Dans les jours qui viennent commence une nouvelle étape qui nous permettra peut-être de retrouver progressivement une part de liberté.
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 La Lettre du 17 mai 2020
 
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Bonjour à chacune et chacun,

Nous avons entamé la première semaine de ce que l’on appelle « le déconfinement ». Il faut d’abord avoir une pensée pour toutes celles et ceux encore malades et aux familles endeuillées par des pertes de proches. Tout est loin d’être terminé. Pour revenir à cette nouvelle période, il convient aussi de mesurer que beaucoup de travailleurs et de travailleuses n’ont jamais été confiné•e•s.
 
Les premiers de corvée

Et, dès le premier jour on a pu observer que les transports étaient bondés à 7h et moins à 8h30 parce que les mêmes allaient au turbin. La France ne se divise pas en zone rouge ou verte. Non, elle est divisée entre ceux qui vont trimer dur, à qui on demande de surcroit un bout de papier pour se justifier. S’il ne le présente pas il écope d’une amende qui représente le double voire le triple de ce qu’il gagne dans sa journée.

Ceux qui se lèvent tôt emplissent les transports sans pouvoir respecter les règles de distanciation physique, sans avoir le choix, ils courent le risque d’être rattrapés par la pandémie. Ces travailleurs au contact des réalités matérielles sont la base réelle de la société. Il faut donc les rémunérer comme il se doit. Il faut augmenter les bas salaires et le Smic. Ceci ne signifie pas qu’il faille se désintéresser des autres qui eux aussi ont un rôle dans le fonctionnement de la société, des cadres jusqu’au responsables d’entreprises, mais force est de constater qu’il faut commencer par les petits salaires des ouvrier•e•s et employé•e•s. Or, même pour eux les masques ne sont pas gratuits. Raison de plus pour relancer notre campagne de signatures pour la gratuité des masques.
 
 
Accéder à la pétition
 
 
Dans mon éditorial de L’humanité Dimanche je suis revenu sur une question politique majeure : celle du pouvoir de ces salarié•e•s dans le cadre de nouvelles nationalisations. Elles sont plus nécessaires que jamais : une appropriation sociale et démocratique d’un type nouveau s’impose pour de grands secteurs de production et d’échanges. Les récentes déclarations du directeur général de Sanofi le démontrent, s’il en était encore besoin.
 
 
Lire ici l’éditorial de L’Humanité Dimanche
 
 
Que fait l'Etat face à cette situation ?
 
L’attitude du gouvernement est répugnante. Non content d’avoir effrontément menti depuis le début de l’année sur les stocks de masques, de tests, d’équipements divers, voici qu’au lieu d’augmenter les salaires du personnel médical et de préparer dans la concertation un grand plan de santé publique incluant bien sur l’hôpital, il se met à inventer des gadgets méprisables. Que chacun de nous donne une partie de ses congés aux soignants qui ne peuvent d’ailleurs en prendre du fait du manque de personnel. Ils seront gratifiés d’une médaille en chocolat le 14 juillet et peut être les fera-t-on défiler au côté des soldats. Quel mépris, qui est revenu en boomerang à la face du président vendredi dernier, lorsque des soignantes lui ont dit avec force ses quatre vérités. C’est ce qu’il faut faire partout.

C’est ce qu’il faudra faire de plus en plus, y compris là où on veut coûte que coûte faire reprendre le travail sans que les conditions de sécurité ne soient réunies comme à Amazon ou à Renault, où le tribunal a donné raison à une requête de la CGT. J’ai en début de semaine donné une opinion à ce sujet. 
 
 
 
Intimidations anti-ouvrières
 
Une grande meute composée d’éditocrates au service de leurs employeurs –partie intégrante des milieux d’affaires– et de ministres représentant ces mêmes milieux, sonne la charge contre la CGT. Son crime ? La section syndicale de l’usine Renault de Sandouville a demandé au tribunal de vérifier si les conditions sanitaires étaient réunies sur son lieu de travail…
 
Lire la suite de ce texte ici
 
 
Dans une tribune parue sur le site le Café pédagogique, des hauts fonctionnaires de l’éducation nationale descendent en règle le projet politique du ministre Jean-Michel Blanquer en dénonçant son caractère réactionnaire.
 
Quelques extraits: 
 
  • « Nous, enseignants, formateurs, chercheurs, inspecteurs du premier et second degrés, inspecteurs généraux, directeurs académiques, cadres de l'administration centrale, sommes des témoins privilégiées et informés de la situation actuelle de l'école.
  • Aujourd'hui, nous ne pouvons plus nous taire. Au-delà même de la gestion chaotique du Covid 19 dans les écoles, au-delà, dans ce contexte complexe, des propos du ministre contradictoires, évasifs, ou immédiatement infirmés par le Premier ministre, nous considérons que ce serait une faute éthique et politique.
  • Nous, cadres, observons également un aveuglement scientiste : le Ministre, dès son arrivée rue de Grenelle, a voulu donner une caution scientifique colorée de modernité à ce qui ne relève que de mesures idéologiques marquées dans les faits du sceau d'une pensée conservatrice et néolibérale sommaire.
  • Nous contemplons aussi, atterrés au quotidien, des mesures dites « pour la justice sociale » qui ne font qu'augmenter les inégalités sociales devant l'école.
  • Nous observons, consternés, un système éducatif détourné de ses fondements républicains et de ses valeurs et ne pouvons nous taire. »  
 
 
 
SANOFI
 
« En même temps », nos grandes transnationales nous prouvent encore une fois que leur seule patrie est celle du marché et des profits qu’il peut engendrer.

Sanofi, bénéficie chaque année de plus de 150 millions d’argent public au titre du Crédit d'impôt recherche (CIR). Sanofi bénéficie du Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi (CICE) : 24 millions d’euros en 2018. Sanofi a un chiffre d’affaire qui se calcule en milliard et dont plus de 80% provient des remboursements de la Sécurité sociale. Sanofi vient de verser 4 milliards de dividendes à ses actionnaires, tout en détruisant la moitié de ses postes dans la recherche et le développement en France. Voilà le portrait-robot de ce fleuron de « notre » industrie pharmaceutique qui, gorgée d’argent public français (et européen) a l’outrecuidance de déclarer par la voix de son directeur général qu’il prétend réserver en priorité aux Etats-Unis son éventuel vaccin contre le Covid-19 ! Des propos insupportables d’indécence.

J’avais eu l’occasion dans cette lettre il y a quelques semaines d’alerter sur les méfaits d’un capitalisme sanitaire qui pouvait encore se déployer. Voici un exemple dans sa version la plus crue.
  
A mon sens Sanofi fait partie des entreprises que j’évoque dans l’éditorial de L’Humanité Dimanche cité plus haut. Cette entreprise doit faire l’objet d’une appropriation publique et sociale. Les médicaments ne doivent pas être objet de spéculation mais un bien commun, d’intérêt général. Des scientifiques du monde entier viennent d’ailleurs de demander que le vaccin contre le Covid-19 soit déclaré d’intérêt public.

La distribution de la presse en danger
   
Je suis intervenu une nouvelle fois cette semaine sur la situation de la distribution de la presse avec les dangers qui pèsent sur la survie de la coopérative « Presstalis »Depuis, soit vendredi après-midi, le tribunal de commerce de Paris a placé la société de tête Presstalis en redressement judiciaire et s’est prononcé pour la mise en liquidation de la société intermédiaire qui fait le lien entre les imprimeries et les marchands de journaux. C’est une vraie catastrophe. Plus de 500 emplois vont être supprimés dans un silence assourdissant. 
 
Mais il faut savoir que cette structuration – mise en place à la Libération grâce au travail des députés communiste Fernand Grenier et radical Robert Bichet – est un système qui visait à sortir la distribution de l’orbite des magnats de la presse pour créer un système coopératif permettant la péréquation des coûts de distribution. L’autre force de ce système logistique très sophistiqué est de permettre aux journaux quotidiens (à tous les journaux) d’être tous les jours à 6h chez les marchands de journaux. Les magazines hebdomadaires n’ont pas ces contraintes.
 
Aujourd’hui on assiste à un coup de force mené contre ce système diligenté en haut lieu pour commencer à privatiser ce segment. Qui dit privatisation dit « rentabilité » et dit aussi inégalité dans la distribution. Les titres les plus faibles – comme l’Humanité – pourraient ne plus atteindre les kiosques demain sauf à payer très cher. J’ajoute qu’avec 700 emplois supprimés, c’est le moyen de porter un rude coup à la CGT que les nouveaux patrons de presse détestent au plus haut point. 
 
A propos de la Fête de L’Humanité
 
Nombre d’entre vous, ainsi que des journalistes, nous interrogent à juste titre sur l’organisation et la tenue de la Fête de L’Humanité prévue les 11-12-13 septembre prochains au parc Georges-Valbon, La Courneuve-Le Bourget en Seine-Saint-Denis.

A ce jour – et nous en sommes les premiers désolés – nous ne sommes pas en mesure de dire si la Fête pourra se tenir ou pas.

Comme vous vous en doutez, la décision ne nous appartient pas. Ce sont les autorités sanitaires et étatiques qui décideront, en fonction de l’évolution « possible » de la pandémie en septembre. Le lieu de la Fête se situe dans une zone dite « rouge », selon les classifications gouvernementales. Même si nous obtenions l’autorisation, nous serions vraisemblablement soumis à de nombreuses contraintes. Le nombre élevé de participants provoque une grande concentration humaine, ce qui est aujourd’hui considéré comme un handicap. Le maintien des distanciations physiques aux alentours de quatre mètres dans les lieux publics serait difficile à observer et contraire à l’essence même de la Fête. Il est quasi certain que des espaces comme le Village du monde ne pourront se tenir, compte tenu des difficultés de se déplacer d’un pays à l’autre, comme d’ailleurs sur le territoire national.

Aucun festival n’est aujourd’hui autorisé durant l’été. Il y a deux jours, celui de Rock-en-Seine, qui se tient une dizaine de jours avant la fête, a renoncé à se tenir. J’ajoute qu’une autorisation donnée en juin pourrait être remise en cause fin août, dans le cas d’un rebond constaté de la pandémie.

Malgré nos multiples recherches, aucune compagnie d’assurance ne veut assurer la Fête, ni d’ailleurs aucun autre rassemblement. Or, comme vous le savez, les premiers engagements financiers pour mettre en place la Fête entre les mois de mars et la mi-août avoisinent les trois millions d’euros, que l’Humanité doit assumer avant de percevoir les premières recettes en septembre. En cas d’annulation, ces engagements financiers obèreraient lourdement notre trésorerie et nos comptes de résultats, alors que nous sommes en « plan de continuation ». Des premières dépenses ont déjà été engagées depuis la fin du mois de novembre, dans le cadre de la préparation de cette Fête 2020.

Ces éléments peuvent permettre à chacune et chacune d’apprécier la situation dans laquelle nous nous trouvons. Nous continuons à travailler sur des formats de Fête adaptés, au cas où les autorités nous le demanderaient.

Nous considérons que nous serons en mesure de prendre une décision définitive après cette première phase de déconfinement, aux alentours du 10 juin selon les recommandations gouvernementales.

Nous sommes comme toutes les bâtisseuses et tous les bâtisseurs de La Fête, comme toutes celles et ceux qui l’attendent comme un beau moment de retrouvailles, désolés et préoccupés, de ne pouvoir prendre d’engagement aujourd’hui. Cette pandémie oblige à la prudence et à la responsabilité.

Patrick Le Hyaric
Saint Denis
le 15 mai 2020
 
 
 
Un grand débat pour « la réalisation de l’humanité » !
 
L’Humanité, avec sa plate-forme numérique L’Humanite.fr, prend l’initiative d’ouvrir ses colonnes pour repenser le monde, avec l’ambition d’être utile à chacune et chacun d’entre nous. Cette initiative aura des prolongements avec la publication d’un hors-série à la fin de l’été et l’organisation de grands débats publics permettant de prolonger ces écrits...
 
 
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Bientôt à lire...
Un essai de Jean-Paul Jouary:
 
« De l’effet papillon à l’effet pangolin. Petit essai philosophique sur le coronavirus».
 
A retrouver dans quelques jours en format numérique : 
 
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Un essai de Bernard Vasseur :
 
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Le numéro 2 de la revue « Travailler Au Futur » est en vente par correspondance et dans quelque jours chez les marchands de journaux.
 
Il s'intitule « Travailler au féminin » et peut compter sur des contributions de Rachel Silvéra, Maryse Dumas, Cyril Cosme, Laurence Cohen, Françoise Picq, parmi d'autres encore.
 
 
 
En vous souhaitant en bonne santé et une bonne semaine.

Amicalement.

Patrick Le Hyaric 
 
 
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