Plus de la moitié de l’humanité est confinée. Le nombre de malades et de décès s’allonge au fil des jours. Nos deuils nous minent. L’enjeu de la santé, de la vie revient avec plus de force. En parler c’est déjà commencer à élargir le champ des possibles.
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 La Lettre du 27 avril 2020
 
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Bonjour à chacune et chacun,

Plus de la moitié de l’humanité est confinée. Le nombre de malades et de décès s’allonge au fil des jours. Nos deuils nous minent. L’enjeu de la santé, de la vie revient avec plus de force. En parler c’est déjà commencer à élargir le champ des possibles. Dans différentes disciplines de médecine et de recherche, en matière de soins, mais aussi pour les processus agricoles et alimentaires, le travail et ses conditions, la vie végétale et animale, la biodiversité et le réchauffement climatique...
Les économies sont pour une part importante mises à l’arrêt, invitant enfin à remettre concrètement en question notre mode de vie. Aller vite, produire toujours plus, la prédominance du chacun pour soi et la sempiternelle concurrence avec l’autre… Autant de crédos qui sont aujourd’hui évalués au prisme de ce que représente la vie humaine. La société des biens à tout prix –du « fétichisme de la marchandise » dans un capitalisme financier mondialisé– n’est plus seulement inefficace mais devient aussi dangereuse et mortifère au fur et à mesure que s’efface la société des liens.
 
 

Succombant au chant des sirènes du ‘meilleur des mondes’ dans lequel les algorithmes rendraient tout prédictible, certains apprentis sorciers ont sans doute prétendu trop vite vouloir nier à nos existence leurs parts d’imprévu, d’insoupçonné. Chacune et chacun d’entre nous a été de plus en plus placé sous la domination des chiffres de la rentabilité, des déficits publics qu’il ne faudrait paraît-il pas laisser à nos enfants, des nécessités de la compétitivité. Les arts, la poésie, la culture et sa diversité ou encore l’être ensemble ont été balayés pas des injonctions économiques et mathématiques. Celles qui sont loin des êtres de chair et de sang mais aussi des microbes et des bactéries. Celles qui ne disent rien de la vie humaine, du vivant, comme des fléaux et des calamités. Ah, bien sûr, on nous a inventé des assurances. Evidemment elles sont privées, et elles placent « notre » argent sur les marchés financiers pour en tirer le jus de la rente.
Mais, dès lors qu’il s’agit de défendre le vivant, les biens, on découvre l’intertitre du centième chapitre et ses alinéas pour se rendre compte que l’on n’est en définitive assuré de rien. Leur soutien en ce moment fait figure de farce, inhérente au capitalisme. Elles nous font découvrir qu’elles ne « couvrent pas ce genre d’incidents ». Révoltant ! Les choix du flux tendu, du zéro stock de masques, participent de cette inhumanité, de cet irrespect du vivant au profit de l’argent pour quelques-uns.
Tant que le critère restera celui de la compétitivité -et donc de la concurrence- on sapera le progrès social et on sacrifiera le vivant, devenu d’ailleurs une marchandise tout comme la santé, l’hôpital, les médicaments… Les traités de libre-échange tendent à accélérer ce processus contre l’humain et le vivant (j’ai montré dans mon livre Dracula contre les peuples comment cette mise en concurrence planétaire sabordait notre hôpital public). Le grand défi auquel doit faire face l’humanité est donc de sortir de cette libre concurrence pour progresser vers l’en-commun. Un en-commun humain, environnemental et poussant au désarmement. Autrement dit, c’est une réponse à la fois anthropologique et écologiste qu’il faut faire émerger, un changement de cap vers une nouvelle voie politique-sociale-écologique-économique, engageant un humanisme de nouvelle génération.

C’est le processus du communisme tel que l’a présenté et élaboré Marx. Paul Eluard disait sur la question communiste : « Il y a un autre monde, il est dans celui-ci ». C’est-à-dire que notre monde porte en lui les germes de ce processus dont la bataille idéologique et politique est le moteur, que nous devons alimenter sans attendre.

« Ce n’est pas pour demain » clament les idéologues du système, eux qui n’aspirent qu’à relancer la machine capitaliste qui écrase êtres humains et biosphère, en somme la vie. L’avenir se construit maintenant. Pas dans l’après. C’est le sens de mon éditorial publié dans l’Humanité Dimanche cette semaine.
 
 
Lire l'éditorial de l'Humanité Dimanche
 
 
D’ailleurs, au nom de mots-valise –« l’après », « les héros du quotidien » « distanciation sociale » « la dette » – les dominants veulent intégrer tout le monde dans une unité idéologique de pensée formatante et ligotante. Ainsi le mot « dette » est un mot contraignant visant à nous suggérer qu’il faudra bien payer « demain ». Voilà leur « demain ». Des chaînes aux pieds sur cinq générations pour payer le fait que nous serions sortis vivants des invisibles griffes du barbare SARS-coV-2. Or, laisser faire le cours des choses serait ajouter au malheur. En effet, le réchauffement climatique, le mépris de la biodiversité libéreront de nouveaux virus tout aussi barbares.
 
 
Des forces importantes existent pour engager cette « autre voie ». On les trouve dans l’engagement des personnels de santé, des caissières, des transporteurs, des agents des services publics dont ceux des collectivités locales, des petits paysans… Aussi dans le foisonnement des initiatives solidaires : production alternative de masques, associations de producteurs agricoles locaux, organisations collectives pour faire les courses et livrer à domicile, gardes d’enfants et cours collectifs, repas aux sans-abris, organisation de lectures de textes ou de musique. Tout ceci ne constitue pas encore une conscience sur un processus de transformation sociale, mais c’est une base pour une autonomie et une unité populaire pour révolutionner la société et le monde.

Malgré leurs efforts, le forcing des médias n’empêche pas une prise de conscience face aux impasses du système qu’ils défendent et les incapacités du pouvoir (et des pouvoirs) à gérer convenablement les difficultés. Il ne s’agit donc pas d’une question d’homme, c’est bel et bien avant tout une question de système, dont les gouvernants ne sont en réalité que les serviteurs zélés.

Mais revenons à cet enjeu prétendu de « la dette ».

Quand l’économie est à ce niveau de coma, le mot « dette » devrait être banni pour être remplacé par « fonds public commun pour un développement solidaire des services publics, pour le progrès social et environnemental » provenant de la Banque centrale européenne (BCE).

L’enjeu ne peut donc être de fournir de l’argent gratuit au capital pour sa rémunération mais pour des objectifs clairs en faveur de l’humain et du vivant. En effet, la BCE crée de la monnaie (ex-nihilo), de l’argent. Cet argent doit servir à promouvoir un mode de développement respectueux de l’homme et la nature dans le cadre d’un nouveau projet de civilisation. Il peut ne jamais être remboursé à la BCE: c’est ce qu’on appelle la « dette perpétuelle ».

Or, parler de « dette » c’est s’enfermer dans une formule qui nous ligote face aux pouvoirs qui alimentent –en pleine crise– les marchés financiers (et leurs lots d’investisseurs et autres gestionnaires d’actifs comme BlackRock), pour le plus grand bonheur des paradis fiscaux.
 
 
Car ce que les peuples paient en austérité, les fonds vautours en profitent au maximum tout en s’exonérant de participer au bien commun à travers l’impôts.
Une fois de plus, on assiste -à Air-France ou à Renault- à la prise en charge des pertes du secteur privé par l’Etat. On pourrait le comprendre s’il y avait à la clé des conditionnalités d’ordre sociales et environnementales. Surtout, les salariés devraient avoir voix au chapitre, c’est-à-dire être parties prenantes des décisions stratégiques des entreprises. La question du pouvoir des salariés doit être posée avec plus de force dans les entreprises et à la tête de l’Etat.

Je suis intervenu cette semaine sur quelques enjeux:
 
 
L’anniversaire du droit de vote des femmes le 21 avril.
 
Lire ici
 
Le 150ème anniversaire de la naissance de Lénine le 22 avril.
 
Lire ici
 
Suite aux cafouillages gouvernementaux sur la réouverture des écoles, j’ai pointé les errements au sommet de l’Etat et les conséquences en matière de rupture d’égalité républicaine.
 
 
Lire ici
 
 
A l’occasion de la publication dans L’Humanité de jeudi d’une longue liste de participants à la ‘souscription spéciale crise’, je suis revenu sur la situation de la presse et de L’Humanité en particulier, sous le titre « Une dure bataille pour faire vivre l’Humanité »:
 
 
Une dure bataille pour faire vivre l’Humanité
 
Vous êtes nombreuses et nombreux à répondre à notre appel « souscription-spéciale-crise » pour L’Humanité. Nous vous en remercions d’autant plus chaleureusement que nous subissons en ce moment, comme l’ensemble de la presse, un choc d’une violence inconnue depuis très longtemps.
 
Ce contrecoup sévère, effet de l’actuelle épidémie, est dû à la fermeture d’un nombre important de points de vente et aux difficultés rencontrées ces dernières semaines par la distribution postale. La diminution moyenne des ventes de journaux avoisine 25% tandis que les pertes de recettes publicitaires atteignent 80%. A ceci s’ajoute depuis quelques heures la cessation des paiements de notre entreprise-coopérative de distribution de la presse, Presstalis. Ceci va dégrader encore nos résultats car les ventes de journaux et de hors-séries de ces dernières semaines risquent de ne pas nous être payées. De nouveaux journaux, notamment Paris-Normandie la semaine dernière, sont placés en redressement judiciaire.
 
Si cette crise venait à se poursuivre, c’est tout un pan de démocratie qui tomberait en lambeaux. L’Etat doit donc s’en préoccuper avec plus de diligence. Des aides exceptionnelles doivent être décidées sans tarder au risque de nouveaux sinistres. La demande d’informations, au-delà de celle fournie en continue par des chaînes d’informations, de contenus journalistiques élaborés, documentés, fiables est extrêmement importante dans l’ensemble de la population. La presse écrite qui permet le développement et le traitement des faits, des analyses diversifiées, est plus que jamais un outil démocratique, citoyen, culturel pour réfléchir en homme ou femme libre. C’est d’autant plus vrai dans l’actuel contexte ou tant de contradictions exposées, tant de faits cachés, tant d’uniformité des options politiques à la télévision et à la radio créent une situation malsaine tendant à écarter le citoyen, le travailleur de la délibération publique.
 
Tout en respectant les prescriptions sanitaires, nos équipes se battent avec détermination et courage pour vous permettre d’accéder a des informations vérifiées, tout en prenant le parti du monde du travail et de la création, des soignants, tout en relayant les actions de solidarité qui se déploient dans tout le pays et au-delà. Les équipes de journalistes sont en lien constant avec des médecins, des infirmières, des chercheurs, comme avec les inspecteurs du travail et les avocats, avec les ouvriers et leurs syndicats comme avec les créateurs. Ils travaillent avec constance et professionnalisme pour que vous disposiez avec notre plateforme humanité.fr, L’Humanité Dimanche, L’Humanité, ou Travailler Au Futur (travailleraufutur.fr) d’un ensemble de lieux où vous pouvez accéder à des informations, à des actions, à des débats et des propositions alternatives utiles pour penser et agir sans attendre.
 
Les soutiens financiers que nous recevons constituent donc un fort encouragement. Il est indispensable pour affronter cette période, alors que le plan de continuation de L’Humanité adopté par le tribunal de commerce de Bobigny le 27 décembre 2019 est forcément mis à mal. La souscription « spéciale crise » en cours est un moyen de faire face à nos dépenses courantes. Nous sommes également heureux d’accueillir de nouveaux abonnés notamment sur notre plate forme numérique. Qu’ils n’hésitent pas à nous faire part de leurs opinions et propositions pour améliorer encore nos journaux et revues.
 
L’existence et le développement de L’Humanité est partie intégrante des conditions du pluralisme et de la démocratie. La découvrir et la faire lire est le moyen pour soi même d’accéder à un traitement des événements à partir des ses intérêts sociaux, écologiques, démocratique, culturel. Elle est un moyen de gagner en liberté.
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Dans les circonstances du confinement, je vous souhaite une semaine la moins mauvaise possible et reste à votre disposition.
Amicalement.

Patrick Le Hyaric
 
 
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Rencontre en humanité #7
 
« Voilà bien des mois que je lutte contre les difficultés les plus graves pour soutenir ce journal. » A l’automne 1906, Jean Jaurès lance une alerte pour la survie de l’Humanité.
 
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Rencontre en humanité #5
 
Deuxième partie de ma rencontre avec Bernard Vasseur. Philosophe, écrivain, il publie l’ouvrage « Communiste! Avec Marx ».
 
 
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