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 La Lettre du 25 juin 2020
 
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 La vigilance est de mise !

Dans quelques heures, dans plus de 5000 communes, les citoyens iront choisir leur conseil municipal au sein desquels seront élus les maires et leurs adjoints. Loin d’être une élection banale ou encore un simple choix de personne qui se résumerait à désigner le meilleur sourire, c’est bien d’une question d’orientation de politique locale qu’il s’agit. C’est aussi un moyen de ne pas ouvrir les portes à des élus locaux qui seraient les relais du macronisme ou de la droite. Autrement dit, choisir des élus progressistes, écologistes et communistes dans l’union, c’est aussi le moyen de créer des boucliers sociaux, démocratiques et écologistes face à la déferlante que prépare le pouvoir au service des puissances de l’argent. C’est le sens de mon éditorial de la semaine dans L’Humanité Dimanche.
 
 
Le retour du beau temps porte avec lui une naturelle insouciance. Et le désir tout aussi naturel de retrouver la liberté des corps, les rires, les échanges, toute cette énergie vitale que ces mois de confinement auront sévèrement contenue. Pour autant, la méfiance reste de mise. Loin d’avoir disparu, le virus continue son périple à travers le monde, frappant très durement les Etats-Unis sous le regard goguenard de leur président, le continent latino-américain et gagnant désormais l’Afrique et l’Asie du sud. En France, entre 500 et 1000 nouvelles infections sont déclarées chaque jour et 4 à 5 nouveaux foyers épidémiques recensés. Il faut donc rester extrêmement vigilant, maintenir tous les gestes barrières et le port du masque en milieu confiné pour garder le contrôle sur l’épidémie. D’autant que nombre de voix s’accordent à penser que l’épidémie, aujourd’hui plus virulente dans l’hémisphère sud, reviendra frapper le nord avec l’automne. Les conséquences d’un reconfinement de l’Europe pourraient alors s’avérer catastrophiques.

Il est frappant de constater que les foyers épidémiques réapparaissent en lieu confiné, et singulièrement dans les lieux de travail où la promiscuité est la plus grande et qui sont également ceux où l’exploitation des travailleurs est la plus féroce : dortoirs de travailleurs saisonniers dans l’agriculture, abattoirs où s’entasse une main d’oeuvre ouvrière immigrée comme on a pu le constater en Allemagne, mais aussi, dans une moindre mesure pour l’instant, en France. Des Länder se reconfinent outre-Rhin en conséquence. On le voit donc, le travail et son exploitation est, une fois encore, au cœur du phénomène.

Les conséquences de la pandémie s’avèrent également redoutables pour les autres pathologies. Ainsi, ONUSIDA, l’organisation internationale chargée de la lutte contre le VIH, estime dans un communiqué du 22 juin que l’« interruption de six mois de la thérapie antirétrovirale pourrait se traduire par 500 000 décès supplémentaires liés au sida » : une hécatombe bien supérieure aux morts du Covid-19, liée à l’interruption du trafic aérien et maritime et aux mesures de confinement qui, combinées, sont en train de produire une rupture d’approvisionnement de matières premières nécessaires aux traitements antiviraux. Nous sommes donc loin d’en avoir fini avec l’épidémie elle-même et ses conséquences sur la santé comme sur l’économie mondiale. Les politiques publiques de ce secteur d’intérêt général doivent pouvoir être planifiées, à rebours du court-termisme qui caractérise sa gestion aux mains de la finance. Et le débat sur l’avenir des politiques de santé aux échelles nationales comme mondiales, en lien avec l’ONU et l’Organisation mondiale de la santé, doivent donc se poursuivre pour extirper la santé des logiques de profit. Une industrie pour la santé doit être reconduite comme le proposent les auteurs du livre  « Des soins sans industrie ? » (Jean pierre Escaffre, Jean Luc Maletras et Jean Michel Toulouse). 
 
Restent les questions de la brevetabilité des médicaments -qui devraient devenir des biens communs- et de la propriété publique des grands laboratoires et de l’industrie pharmaceutique.
 
Nokia : le résultat de mensonges a répétition
 
L’hémorragie s’amplifie sur le front du travail. La pandémie fournit un excellent prétexte pour faire passer des plans de suppressions de postes concoctés bien en amont. C’est ainsi que le groupe Nokia, propriétaire d’Alcatel-Lucent, vient de décider de sabrer dans les effectifs de sa filiale, au nom d’un « projet de rationalisation de ses activités » qui ne vise, derrière l’insupportable jargon, qu’à augmenter la « compétitivité » du géant des télécoms. 1233 postes, dont 83% en recherche et développement, vont ainsi être supprimés en France sur un total de 5000 salariés, soit près d’un quart des effectifs de la filiale française du groupe finlandais.

Il s’agit du 4ème plan de réduction des effectifs en à peine 5 ans (le dernier n’étant pas encore arrivé à terme !) depuis l’absorption d’Alcatel-Lucent par Nokia en 2016. Un rachat supervisé par le ministre des finances de l’époque, un certain… M. Macron. Celui qui a depuis pris les rênes de l’Etat s’était alors fait le garant du maintien de l’emploi en France sur une période de 4 ans. Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que Nokia outrepasse toutes ses promesses, sans que l’Etat ne daigne réagir.

Ce plan laisse présager un avenir sombre pour le groupe et sa filiale en bloquant ses perspectives de développement. Le site de Lannion dédié à la cyber-sécurité, secteur pourtant ô combien stratégique, va perdre la moitié de ses 800 emplois, laissant craindre une fermeture définitive imminente et la délocalisation de ses activités avec des conséquences terribles sur tout un bassin d’activité dans les Côtes d’Armor. Et le pire est à craindre : une rumeur insistante court selon laquelle les Etats-Unis seraient prêts à lancer prochainement une OPA sur le groupe finlandais, profitant de la déstabilisation du marché des télécoms provoquée par l’arrivée fracassante de la 5G, et dans le cadre de la guerre économique déclenchée contre La Chine. Le site de Lannion n’existerait dès lors plus que dans les livres d’histoire…
 
Manifestation des salariés de Nokia à Lannion manifestent suite à l'annonce d'un plan de licenciements en 2017.
Il s’agit du 4ème plan de réduction des effectifs en à peine 5 ans depuis l’absorption d’Alcatel-Lucent par Nokia en 2016. Un rachat supervisé par le ministre des finances de l’époque, un certain… Emmanuel Macron.
 
Certes, les deux concurrents du géant des télécoms, Ericsson et Huawei, se sont récemment engagés à créer des emplois en France (qui ne combleront toutefois pas, loin s’en faut, les licenciements prévus par Nokia), mais le prix à payer du point de vue de la souveraineté industrielle et numérique risque de s’avérer colossal.

Il serait trop long ici de faire le long récit du désossement d’Alcatel depuis sa fusion avec le nord-américain Lucent en 2006, inaugurée par la suppression de 12 500 emplois, auxquels suivront d’autres terribles saignées. Michel Combes, alors PDG d’Alcatel-Lucent, expliquait pourtant doctement au Monde en 2015, juste avant le rachat de son entreprise par Nokia, que « les équipes françaises joueront un rôle primordial » ou encore que « le pilotage mondial de l’innovation et de la recherche se fera depuis la France » et, pour finir, que « ce projet va même renforcer l’emploi en France ». Les promesses des capitalistes n’engagent décidemment que ceux qui y croient. Et encore une fois, la lucidité fut et reste du côté des syndicats.

Quelques semaines après les envolées lyriques du président sur la souveraineté, voilà que la France s’ampute quasi définitivement d’un outil industriel de pointe dans un secteur déterminant pour contrer les ambitions impérialistes des géants du numérique et garantir la souveraineté numérique du pays. L’Etat doit impérativement intervenir, non seulement pour sauver les emplois en s’opposant au plan prévu par Nokia, mais surtout pour créer une filière robuste dans le secteur des télécommunications, condition d’une coopération européenne dans ce secteur décisif. Rappelons que le crédit-impôt-recherche (CIR) finance 30% des salaires des postes en recherche et développement d’Alcatel-Lucent. L’argent public n’a pas vocation à accompagner les déroutes industrielles ! Les salariés et leurs syndicats, fortement mobilisés, doivent être soutenus.
 
L’épopée de la Convention Citoyenne sur le Climat
 
Dimanche dernier, la Convention Citoyenne pour le Climat a rendu publiques ses recommandations destinées à « réduire les émissions de gaz à effet de serre françaises d’au moins 40% par rapport à 1990, dans un esprit de justice sociale ». Il est utile d’analyser l’exercice original de démocratie que réalise cette Convention composée de 150 personnes constituant un échantillon représentatif de la population. D’autre part, il est intéressant de se rappeler que cette convention a été obtenue après les luttes des Gilets jaunes puis ce que l’on a appelé les Gilets citoyens, après le fiasco que constituait le prétendu « Grand débat » national. Il a fallu des mois de mobilisation, d’interventions de personnes comme Cyril Dion ou Marion Cotillard pour obtenir finalement cette initiative le 25 avril 2019. La Convention a donc été le résultat de luttes commencées avec les Gilets jaunes. Ce n’est pas une initiative du pouvoir. Qu’il y ait eu tentative de récupération, c’est certains. Les conclusions ont été rendues au moment où les températures atteignaient dans l’Arctique les 38°C. Un record qui démontre une nouvelle fois l’urgence absolue de combattre les causes du réchauffement climatique.

Evidemment, la résolution l’équation de l’ordre du jour fixé ne peut pas se satisfaire de demi-mesures. C’est ce qu’ont mis en évidence les citoyens de la Convention en affichant la nécessité d’instituer certaines mesures en rupture avec l’ordre capitaliste. C’est le principal mérite de cette Convention, au-delà des mesures retenues, que d’avoir levé un voile sur les impasses du modèle de production et de développement capitaliste. La proposition d’un moratoire sur le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada en est un bon exemple, comme celle de s’attaquer aux dividendes des grands groupes ou encore celle d’inscrire plusieurs dispositions nouvelles dans la Constitution dont le crime d’écocide.
 
 
Le débat public doit pouvoir s’emparer de cette initiative nouvelle en même temps que la représentation nationale. Les partis politiques, collectifs citoyens, associations qui militent pour la rénovation des logements, contre l’obsolescence programmée, contre les pesticides les plus dangereux ou la réorientation de la production automobile doivent trouver ici des points d’appui. Il reste des faiblesses dans les réflexions et les propositions : il n’a pas été possible de retenir la réduction du temps de travail hebdomadaires à 28h, il n’y a pas de proposition sur la réindustrialisation dans le cadre d’une métamorphose environnementale, il n’y a rien non plus sur l’atout que représente notre façade maritime.
L’ensemble doit pouvoir être pensé dans le cadre d’une visée nouvelle pour le pays, prenant en compte l’absolue nécessité d’un redressement industriel, une réorientation du modèle agricole vers une agriculture paysanne, une réorientation de la politique des transports et des mobilités et des choix audacieux pour le logement en renforçant les offices publics...

Insistons sur le fait qu’un référendum ne changera jamais la réalité du rapport de force politique et social. La lutte pour la défense de l’environnement est inséparable de celle pour extirper le travail et la production de la course au profit. Et cette affaire est avant tout celle de toutes celles et tous ceux qui sont appelés chaque jour, par leur travail, à produire les bien et les services du pays.
 
 
En vous souhaitant une bonne fin de semaine et restant à votre disposition recevez mes amicales salutations.

Patrick Le Hyaric
 
  
 
« Le Feu d’Elsa » une belle et exceptionnelle édition spéciale de l’Humanité
 
ELSA TRIOLET, 1896-1970 - A la découverte d’une célèbre inconnue
 
L’un des plus grands poètes du XXe siècle l’a aimée, Louis Aragon. Elle fut renvoyée au rang de muse, cantonnée à ce rôle, effacée derrière la figure écrasante de son époux. Mais qui se cachait derrière Les yeux d’Elsa ? Qui fut l’écrivaine Elsa Triolet, auteure d’une œuvre littéraire considérable, née en Russie, qui publia vingt-sept livres et devint la première femme à obtenir le prix Goncourt, en 1944 ? Qui fut la Résistante, qui fut cette grande intellectuelle de l’après-guerre, son prénom devenant un mythe ?

Cinquante ans après sa mort, survenue le 16 juin 1970, l’Humanité a décidé de rendre hommage à cette femme exceptionnelle, complexe, amoureuse et inquiète, porteuse des promesses et des beautés de l’aube.

Ce hors-série, intitulé « Le Feu d’Elsa » et réalisé en partenariat avec le Maison Elsa Triolet-Aragon, vise deux objectifs : sortir Elsa Triolet du purgatoire au fond duquel elle est restée assignée ; et aider redécouvrir ce talent littéraire hors normes, injustement tombé dans l’oubli.
 
 
 
 Lectures
 
Je vous conseille de lire deux petits livres très intéressants parus aux éditions de L’Humanité. Ecrits par deux philosophes communistes de grande qualité, Jean Paul Jouary et Bernard Vasseur, tous deux tirent à partir d’angles différents des enseignements de la période qui vient de s’écouler tout en traçant des perspectives pour l’avenir. Deux livres utiles donc à la fois pour se cultiver et pour se donner des atouts supplémentaires dans le combat pour un autre monde.
 
« De l’effet papillon à l’effet pangolin.
Petit essai philosophique sur le coronavirus »
Pendant la pandémie du coronavirus les soignants soignent, les gendarmes gendarment, les transporteurs transportent, les étudiants étudient, les enseignants télé-enseignent, les médias médiatisent. Les gouvernants, plus que jamais, s’arrogent le droit de diriger. Quant aux philosophes, ils philosophent. Ces quelques réflexions ont été rédigées en mars 2020, en plein confinement, avec le secours de Platon, Aristote, Pascal, Rousseau, Kant, Sartre et quelques autres. Et si cette pandémie ramenait à la surface des problèmes essentiels de nos sociétés et de chacun de nous ?
 
Jean-Paul Jouary est agrégé et docteur en philosophie, et enseigne à Paris et Abidjan. Il a publié une trentaine d’ouvrages, parmi lesquels, en 2019, La parole du mille-pattes. Difficile démocratie (éditions Belles Lettres) et Manuel de philosophie populaire. Sous les idées, la vie.
 
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« Après la crise sanitaire ?
L'après capitalisme »
Après la violence de ce que nous avons dû endurer, qui nous frappe encore et le monde entier avec nous, il ne faut pas « la jouer petit bras ». Laissons l’eau tiède à qui s’en satisfait ! Et disons plutôt : aux grands maux les grands remèdes ! Car la question n’est pas celle du « jour d’après », mais celle du « système d’après », celle de « l’après-capitalisme », celle de ce que Marx appelait pour sa part « le communisme », mais un « communisme » pensé à neuf, qui n’a rien à voir avec ce que l’histoire a catalogué sous ce terme. Mais ne nous bloquons pas sur le mot, explorons plutôt ensemble son contenu possible. Ma conviction est que « le monde à l’envers du confinement le soir chez soi » a ouvert les yeux, musclé les ré­flexions, libéré les prises de conscience et délié les imaginaires, et que le monde dit à l’endroit – celui de nos habitudes et de la vie dite « normale » – en a pris un sacré coup. 
 
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