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 La Lettre du 11 juillet 2020
 
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Bonjour à chacune et chacun,

Une forme de soulagement a accompagné l’approche des congés d’été et des jours ensoleillés. « L’épidémie est derrière nous » entendait-on un peu partout. Malheureusement, il semble que ce Covid-19 soit toujours là. Il revient à petit pas après le déconfinement et les semaines d’espoir qui suivirent. Partout dans le monde on assiste à une reprise de l’épidémie, et la France ne fait pas figure d'exception.
 
Les médecins les plus sérieux alertent sur la nécessité de respecter les fameux « gestes barrières » après avoir observé une augmentation de cas détectés et des hospitalisations. De ce point de vue, il est surprenant d’avoir observé lors des passations de pouvoir, sur le perron de certains ministères, des ministres se serrer la main ou s’embrasser. Ce sont eux qui par la suite viendront donner des consignes de prudence ! Comment les croire ? On se retrouve dans cette situation où il manque des « préleveurs » pour effectuer les tests nécessaires. Il convient donc de rester prudent et de respecter au mieux les dispositifs sanitaires préconisés.
 
Cette pandémie affecte celles et ceux qui sont touchés par la maladie et leurs familles,  mais elle heurte aussi très fortement l’économie, les entreprises (particulièrement les plus petites) et les travailleurs. Cette reprise de l’épidémie et ce que nous demandent les autorités de santé aura un impact nouveau sur la décision définitive que nous devons prendre d’ici vendredi prochain, le 17 juillet, au sujet de la Fête de l’Humanité, normalement prévue pour dans 9 semaines. Ce retard devient maintenant très préjudiciable. Les incertitudes sur l’évolution de la pandémie, l’interdiction -pour l’instant- d’organiser des rassemblements de plus de 5000 personnes et la situation économique de l’Humanité compromettent désormais sérieusement la tenue d’une fête « physique ». Nous donnerons en fin de semaine prochaine des éléments sur notre décision après la finalisation de nos négociations entamées depuis déjà plusieurs semaines avec les autorités Etatiques et sanitaires.
 
On fait mourir « la Politique » pour mieux laisser la place aux marchés financiers internationalisés, aux institutions financières et aux détenteurs du capital.
 
En cette semaine de mise en place du nouveau gouvernement, j’ai consacré mon éditorial de L’Humanité Dimanche à la nomination du nouveau Premier ministre et à la situation de notre République sous le titre « La République aux mains du monarque ».
 
La République aux mains du monarque
 
L’éditorial de L’Humanité Dimanche du 09 juillet – par Patrick Le Hyaric
 
Lire ici
 
Il y a ici des questions extrêmement lourdes trop sous-estimées dans les rangs de celles et ceux qui veulent transformer les sociétés par la voie citoyenne et populaire. La nature même de la République française, enserrée dans les traités européens, la nature de nos institutions poussant à un présidentialisme exacerbé, les liens entre ce système et les hauts cadres de l’oligarchie qui confine à la consanguinité. Ceci évidemment ne peut s’examiner en dehors du cadre des évolutions du capitalisme mondialisé et financiarisé.

Nous venons de traverser un long cycle de mouvements sociaux, citoyens et populaires qui vont des contestations des « lois canif » contre le code du travail et des cadeaux sans demandes de résultats au grand patronat notamment avec le CICE lancés sous François Hollande (lequel a trompé les travailleurs en criant que l’ennemi était la finance), des mouvements syndicaux contre la poursuite des destructions du droit du travail par le pouvoir de M. Macron, ceux des Gilets jaunes, au puissant mouvement s’opposant à la contre-réforme des retraites. Mais le président de la République ne veut rien écouter.

La pandémie et ses questionnements au sujet de bien des aspects de notre mode de vie auraient dû conduire à un dialogue approfondi avec l’ensemble de la société, à des remises en cause. Le niveau de l’abstention aux élections municipales devrait conduire le pouvoir, ainsi que toutes les forces politiques, à des débats publics approfondis sur ses causes et sur la nature des demandes qu’expriment ce mouvement d’abstention. Quid de la nature même de notre démocratie dite « libérale » ? Rien de tout cela n’a eu lieu. Une démocratie, pour fonctionner, suppose des participations politiques, des pluralités d’opinion, d’expression, des contrepouvoirs au sein même du pouvoir, des équilibres de sensibilité politiques. Au lieu de cela nous vivons une époque d’apparitions présidentielles télévisuelles, de courtisaneries, de brutalités en tous genres, de narcissismes et de courses d’égo, de « coups de com’ » jusque dans le choix des ministres… Tout en plaçant les cadres de l’Elysée et les amis du président dans leurs cabinets ministériels pour les surveiller et diriger la politique..
 
 
Les forces de transformation révolutionnaires ont l’immense responsabilité de se mettre au service des classes laborieuses pour aider à faire appréhender les questions politiques et la nature de classe du système.
 
 
Où est le début d’un commencement de l’intérêt national ? Le président de la République décide seul des changements de personnels politique au gouvernement sans même en référer à sa majorité parlementaire ni à son parti. C’est ce qui explique que la réunion du groupe parlementaire majoritaire ne s’est pas très bien passée lors de la venue du Premier ministre qui, pourtant, avait pris soin d’inviter ce même groupe à Matignon quelques heures après sa nomination. On progresse vers un système dans lequel la République est aux mains du seul président. Ceci sur fond d’une scène médiatique infantilisante, enfermant les prétendus « débats » dans des faux débats pour ne jamais parler des choix fondamentaux et de ce qui y conduit. On fait mourir « la Politique » pour mieux laisser la place aux marchés financiers internationalisés, aux institutions financières et aux détenteurs du capital. Eux font « de la politique » ; la leur, au détriment des couches populaires dont beaucoup semblent se satisfaire du fait qu’elles n’aillent plus aux urnes. Les forces de transformation révolutionnaires ont l’immense responsabilité de se mettre au service des classes laborieuses pour aider à faire appréhender les questions politiques et la nature de classe du système.

Ajoutons qu’il est indispensable de revenir sur la corruption des idéaux et des valeurs. Certaines en apparence au service des déshérités servent à brouiller les pistes, à diviser les travailleurs, à déplacer des débats pour neutraliser l’intervention populaire. Pire : à dégager du terrain pour l’extrême droite ? Dès lors qu’on accepte de mettre un voile sur les rapports de classe on laisse diviser ou neutraliser les mouvements populaires.

Surtout, s’il ne naît pas une perspective politique de transformation, l’abstention se poursuivra tant qu’on assistera à ce qu’il y a de pire : les volte-face de ceux qui il y a moins de cinq ans se proclamaient « socialistes » et qui se sont retrouvé aux municipales faisant alliance avec la droite après avoir adhéré au parti d’un président qui sort lui-même du sérail bien doté des cadres d’état ou bancaires socialistes. M. Collomb à Lyon n’a été que la partie très visible de cet iceberg des traîtrises et renoncements aux valeurs et aux idéaux dont ils ont fait semblant de se réclamer. Il en est d’ailleurs de même de ceux qui déclarent « Edouard revient ! » pour tenter de critiquer l’actuel Premier ministre, laissant de côté les enjeux politiques et la nature du système quasi-bonapartiste à l’œuvre. La démocratie française s’abîme, se déchire, se fond dans cette monarchie présidentielle poussée à son paroxysme. Dans ces conditions l’une des questions principales est de savoir s’il faut s’enfermer dans ce jeu présidentiel ou plutôt mener le combat pour que les salariés, les paysans, les artisans, les actrices et acteurs de la culture, les retraités agissent pour obtenir du/des pouvoirs au sein des entreprises jusqu’au pouvoir d’Etat.

D’importantes forces sont disponibles pour ce combat. C’est du reste ce qu’avait commencé à faire émerger le mouvement des Gilets jaunes. (Voir mon livre " Gilets jaunes : un sursaut populaire ").

Des mouvements populaires doivent reprendre et notamment pour contrer l’entêtement de ce présidentialisme à faire voter de force une contre-réforme des retraites, contre l’avis de tous les syndicats, du patronat et des 60% des français qui s’y opposent. La CGT a raison de convoquer une manifestation à la mi-septembre contre ce projet.
 
Pour une vraie défiscalisation des abonnements
 
Dans le cadre de la préparation du troisième collectif budgétaire, l’Assemblée nationale a débattu, le 30 juin, de notre proposition d’accorder une déduction fiscale aux abonnés des journaux d’information politique et générale (IPG). Mais, le gouvernement a saboté ce qui pourrait constituer une aide aux citoyennes et citoyens souhaitant recevoir chez eux des journaux de cette catégorie. En effet, il n’a proposé qu’un maigre crédit d’impôt « sur le revenu de 50 % dans la limite de 50 euros au titre du premier abonnement… pour une part de quotient familial à 10 000 euros ». Une annonce qui toucherait environ 500 000 personnes jusqu’à… décembre 2022. À la veille de l’élection présidentielle comme par hasard ! Le coût de la mesure est évalué à 26 millions d’euros par le gouvernement quand des milliards tombent là où c’est déjà largement mouillé. Autant dire à peine une aumône jetée à nos pieds !
 
L’amendement gouvernemental ne tient aucun compte du prix réel de production et de distribution d’un journal. Déjà, le prix d’un abonnement que règle aujourd’hui un abonné – même s’il est élevé – est déjà réduit dans d’importantes proportions.
 
Le Sénat doit entamer la discussion sur ce projet de loi de finances rectificative pour 2020 le 16 juillet prochain. Nous appelons à amplifier la mobilisation avec la pétition que nous avons mise à disposition, avec des adresses aux sénateurs de tous les départements ainsi qu’au nouveau gouvernement pour que soit voté, à l’occasion du renouvellement de leur abonnement, un véritable crédit d’impôt pour tous, d’au moins 50 %, pour un plafond de revenus de 28 000 euros pour une durée expérimentale d’au moins cinq années.
 
Il s’agit d’une aide pour celles et ceux qui souhaitent conserver ce moyen d’information, de culture et de débat que constitue le journal et de permettre à d’autres d’y accéder alors que la crise sociale qui s’avance conduira des foyers populaires à réduire encore certaines dépenses. Nous savons que trop souvent l’abonnement au journal en est la victime.
 
Il s’agit d’un enjeu démocratique d’accès à une pluralité de points de vue sur les événements locaux comme mondiaux au moment où le grand « média-business » envahit tout et se présente comme étant gratuit alors que tout consommateur-citoyen le finance largement en payant la part de publicité des produits qu’il achète.
 
Il s’agit de permettre à la presse d’information politique et générale de se développer, condition d’une citoyenneté et d’une démocratie vivantes.
 
Nous en appelons à tous les parlementaires, notamment les sénateurs, qui peuvent encore modifier l’amendement gouvernemental. Ils produiraient ainsi un acte important pour le pluralisme, le lien social et l’emploi dans la filière de la presse en difficulté. La mobilisation avec la pétition ces prochains jours peut faire bouger la situation. 
 
3 options pour signer :
« De l’effet papillon à l’effet pangolin.
Petit essai philosophique sur le coronavirus »
Pendant la pandémie du coronavirus les soignants soignent, les gendarmes gendarment, les transporteurs transportent, les étudiants étudient, les enseignants télé-enseignent, les médias médiatisent. Les gouvernants, plus que jamais, s’arrogent le droit de diriger. Quant aux philosophes, ils philosophent. Ces quelques réflexions ont été rédigées en mars 2020, en plein confinement, avec le secours de Platon, Aristote, Pascal, Rousseau, Kant, Sartre et quelques autres. Et si cette pandémie ramenait à la surface des problèmes essentiels de nos sociétés et de chacun de nous ?
 
Jean-Paul Jouary est agrégé et docteur en philosophie, et enseigne à Paris et Abidjan. Il a publié une trentaine d’ouvrages, parmi lesquels, en 2019, La parole du mille-pattes. Difficile démocratie (éditions Belles Lettres) et Manuel de philosophie populaire. Sous les idées, la vie.
 
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« Après la crise sanitaire ?
L'après capitalisme »
Après la violence de ce que nous avons dû endurer, qui nous frappe encore et le monde entier avec nous, il ne faut pas « la jouer petit bras ». Laissons l’eau tiède à qui s’en satisfait ! Et disons plutôt : aux grands maux les grands remèdes ! Car la question n’est pas celle du « jour d’après », mais celle du « système d’après », celle de « l’après-capitalisme », celle de ce que Marx appelait pour sa part « le communisme », mais un « communisme » pensé à neuf, qui n’a rien à voir avec ce que l’histoire a catalogué sous ce terme. Mais ne nous bloquons pas sur le mot, explorons plutôt ensemble son contenu possible. Ma conviction est que « le monde à l’envers du confinement le soir chez soi » a ouvert les yeux, musclé les ré­flexions, libéré les prises de conscience et délié les imaginaires, et que le monde dit à l’endroit – celui de nos habitudes et de la vie dite « normale » – en a pris un sacré coup.
 
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Patrick Le Hyaric
 
 
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