L’atteinte à la vie privée dont est victime M. Griveaux doit être condamnée et sanctionnée sans appel. Pendant que le « système » se consacre à ceci depuis près d’une semaine, une épidémie grave sévit depuis la Chine, des tensions guerrières se manifestent au large d’Idlib à la frontière Turque où des centaines de milliers de réfugiés souffrent de froid et de faim, on licencie dans
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La Lettre du 22  février 2020
 
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Bonjour à chacune et chacun,

Mon éditorial de L’Humanité Dimanche cette semaine porte encore sur l’actualité de la contre-réforme des retraites sous le titre « Bidouillages et entourloupes ». J’y décris dans quelles conditions « anormales » s’est ouvert lundi dernier le débat sur les retraites au Parlement.

« L’Assemblée nationale entame en séance plénière le débat sur le projet gouvernemental de destruction des retraites solidaires alors que les députés de la majorité ont éteint la commission spéciale mis en place à cet effet. Tout montre désormais que l’Assemblée nationale élue dans la foulée des élections présidentielles pour conforter le président n’est pas représentative de l’opinion majoritaire du pays. En effet, elle refuse d’entendre les critiques émises au sein même de l’hémicycle comme dans la rue et les usines ».
 
 
L'éditorial de l'Humanité Dimanche
 
 
Les députés communistes soutenus par les insoumis et les socialistes ont été à l’initiative d’une motion de rejet et d’une motion référendaire défendues respectivement et de belle façon par Pierre Dharréville et Fabien Roussel.
 
 
 
Fabien Roussel
 
« N'ayez pas peur d'interroger directement les français par référendum »
 
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Pierre Dharréville
 
« Vous n'avez pas de majorité populaire ! »
 
 
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Il faut noter que cette séance s’est ouverte avec seulement la moitié des députés macronistes. Si la droite avait rassemblé tous ses députés et leur avait fait voter sa propre motion de rejet du texte, la contre-réforme tombait. Bizarre que la presse ait « oublié » de le dire et l’écrire.
 
 
 

Sortir de la nausée et défendre la démocratie
 
L’atteinte à la vie privée dont est victime M. Griveaux doit être condamnée et sanctionnée sans appel. Pendant que le « système » se consacre à ceci depuis près d’une semaine, une épidémie grave sévit depuis la Chine, des tensions guerrières se manifestent au large d’Idlib à la frontière Turque où des centaines de milliers de réfugiés souffrent de froid et de faim, on licencie dans la banque et ailleurs comme ce qui s’annonce chez Renault, rien ne sera fait pour agrandir le budget européen. Au contraire, les politiques agricoles et les politiques sociales seront sacrifiées, on dépense de plus en plus d’argent dans l’armement dont les projets de cyber-guerre etc… Bref, on détourne bien le regard. Cependant, il est indispensable de prendre du recul pour penser le contexte dans lequel de tels actes sordides peuvent prendre tant d’importance. Ils s’inscrivent et viennent couronner un système devenu « antipolitique », au moment même où nos sociétés auraient besoin de « la politique », de la délibération citoyenne et publique pour faire face, par exemple, à la domination des marchés financiers, celle des groupes numériques nord-américains qui pillent les richesses et veulent contrôler nos vies ; ou encore pour faire face à l’important défi climatique - sans parler de la manière de construire ensemble une société de progrès en défendant et transformant au service des citoyens et du travail la sécurité sociale et les systèmes de retraite.
 
Or, ce n’est pas ce qui se passe, quand le dit « système » conduit des responsables politiques à n’avoir en guise de propositions que leur exposition, avec conjoints et enfants, dans de grands magazines en papier glacé ou des émissions de télévision. Les égouts du net en sont un prolongement moderne et plus violent jusqu’à cette « sextape ». Ce n’est donc pas simplement, une détestable vidéo, violant l’intime qui provoque l’affaissement démocratique mais un système global fait de postures, de simplismes et d’égos démesurés remplaçant la délibération publique. D’ailleurs, on n’a pas attendu longtemps pour une nouvelle fois vivre les coups au dessous de la ceinture. Le ministre de l’Intérieur lui-même déclarant en guise d’arguments contre une opinion formulée par le secrétaire du parti socialiste Ollivier Faure qu’il connaissait bien « Olivier Faure à titre personnel depuis longtemps, je l’ai accompagné dans ses divorces… » . Ministre de l’Intérieur et diffuseur de BD porno contre l’un de ses concurrents politiques, animateur de soirées enfumées en boite de nuit à ses heures, brillant chef des ordres donnés aux policiers et client assidu du « buzz media system ». Dès lors qu’ont fait croire qu’il n’y a plus que des choix « techniques » et aucune alternative progressiste, l’accent est mis sur des choix de personnes, leur image et la capacité à fabriquer le bon mot, la petite phrase qui fera parler. La gloire, aussi fulgurante que la souffrance médiatique, ne pourront jamais nous faire oublier toutes celles et ceux - les anonymes - qui se demandent comment payer le loyer, la quittance d’électricité ou remplir le frigo pour les enfants. Rien ne saurait atténuer notre condamnation de ce qui arrive. Qu’on nous permette cependant de rappeler que la victime d’aujourd’hui n’a pas été économe en mépris vis-à-vis de ceux, qui « fument des clopes et roulent au diesel », sans parler de ses farfelues propositions uniquement pour faire parler de lui, comme celle de déplacer la gare de l’Est à la Villette, ou encore ce chèque de 100 000 € qu’il allait donner aux ménages à revenu moyen pour accéder à un logement alors que c’est contre la spéculation immobilière qu’il faut lutter, comme le fait Ie maire adjoint Ian Brossat.

A force de remplacer la délibération citoyenne, la confrontation par le « récit », la « narration de soi », en lieu et place du débat d’idées, on abaisse et on assèche la démocratie, la politique. Ceux qui ont théorisé la fin du clivage « droite-gauche » en portent une singulière responsabilité. Ceux aussi qui nous parlent sans cesse de « société civile », pour présenter des élus qui votent des lois, prennent des décisions qui ont des conséquences sur la vie commune, sur les vies individuelles au détriment, toujours, des travailleurs. Effacer le clivage des idées et des choix « possibles », c’est amputer la capacité de jugement, c’est restreindre la liberté de choix. C’est bien anti-démocratique. Et, cela nourrit la crise de la démocratie voir la crise « de la politique ».

D’ailleurs en Macronie, vous pouvez être confronté à une épidémie grave, regarder tous les hôpitaux de France en ébullition et les services de santé se dégrader, être ministre référente d’une grande « contre-réforme » et aller faire campagne à Paris comme tête de liste. Ce jeu de chaises musicales pour sortir Mme Buzyn de son ministère tend à faire croire que les ministres sont interchangeables. S’ils le sont, on laisse croire alors qu’ils ne servent à rien ou à pas grand-chose ! Normal, sans doute les décisions sont prises ailleurs.

Remarquons que pour une « contre-réforme » si sérieuse, on aura changé le haut-commissaire en charge et la ministre de tutelle le jour même où le débat commençait à l’assemblée nationale. Mais il est vrai, comme le disait il y a quelque temps l’inénarrable président du groupe macroniste à l’Assemblée, que : « la majorité : c’est un repaire de talents, une écurie de purs-sangs à la robe frémissante ». Monsieur doit fumer la moquette !

Cette campagne des élections municipales devrait être l’objet de débats contradictoires sur des projets, sur les meilleurs moyens de répondre aux souhaits des habitants, sur des priorités d’investissements, sur les rapports avec l’État. Rien de tel n’est organisé. Prévaut le modèle des jeux télévisés : le citoyen devenu public est sommé d’applaudir, de huer ou de verser sa larme. Jusqu’où ira-t-on ainsi ?

De plus, il y a une sorte de psychologisation de la politique au détriment des projets et des bilans. Les grands médias n’y sont pas pour rien ! On veut savoir… des détails de la vie de tel ministre, de tel élu. Et, à partir de là on brode. On brode, on calomnie, on raconte, on dit n’importe quoi sur tout le monde et sur n’importe qui.

Pas plus tard que samedi dernier en campagne municipale à Aubervilliers, je fus durant la matinée interrogé au moins par trois personnes sur le caractère de la Maire. Je réponds ses convictions, ses actions, son dévouement, son souci de l’autre, son projet. Chacune des personnes me répondent à peu près ceci « Ah, merci car M. « Untel » qui est son adjoint et qui a décidé de présenter une liste contre elle tout en étant membre du même parti qu’elle, nous a dit de ne pas voter pour elle car « elle est autoritaire avec ses adjoints, elle ne les écoute pas ». Ah bon ! Je leur demande si elle a une seule fois été autoritaire avec elles ? Elles me répondent non. Alors quel est le problème ? À ma connaissance chaque adjoint a eu durant tout le mandat la possibilité de défendre ses projets, ses idées, dans le cadre de la mise en œuvre du programme municipal. Et ceci a été voté par le Conseil municipal. Alors quand on n’a rien ou pas grand-chose à proposer, on est non pas dans la discussion sur des projets, sur l’évaluation d’un bilan, mais dans la psychologisation en guise de campagne électorale. Ceci ne participe pas de la démocratie, de l’élaboration commune. Pas plus que les ragots colportés dans certains livres et émissions de radio à propos d’Aubervilliers. On parlait naguère de « nouvelles manières de faire de la politique ». Celles-ci sont peu ragoutantes. Désormais, des vagues montantes des transgressions numériques imposent leur loi jusqu’à la nausée, ouvrant les béances d’une sorte de post-politique du pire ? Rendez-vous compte que dans certains cercles huppés et oisifs parisiens on parle de M. Hanouna comme candidat à la présidence de la République ! Une authentique démocratie citoyenne doit reprendre le dessus. Faute de quoi, l’aventure et les mésaventures peuvent être au bout du sombre chemin qui peut se teinter en brun.
 
 
 
Séparatisme ! Le danger des mots
 
Cela fait des semaines qu’on phosphore dans les salons élyséens et dans quelques agences de communication mobilisées à cet effet. Plusieurs sujets de dissertation. Comment organiser un rideau de fumée pour couvrir le mouvement social pour les retraites ? Revenir aux enjeux d’immigration, d’identité, ont répondu certains. Comment garder l’électorat de droite et d’extrême droite ? Revenir sur l’identité et le communautarisme, ont dit d’autres. Va pour « le séparatisme islamique » a décrété le Président. Oui on dit bien d’abord le mot séparatisme et vous y accoler islamiste. On ne parle pas ici des séparatistes de la nation Française, ceux qui planquent leur argent dans les paradis fiscaux, ceux qui nous laissent dominer par l’industrie numérique nord-américaine. On ne parle pas non plus des séparatistes des beaux quartiers qui vivent entre eux, déjeunent et dînent dans les plus grands restaurants, fréquentent les mêmes lieux de vacances au Maroc au hasard ou dans quelques stations de ski de l’entre-soi. Non, il n’y aurait qu’un séparatisme et il est « islamique ». Et pour le dénicher, il faut chercher dans les quartiers populaires. Exactement là où la caste ne met jamais les pieds !
 
Parlons un peu du mot. Il est intéressant de savoir qu’avant le séparatisme « musulman » de M. Macron, il y eut le « séparatisme communiste » de M. Charles De Gaulle. Le 20 mai 1952, De Gaulle lance le « rassemblement du peuple français » pour disposer d’un parti capable de recomposer la scène politique française et pousser ce qu’il appelle (déjà) un plan de « réformes économiques et sociales ». Il tente de sortir de la période où les communistes participaient au gouvernement - je cite : « Notre premier devoir, c’est de guérir cette plaie affreuse du séparatisme ; c’est de refaire l’unité nationale à partir de laquelle on refera, sans aucun doute, la puissance, la prospérité, le bonheur de la France... ». Mais dès le 27 juillet 1947, il avait avancé ce concept contre les communistes dans un discours à Rennes : « je dis qu’elle [l’unité nationale] est en péril par le fait d’un groupement d’hommes, dont ceux qui les mènent placent au-dessus de tout le service d’un Etat étranger. Je le dis avec d’autant plus de force que j’ai moi-même, comme c’était mon devoir, essayé, jusqu’aux limites du licite et du possible, de les attirer vers le service de la France. Oui ! À la Libération, j’avais, avec la Résistance tout entière, jugé qu’il fallait offrir à ces « séparatistes » l’occasion de s’intégrer dans la communauté nationale ». Il ne manque que le « communiste pas français ». Cette campagne durera plus d’un an en 1952 et 1953.

Aujourd’hui M. Macron dit : « il faut accepter qu’il y ait dans notre République, ce que j’appellerais un séparatisme ». En 1947, les communistes représentaient largement le quart de l’électorat français. Ce n’est pas le cas pour « un islam politique » aujourd’hui, qui d’ailleurs, ne se présente pas aux élections. La démocratie chrétienne se présente elle, et se retrouve dans plusieurs partis européens. Ceci ne signifie pas qu’il ne faut pas combattre « l’islamisme politique ». Ce combat ne peut se mener que par des moyens politiques. Pas par des décrets, ou des dispositions techniques mais en faisant vivre la République : celle de la liberté, de l’égalité, de la fraternité. Le président de la République et d’autres forces, y compris chez des penseurs fertile, sans aller voir sur place, font des amalgames pour créer ou renforcer des peurs, au lieu de pousser la résolution de vrais questions. D’abord, il est vrai qu’il existe des problèmes de repli sur soi, des tentatives de se regrouper, mais il n’y a pas, dans les proportions dont parlent certains du haut de leurs beaux quartiers, « communautarisme » ni « séparatisme ». La construction de la société Française et plus encore de la République est une perpétuelle lutte pour la tolérance et la paix civile. Le continent européen a connu trois siècles de guerres religieuses et les relations entre les dépositaires de « l’ordre » ou de « l’organisation publique » sont faites de conflits avec la religion catholique. D’ailleurs le président de la République parle d’une religion alors qu’il a accepté la charge de « chanoine de Latran » au Vatican. Il est le chanoine de la paroisse du pape. Ajoutons qu’il se rend régulièrement au diner du CRIF, organisation qui se permet de rejeter certains élus de la République qui ont pour seul tort de défendre le droit international pour Israël comme pour la Palestine. Il ne demande jamais leur intégration à ce diner comme cela a existé.

La plupart de ce qu’a énoncé le président de la République à Mulhouse peut se faire avec la législation actuelle, comme par exemple la répression de certains prêches fondamentalistes. Du reste, des Imans ont déjà été expulsés pour cette raison. Ceci prouve bien qu’on agite des chiffons rouges dans le cadre de la course à droite, voire à la droite extrême.

Le discours présidentiel pose plusieurs problèmes de fond. On ne peut décréter comme il semble le faire, que la religion musulmane doit s’organiser comme la religion catholique. C’est mépriser l’histoire que de parler ainsi. Et, l’État n’a pas à organiser les religions, pas plus qu’à organiser le dialogue des religions comme il l’avait déclaré dans un précédent discours devant la fédération protestante. On parle d’interférences étrangères. On ne peut accepter que se déroule sur notre sol des conflits intrareligieux selon les tendances et le financement des pays. Mais alors pourquoi avoir accepté sans rien dire le financement par l’État russe de l’église orthodoxe de Paris il y a quelques années ou laisser se développer les églises évangélistes liées aux Etats-Unis et au Brésil.

Il s’agit bien ici d’une tentative de diversion en braquant les phares sur une religion. Les quartiers populaires ont besoin de concret et d’espoir : la fin des discriminations, le renforcement de l’école publique comme à la campagne. Il y a déjà 500 communes qui n’ont plus d’école publique. Le développement des services publics, l’aide aux associations et aux pratiques sportives, l’aide aux collectivités territoriales et l’invention d’un système nouveau visant à garantir un travail tout au long de la vie avec des passerelles de formation et d’évolution dans les parcours professionnels ou les métiers.
C’est pour partie ce dont je parle dans le petit livre que je viens de faire en réplique d’autres livres et d’émissions de radio décrivant la Seine-Saint-Denis et Aubervilliers comme un enfer… conquis par l’islamisme. Ceci se fait en pleine campagne électorale contre les maires d’Aubervilliers, Stains, La Courneuve et Saint-Denis. Je ne pouvais rester sans répliquer.

À ce propos, la maire d’Aubervilliers et moi-même avons reçu de nombreux messages parfois interrogatif après une émission de radio à laquelle participait Didier Daenincks dimanche dernier à 8h20 sur France Inter. Ceci servait à promouvoir son livre contre Aubervilliers et sa maire. M. Daenincks a proféré à cette occasion une série de contre-vérités et de mensonges dans le seul but de nuire à la Maire et à sa liste unitaire pour Aubervilliers. J’ai demandé aux animateurs de l’émission et à la radio un droit de réponse pour Meriem Derkaoui. J’attends toujours. Je ne doute pas qu’on nous parlera du temps de parole, du contrôle du CSA. Curieux que cela ne fonctionne que dans un sens. Gageons que si M. Daenincks avait fait un autre livre que celui-là, il n’aurait pas eu droit au 8h20 de France Inter.
 
 
Mon livre « La banlieue porte plainte, Aubervilliers au cœur » est une réponse succincte à toute cette campagne délirante.
Vous pouvez dès à présent le commander sur la boutique en ligne de l'Humanité.
 
 
En vous souhaitant une bonne semaine et restant à votre disposition, recevez mes amicales salutations.

Patrick Le Hyaric
 
 
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