Curieux ces inversions de rôles, ces inversions de charges et de preuves ! Voici que le système médiatico-politique a déclenché une campagne soutenue contre le fait que des députés déposent des amendements au projet de loi destructeur des retraites solidaires.
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La Lettre du 10 février 2020
 
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Bonjour à chacune et chacun,
 
J’ai consacré mon éditorial de la semaine dans l’Humanité Dimanche au sérieux des craquements autour de la maison Macron sous le titre « Effritements ». 
 
 
L'éditorial de l'Humanité Dimanche
 
 
Curieux ces inversions de rôles, ces inversions de charges et de preuves ! Voici que le système médiatico-politique a déclenché une campagne soutenue contre le fait que des députés déposent des amendements au projet de loi destructeur des retraites solidaires. Ce serait, parait-il, de « l’obstruction ». D’abord, de tout temps les parlementaires ont utilisé leur droit d’amendement pour combattre un texte avec lequel ils étaient violemment en désaccord. Nous sommes ici face à une problématique supplémentaire. Ce texte est rejeté par 61% de nos concitoyens, le Conseil d’État l’a vertement contesté au point qu’un gouvernement raisonnable aurait remis l’ouvrage sur le métier, des économistes libéraux le critique sévèrement, des constitutionalistes s’interrogent sur le respect des principes de notre loi fondamentale pour un texte qui ne prévoit pas les financements à long terme.

Même celui qui a suggéré l’idée de ce système à point au candidat Macron, M. Antoine Bozio lors de l’élection présidentielle, le critique de manière argumentée. Il vient d’écrire une longue tribune chez nos confrères du « Monde » qu’il conclue par ces mots, je cite « les parlementaires se trouvent dépourvus de plusieurs analyses clés pour discuter sur la base de faits établis. C’est dommage pour la réforme ; mais surtout pour notre démocratie ». Cette conclusion vient après un long développement où il démontre à quel point l’étude d’impact est biaisée et où il confirme que la part des richesses nationales consacrées aux retraite va passer à 12,9% contre près de 14% aujourd’hui. C’est donc bien la baisse des pensions et le recul de l’âge de départ qui est clairement prévu. Dans un tel contexte un parlementaire de gauche, un groupe parlementaire progressiste manquerait à ses devoirs s’il n’utilisait pas les « armes » parlementaires à sa disposition pour obliger à débattre du contenu du texte, à en reculer son passage en séance, ou le bloquer. C’est la logique même de la demande de retrait portée par le mouvement social et la majorité de nos concitoyens. Comme toujours, il faut évidemment que ceci ne se retourne pas contre l’objectif que l’on veut servir.

L’entêtement et le blocage ne provient pas de l’opposition de gauche mais de la volonté du pouvoir d’imposer coûte que coûte, dans le cadre d’un système institutionnel présidentialiste où le parlement ne joue plus son rôle, une contre révolution contre les conquis du peuple français et les générations à venir dans le seul but de servir le capital financier transnational. Il n’y a pire violence que celle-là, visant à spolier les citoyens, à vendre leurs biens communs.

La meilleure preuve du suivisme de la majorité parlementaire est l’antihumanisme de cette ministre du travail refusant un projet de législation provenant pourtant d’un segment de la majorité pour allonger le congé de deuil pour un enfant de 5 à 12 jours. Il faut avoir le cœur particulièrement froid pour refuser une telle proposition. On accuse à juste titre la ministre du travail qui a répondu que la solidarité ne pouvait pas se faire à partir de la contribution des entreprises, soutenu en cela par la charge d’une député de la majorité présidentielle qui a jugé « un peu facile de s’acheter de la générosité à bon prix sur le dos des entreprises ». Il ne s’agit pas ici d’une initiative individuelle puisque la décision de ne pas approuver ce progrès humain a été prise en comité interministériel. C’est ce qui explique les grognements de ces députés antihumanistes qui ont obéi au gouvernement quand le Président de la République leur a demandé de faire preuve d’humanisme. Voilà quelqu’un qui compte se refaire une virginité à bon compte. Cette manière de faire a ses limites et de fait cette majorité ressemble déjà à un bateau ivre.
Se développe dans le même mouvement à partir de la presse droitière une campagne accusant les forces de gauche d’être violente dans leurs langages, leurs interventions et leurs entretiens télévisés. Je suis revenu dans un article de l’Humanité Dimanche cette semaine sous le titre « Ennemis de la démocratie ? », disponible ici.

J’ajoute qu’on ne peut qu’inviter tous ces journalistes bienpensants à réviser l’histoire et analyser les joutes oratoires entre responsables politiques à travers le temps. Ils découvriront la passion, la beauté des textes de discours et d’interventions et leur mordant autrement plus puissant (et violent) que ce que nous connaissons aujourd’hui.
Si la majorité et ses soutiens considèrent la situation bloquée, s’ils cherchent l’apaisement, s’ils souhaitent un débat rigoureux et pacifique « arguments contre arguments » ils ont un moyen très simple, un moyen démocratique : voter au parlement la motion référendaire que proposent les députés communistes. Ce serait là un acte démocratique respectueux de la souveraineté populaire.
 
 
 
 
Nouvelle revue : Travailler Au Futur

Dans le cadre du plan de développement du groupe l’Humanité, nous lançons cette semaine la plateforme coopérative « Travailler Au Futur ». Il s’agit pour nous de développer un programme de réflexions, de débats, de coélaboration d’idées, de propositions autour des enjeux du travail.

Le projet bénéficiera des réflexions d’un comité scientifique qui n’est pas encore complet: Dominique Méda, Bernard Thibault, Jacques Rigaudiat, Evelyne Sire-Marin, Pierre Musso, Maryse Dumas, Guy Groult, Daniele Linhart, Alain Obadia en seront partie prenante.

Cette plateforme se décompose en plusieurs éléments :

Une revue trimestrielle, « Travailler Au futur » qui sera en vente à la fin de cette semaine. Ce numéro est consacré à un état des lieux du travail avec, dès l’ouverture, une série de documents utiles montrant la réalité du travail et des métiers aujourd’hui.

Suivent plusieurs grands articles ou entretiens avec Alain Supiot, (le travail humain au-delà de l’emploi) Bernard Thibault, Danièle Linhart, Denis Gravouil, Anicet Le Pors, Pierre-Yves Chanu, plusieurs portraits de salariés, des textes de Zola, Kafka, Simone Weil, Robert Linhart sur le travail, un cahier photo, un dossier sur le thème « quand le travail s’invite au cinéma ».

Le second élément est constitué d’une plateforme coopérative dédiée. Elle accueillera les résultats de recherches sur les conditions du travail, les temps de travail, les rémunérations, le droit du travail, des propos de syndicalistes, de directions des ressources humaines, des pensées de philosophes, de sociologues, d’économistes, d’élus, de salariés, de paysans, d’entrepreneurs sur le travail aujourd’hui, ses évolutions et mutations. Elle accueillera aussi des enquêtes, des revues de presse, des dossiers juridiques. Elle sera interactive. Chacune et chacun pourra y déposer sa contribution, faire connaitre son expérience. La plateforme sera accessible dès mercredi prochain ici www.travailleraufutur.fr.

Enfin, le troisième élément du projet est l’organisation de forums « Travailler Au Futur » sur les grands enjeux actuels : pénibilité, féminisme, travail et environnement, etc…
 
 
 
 
" La banlieue ne se plaint pas, elle porte plainte "
 
J’ai alerté depuis plusieurs semaines, pour la dénoncer, la campagne menée par les droites, et une certaine presse contre les villes populaires et leurs élus. Nous y sommes particulièrement confronté à Aubervilliers où la ville et la maire Meriem Derkaoui sont violemment prises à partie, la maire est accusée de complicité avec l’islamisme, de clientélisme et même de cultiver la pauvreté. J’ai donné ici même plusieurs répliques et je continuerai autant que de besoin. Je reste étonné qu’une radio comme France-Culture soit à sa troisième émission sur le sujet s’appuyant sur des livres fort contestables publiés contre Aubervilliers et ses différents maires dont Jack Ralite, Pascal Beaudet et Meriem Derkaoui.
 
Face à cette déferlante de dénigrement et d’attaques j’ai décidé d’y répondre dans un petit livre qui sera en vente à la fin de la semaine prochaine. Il vise à fournir une autre grille d’analyse des réalités des villes populaires à partir de l’exemple d’Aubervilliers que je connais mieux. Surtout, il place les responsabilités des difficultés là où elles doivent se trouver. Il faut en effet cesser de succomber à un prétendu « apolitisme » qui cache en réalité le combat contre les maires progressistes, en particulier communistes.
 
Il faudrait que ces donneurs de leçons viennent au moins assister à un conseil municipal, comme jeudi dernier à la présentation des éléments de son programme par Meriem Derkaoui, pour se rendre compte de la créativité, de la volonté d’améliorer voire de métamorphoser la ville en combinant progrès social, progrès environnemental, progrès démocratique et participation citoyenne jusqu’à créer des conditions nouvelles pour que les citoyens soient maîtres de leur ville, la construisent ensemble.
 
Ce livre sera disponible dès vendredi prochain. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas disposer du même temps de parole que certains procureurs plaidant à charge contre Aubervilliers pour faire connaitre son contenu.
 
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En vous souhaitant la meilleure semaine possible, je vous adresse mes amicales salutations.

Patrick Le Hyaric
 
 
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