Dans les jours qui viennent commence une nouvelle étape qui nous permettra peut-être de retrouver progressivement une part de liberté.
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 La Lettre du 10 mai 2020
 
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Bonjour à chacune et chacun,

Dans les jours qui viennent commence une nouvelle étape qui nous permettra peut-être de retrouver progressivement une part de liberté. Les trois semaines qui nous séparent du mois de juin correspondent à la phase d’incubation du virus ; il sera donc possible d’ici là d’avoir une évaluation sur l’évolution de l’épidémie, et surtout sur la possibilité d’une deuxième vague de Covid-19.
 
La prudence doit donc être de mise même si de nombreux facteurs montrent actuellement une diminution de son intensité. Dans ce contexte, il serait indispensable de continuer à protéger plus efficacement les personnels soignants, à multiplier les tests, et de rendre gratuits les masques de protection. C’est d’ailleurs un principe constitutionnel du droit à la santé, et du devoir de l’État de protéger les populations.
 
C’est le sens de la campagne lancée par L’Humanité pour obtenir la fourniture gratuite des masques aux citoyens. Car dans le contexte actuel les masques ne peuvent être considérés comme de simples marchandises qu’on étalerait aux caisses des supermarchés : ils représentent un moyen de protection collective et un outil de santé publique. En conséquence, ils doivent être gratuits. Certains pays européens l’ont déjà décidé. Des collectivités locales également. Pourquoi le gouvernement de la sixième puissance mondiale ne le pourrait-il pas ?
 
 
Accéder à la pétition
 
 

Dans mon éditorial de L’Humanité Dimanche titré « Donner de la voix » je reviens sur une série d’événement de la semaine dont la manière dont a été décidée la réouverture des écoles : sans préparation et avec l’objectif inavoué de pousser les parents à reprendre le chemin du travail, sacrifiant tout principe de précaution. Pour preuve, l’odieux chantage aux revenus orchestré par le gouvernement : comment oser annoncer un retour en classe « sur la base du volontariat » quand les parents salariés qui feraient le choix de ne pas renvoyer leurs enfants sur les bancs de l’école se retrouveront privés de chômage partiel ? Par ailleurs, on voit que les conditions de sécurité ne sont pas réunies dans de nombreuses entreprises comme le confirme l’arrêt du tribunal pour Renault-Sandouville.

Dans cet éditorial, je redis la nécessité d’une solidarité nationale accentuée pour les colis alimentaires, l’augmentation des APL, des moratoires sur les loyers garantis par l’État et la Caisse des dépôts, la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité, l’augmentation des prestations sociales pour les plus démunis. 
 
 
Lire ici l’éditorial de L’Humanité Dimanche
 
 
On a à nouveau assisté cette semaine au festival de l’omni-président. Mais dans les faits, que règle-t-il ? Pas grand-chose, mis à part sa communication. Un jour une école, un autre un hôpital, un autre des digressions-injonctions sur la culture, un autre une vidéo dont on se demande si elle n’est pas destinée à contredire son Premier ministre.
 
Des milliards de crédits bancaires sont distribués aux entreprises, mais pas à celles qui en ont le plus besoin. De leur côté, Air-France et Renault bénéficient de moyens publics déversés sans contrôle ni contrepartie de leur usage, sans aucune conditionnalités sociales et environnementales. Pas question non plus pour l’État de monter au capital de ces groupes, ce qui lui permettrait pourtant de peser dans les décisions.
 
Pendant ce temps, des secteurs entiers de l’État sont laissés en déshérence, notamment la justice alors qu’on va demain vers une explosion du nombre de procédures de tout type, notamment familiales ou sociales.
 
Un président devrait préparer une vision, un projet national pour l’avenir. Le faire en ayant le souci de peser en Europe pour d’autre choix. Il devrait le faire en consultant : responsables syndicaux, élus et responsables politiques de toutes opinions, penseurs, spécialistes des transitions sociales et environnementales, créateurs et femmes et hommes de culture, scientifiques, etc.

Mais il ne le fait pas. Pour lui et les tenants du système, le capitalisme représente la fin de l’Histoire et il faut coûte que coûte –voire « quoi qu’il en coûte »– le défendre et le sauver. Alors même que la nécessité de repenser, refonder, transformer, révolutionner le monde apparait aujourd’hui plus que jamais comme une évidence.

Souvenons-nous qu’avant cette pandémie de grands débats et des actions –dans lesquelles s’impliquaient notamment les jeunes– portaient déjà sur la catastrophe climatique en cours, la concentration des richesses entre quelques mains, les développements de l’intelligence artificiel génératrice de chômage, les grands enjeux sociaux comme ceux du droit du travail, le droit à la protection sociale et à la retraite solidaire et par répartition. Ce n’est pas à ces scénarios dangereux qu’il faut revenir mais profiter de la situation pour repenser le monde et jeter les bases d’un autre avenir. Il ne faut donc pas se borner à « relancer l’économie mais plutôt « reconstruire » autour de principes de progrès social, écologique, démocratique et de désarmement. 
 
Alain JOCARD [AFP]
 
Dans un tel processus, les appropriations sociales et démocratiques de pans entiers de l’économie peuvent être décisives. Cette appropriation peut revêtir la forme de nouvelles nationalisations, ou du développement de l’économie sociale et solidaire pour la production. Mais ceci n’est toujours pas suffisant si on ne considère pas que l’inégalité première propre au capitalisme est l’inégalité politique, c’est-à-dire la possibilité pour les travailleurs de disposer d’un pouvoir de participation et d’intervention dans la gestion des entreprises ainsi que dans les stratégies qu’elles mènent. Il s’agit ici d’un enjeu déterminant à faire émerger : oui, le pouvoir aux soignants, aux caissières, aux agents d’entretien et à tous « les premiers de corvée ». Ils doivent rechercher l’alliance avec les créateurs, les penseurs, les chercheurs de toutes disciplines.

La lecture est comme une fenêtre qui permet de traverser les murs, la musique se propage de balcon en balcon depuis quelques semaines, les films défient les frontières, la danse désentrave les corps, les journaux décryptent les nouvelles et aident citoyennes et citoyens à se forger une opinion. La culture n’est donc pas un supplément, elle est moyen de créer des liens, elle est vecteur d’émancipation. Elle est pourtant délaissée, abandonnée. Il aura fallu des appels, des textes, des cris d’alarme des créateurs, des transmetteurs, des diffuseurs et des conservateurs pour que le pouvoir daigne enfin en parler. Pourtant, celles et ceux qui font vivre la culture, qui l’enrichissent, la mettent à la disposition des autres – petits éditeurs, librairies, ou encore gérants de salles de cinéma ou de théâtre – subissent de plein fouet et pour longtemps les effets de l’épidémie.

Les comptables qui gouvernent ne doivent pas oublier que le secteur culturel représente au moins 4% des richesses produites et au bas mot 800 000 emplois. Ne pas se préoccuper c’est laisser accélérer le mouvement pernicieux de concentration dans le cinéma, le livre, la télévision, sans oublier les festivals qui deviennent la propriété de grands groupes financiers et tuent les festivals populaires. Laisser faire, c’est laisser notre culture basculer dans les mains des géants du numérique -dont les cours en bourse profitent d’ailleurs du confinement. Laisser faire, c’est perdre la souveraineté sur les créations françaises et européennes. C’est assécher notre nation. Il y a donc à faire pour un ministre de la culture s’appuyant sur les créateurs pour mener la bataille de « l’exception culturelle » qu’avait si bien mené Jack Ralite et pour porter un projet culturel ambitieux.

Cette ambition doit aussi concerner la presse dont les contenus sont de plus en plus pillés par les géants du numérique nord-américains qui vont jusqu’à refuser de payer leurs impôts et de se soumettre aux lois nationales et européennes. L’accès à l’information fiable et de qualité est un droit. Loin de la stratégie déployée du clash et du clic, pour être citoyen il est nécessaire de pouvoir accéder à des informations sans être manipulé, d’accéder à des créations culturelles à travers la télévision et la radio publique qu’il faut défendre et non pas laisser dévorer par les ogres de la finance et autres obsessionnels de l’audimat.
 
Le pluralisme de la presse est un droit constitutionnel garantit par l’État. L’actuelle pandémie peut être ravageuse pour la presse écrite indépendante. Celle qui s’appuie sur de puissants groupes industriels ou financiers s’en sortira. Mais qu’en sera-t-il d’autres comme L’Humanité et la quasi-totalité de la presse régionale ? Ils pourraient disparaître, faute de recettes publicitaires et une baisse de chiffres d’affaire, des ventes, des abonnements ou encore pour cause d’impossibilité de maintenir des événements.
 
 
 Pour assurer le pluralisme et la démocratie, il convient donc de mettre en place un grand plan de soutien à la presse écrite incluant évidemment le secteur de la distribution avec le sauvetage de Presstalis. Celui-ci semble patiner à cause de la guerre des « grands propriétaires » des magazines d’un côté et des propriétaires des quotidiens de l’autre. L’esprit de la création de Presstalis c’est la coopération, c’est le partage des coûts, c’est la solidarité au sein de l’économie de la presse. Il convient aujourd’hui de faire cesser certaines guerres intestines, de fusionner les systèmes de distribution en une seule entreprise-coopérative, de réaliser sous l’égide de l’État et des éditeurs un nouveau tour de table associant La Poste et Géodis afin de partager coûts de distribution et de logistique. La culture, l’information, la presse ne sont pas des boulets en temps de crise. Ils constituent au contraire des leviers pour l’affronter.

En tout domaine et dans l’unité il faut donc « donner de la voix ».

Dès la semaine prochaine L’Humanité se lance dans une grande initiative en donnant la parole à des penseurs, des créateurs, des salariés, responsables d’associations ou de syndicats, d’élus pour leur permettre d’exposer leurs pensées pour l’avenir. Cette initiative se poursuivra par l’édition d’un numéro Hors-Série de L’Humanité et des débats publics.
 
 Bientôt à lire...
 
Un essai de Jean-Paul Jouary:
 
« De l’effet papillon à l’effet pangolin. Petit essai philosophique sur le coronavirus».
 
A retrouver dans quelques jours en format numérique : 
 
Bulletin de commande
Un essai de Bernard Vasseur :
 
« L’après crise c’est l’après capitalisme ».
 
Bientôt en vente sur la plateforme numérique : 
 
boutique.humanite.fr
 
A découvrir aussi le numéro 2 de la revue « Travailler Au Futur », en format numérique sur boutique.humanite.fr.
 
 
 
En vous souhaitant en bonne santé et une bonne semaine.

Amicalement.

Patrick Le Hyaric 
 
 
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Rencontre en humanité #7
 
« Voilà bien des mois que je lutte contre les difficultés les plus graves pour soutenir ce journal. » A l’automne 1906, Jean Jaurès lance une alerte pour la survie de l’Humanité.
 
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Rencontre en humanité #5
 
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