chaque bon de soutien se présentera comme une carte postale avec un coupon détachable à renvoyer impérativement pour que les contributeurs puissent recevoir leur Hors-série la semaine du 8 septembre.

Pour commander des bons de soutien, utilisez le bulletin ci-joint. Vous recevrez votre carte postale-bon de soutien après le 15 août.
 
 
J’ai consacré mon éditorial de L’Humanité Dimanche à contrecarrer la petite rengaine mensongère du pouvoir selon laquelle il n’augmente pas les impôts. Il s’agit en réalité d’une campagne fallacieuse visant à baisser la fiscalité du capital tandis que la fiscalité indirecte ne cesse d’augmenter. Elle cache le refus de la nécessaire révolution fiscale pour progresser vers la justice. 
 
Ah ! L’impôt
 
L’éditorial de L’Humanité Dimanche du 23 juillet.
 
Lire ici
 
La réunion du Conseil européen (réunion des chefs d’Etat et de gouvernement des 27 pays de l’Union européenne) a donné le triste spectacle des égoïsmes et des intérêts divergents, loin des besoins et des angoisses des peuples. L’esprit de concurrence qui domine est à l’opposé d’une Europe de la coopération et du progrès social et écologique.

Notre journaliste Gaël De Santis a bien présenté ce qui se tramait dans deux dossiers publiés dans l’Humanité des lundi et mardi derniers.
 
 
 
L'Humanité du lundi 20/07 - pp. 12-13.
 
En miettes, l’Europe peine à trouver un accord économique (Nadjib Touaibia) - lire ici.
 "L'UE reste profondément libérale" (Rosa Moussaoui) - lire ici.
 
L'Humanité du mardi 21/07 - pp. 12-13.
 
Ces blocs qui divisent l’Europe (Gaël De Santis) - lire ici.
  « Du vol de recettes fiscales » (Pierric Marissal) - lire ici.
 
 
Le plan initial prévoyait un programme de crédits (levés sur les marchés financiers) et un programme de subventions. Le tout devait atteindre 750 milliards d’euros. La part des subventions a été rabotée de plus de 100 milliards mais celles-ci devront être remboursées à terme dans le cadre des contributions de chaque Etat au budget communautaire. Les prêts s’élevant à 360 milliards d’euros devront être forcément remboursés à des taux d’intérêt élevés car ils ne sont pas levés auprès de la Banque centrale européenne mais sur les marchés financiers et seront donc objet de spéculations. Ceci augmentera encore la dette des Etats alors qu’il faudrait trouver le moyen de la diminuer. Pire, l’octroi des prêts et dans une certaine mesure des subventions sera conditionné à la mise en place de programmes dit de « réformes structurelles » c'est-à-dire l’obligation de détruire les systèmes de retraite ou de sécurité sociale ou encore de modifier le droit du travail. Le texte de l’accord précise que « la Commission européenne analysera chaque plan de relance nationale à la lumière des politiques socio-économique que lui adressera l’échelon européen nationalement ». Les cris de victoire du président de la République cachent le fait que le budget européen servira de variable d’ajustement à cette opération puisque le budget agricole et le programme de développement rural vont diminuer, comme les crédits affectés à la transition écologique. Le programme pour la santé EU4Health disparaît alors qu’il avait été introduit pour permettre de faire face à la faillite de l’Union européenne durant la crise sanitaire.

Et les pays qui ont fait de la résistance face à cet accord obtiennent des rabais important sur leur contribution au budget de l’Union. Ainsi les Pays-Bas gagnent 1,9 milliard d’euros, la Suède 1 milliard, tout comme le Danemark et l’Autriche. L’Allemagne conserve son avantage de 3,6 milliards et conserve le droit de percevoir des droits de douane à 25% sur les importations transitant par son territoire tout comme la Belgique et les Pays-Bas. Et la France ? M. Macron est venu faire son numéro à la télévision mais il s’est bien gardé de faire la clarté sur la nature de cet accord et sur le fait que certes notre pays peut obtenir entre 35 et 40 milliards de ce plan (encore faudrait-il discuter des conditions d’utilisation des cet argent) mais il a caché les conditions du remboursement.
 
C’est pourquoi il veut coûte que coûte mettre en œuvre la contre-réforme des retraites, et vient de tromper tout le monde sur l’assurance chômage. Le débat et les combat sur les enjeux de coopération européenne et les nécessités de solidariser les travailleurs sur le continent sont trop délaissés au moment ou l’Union européenne se fait toujours plus le cheval de Troie du capital international et des paradis fiscaux. En effet durant ce Conseil, ce sont les Pays-Bas, paradis fiscal et pays captant la valeur ajoutée agricole sur un océan de lisier, qui a mené la danse contre le soutien aux peuples du sud. Un autre choix était possible : celui d’utiliser la Banque centrale européenne prêtant à la Commission aux taux d’intérêt négatif en cours pour désendetter les Etats et lancer des grands plans de reconstruction des services publics, particulièrement dans la santé, pour réindustrialiser dans le cadre d’une transition environnementale, pour développer le fret ferroviaire ou la rénovation énergétique des habitations.
 
 
Des lectures pour l'été...
 
« De l’effet papillon à l’effet pangolin.
Petit essai philosophique sur le coronavirus »
Pendant la pandémie du coronavirus les soignants soignent, les gendarmes gendarment, les transporteurs transportent, les étudiants étudient, les enseignants télé-enseignent, les médias médiatisent. Les gouvernants, plus que jamais, s’arrogent le droit de diriger. Quant aux philosophes, ils philosophent. Ces quelques réflexions ont été rédigées en mars 2020, en plein confinement, avec le secours de Platon, Aristote, Pascal, Rousseau, Kant, Sartre et quelques autres. Et si cette pandémie ramenait à la surface des problèmes essentiels de nos sociétés et de chacun de nous ?
 
Jean-Paul Jouary est agrégé et docteur en philosophie. Il a publié une trentaine d’ouvrages.
 
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« Après la crise sanitaire ?
L'après capitalisme »
Après la violence de ce que nous avons dû endurer, qui nous frappe encore et le monde entier avec nous, il ne faut pas « la jouer petit bras ». Laissons l’eau tiède à qui s’en satisfait ! Et disons plutôt : aux grands maux les grands remèdes ! Car la question n’est pas celle du « jour d’après », mais celle du « système d’après », celle de « l’après-capitalisme », celle de ce que Marx appelait pour sa part « le communisme », mais un « communisme » pensé à neuf, qui n’a rien à voir avec ce que l’histoire a catalogué sous ce terme. Mais ne nous bloquons pas sur le mot, explorons plutôt ensemble son contenu possible. Ma conviction est que « le monde à l’envers du confinement le soir chez soi » a ouvert les yeux, musclé les ré­flexions, libéré les prises de conscience et délié les imaginaires, et que le monde dit à l’endroit – celui de nos habitudes et de la vie dite « normale » – en a pris un sacré coup.
 
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Patrick Le Hyaric
 
 
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