Une impressionnante panoplie idéologique est déployée pour faire taire le pays qui refuse une loi de destruction des retraites solidaires. Que dis-je, on a dépassé le débat idéologique au sens de la confrontation entre idées, entre projets, arguments contre arguments. Non la panoplie dont je parle est celles de qualificatifs insultants contre le mouvement social et particulièrement contre les syndicats qui résistent, au premier rang desquels il y a la CGT.
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La Lettre du 18 janvier 2020
 
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Bonjour à chacune et chacun,
 
Une impressionnante panoplie idéologique est déployée pour faire taire le pays qui refuse une loi de destruction des retraites solidaires. Que dis-je, on a dépassé le débat idéologique au sens de la confrontation entre idées, entre projets, arguments contre arguments. Non la panoplie dont je parle est celles de qualificatifs insultants contre le mouvement social et particulièrement contre les syndicats qui résistent, au premier rang desquels il y a la CGT. Quand ce n’est pas l’insulte, c’est le défilé d’experts en retraite, de sachants, de spécialistes et de journalistes de la bien-pensance généralement pour délivrer la bonne parole. On a beau être dans un prétendu « nouveau monde », on retrouve depuis quarante ans les mêmes qui nous expliquent ce qu’il faut penser. Semaine après semaine, quand ils ont fini d’expliquer que le mouvement s’essouffle, les grévistes et leurs syndicats sont tour à tour qualifiés d’ « islamo-syndicalistes », ou de « preneurs d’otages », de gens « radicalisés » ou de « jusqu’au-boutistes ». Voilà le niveau ! Du contenu de la loi ? Pas un mot.
 
Un seul journal a donné à ses lectrices et lecteurs le contenu de l’essentiel des articles du projet de loi et son décryptage. Un Seul : L’Humanité.
 
 
 
Contre-réforme des retraites : le décryptage
 
L'Humanité décrypte les principaux articles du projet de loi du gouvernement "instituant un système universel de retraite" par points.
 
Lire ici
 
À télécharger : le projet de loi en intégralité
 
L'Humanité met à votre disposition en intégralité le projet de loi sur la réforme des retraites. 141 pages 67 articles pour vous faire votre propre opinion.
 
Lire ici
 
 
Un seul journal montre chaque jour la diversité du mouvement, son élargissement à de nouvelles professions, les visages de la nouvelle France jeune, métissée, socialement diversifiée. De nouvelles jonctions se créent, de nouveaux croisements et nouvelles rencontres se produisent fortifiant dans l’action une unité populaire en germe. Un lien nouveau est vraisemblablement en train de se construire entre les classes populaires et des fractions importantes des classes moyennes. Lié à cette jonction entre le mouvement des gilets jaunes et le mouvement social et syndical.
 
La conscience grandit d’un destin collectif pour aujourd’hui et pour les générations à venir. Grandit aussi la conscience que ces « contre-réformes » ne sont pas obligatoires mais destinées à servir les puissances financières au travers desdits « plans épargne retraite » doux nom pour dire que pour avoir une retraite demain il faudra d’abord donner notre argent aux fonds financiers ou aux fonds de pensions.
 
 
 
 
Parmi les éléments nouveaux de la semaine, il faut noter le changement de ton de certains cercles sur les exactions de la police. Cette donnée est importante et peut exacerber encore les contradictions dans certains cercles de la bourgeoisie. La manipulation de la fin de semaine dernière à propos du recul de l’âge de départ en retraite baptisé selon les jours « âge pivot » ou « âge d’équilibre » ne marche pas. Nos concitoyens ne sont pas dupes de la manœuvre ni des mensonges. Mon éditorial de L’Humanité Dimanche y est consacré.
 
À propos de deux ou trois mensonges
Le dernier « coup » du premier ministre en dit long sur le mépris du pouvoir envers les citoyens et les (...)
 
L'éditorial de L'Humanité DImanche
 
Gilets jaunes : justice de classe
 
Le tribunal de Narbonne a prononcé il y a quelques jours un jugement d’une édifiante sévérité contre 21 gilets jaunes ayant participé à la destruction d’un péage autoroutier Vinci et d’une guérite attenante de la gendarmerie, à l’hiver dernier lors de l’acmé du mouvement. Les 21 prévenus ont écopé de peines de prison allant jusqu’à 5 ans de prison dont 3 ans fermes, assorties de plusieurs mandats de dépôt. Des peines rares prononcées contre des acteurs d’un mouvement massif qui aura mobilisé des centaines de milliers de citoyens pour la justice sociale et fiscale.
 
Les condamnés se sont, faut-il le rappeler, mobilisés contre un péage autoroutier concédé à une entreprise qui a fait fortune sur l’exploitation des autoroutes, ces biens communs de la nation grassement lucratifs vendus à l’encan par les pouvoirs successifs. Le même groupe qui cherche à s’accaparer, avec la complicité du pouvoir actuel, les aéroports de Paris. Le tribunal n’aura pas considéré ces circonstances comme atténuantes. Ce n’est pas le principe des condamnations qui nous choque mais leur sévérité au regard d’une mobilisation sur le fond parfaitement légitime.
 
Voilà qui tanche avec la mansuétude du pouvoir et des organismes de contrôle envers certains policiers qui auront, à l’occasion du même mouvement, déployé un usage de la force hors de toute proportion, mutilant, éborgnant, violentant.
 
3000 condamnations ont été prononcées, dont 1000 peines de prison ferme, contre des gilets jaunes. Des chiffres exorbitants auxquels s’ajoute la normalisation des procédures d’exception qui témoignent d’une volonté de dissuader toute forme de contestation contre l’ordre injuste imposé au pays et les humiliations sociales Une entreprise d’intimidation contre celles et ceux qui ont spontanément refusé de rester spectateur du pillage de la nation et des injustices.
 
 
 
Aubervilliers au cœur
 
Depuis quelques mois, fleurissent livres d’enquêtes et reportages, souvent intéressants, sur ce que l’on nomme communément « les banlieues ».
 
Ce mot, entré sans crier gare dans le langage courant, mériterait d’être questionné. Bien plus que des lieux « mis au ban » des grandes villes, elles forment avant tout des collectivités humaines où se nouent des actions communes, des projets communs et une vie commune, où des élus fédèrent des « citoyens » souvent issus des milieux populaires.
 
La banlieue a ainsi souvent été confondue avec « zone de relégation », ou « seconde zone ». Ceci dit tout. On a parlé des « banlieues rouges » pour dire le potentiel rebelle de ces villes qui se sont données depuis des années des maires communistes, gérant d’ailleurs leurs villes le plus souvent et depuis longtemps avec d’autres forces ou personnalités.
 
Au lieu de traiter de cette histoire, de ces réalités complexes, de la désindustrialisation qui a fait, depuis près de 40 ans, de terribles ravages, d’une pauvreté et d’un chômage qui ont gagné trop de terrain, d’une école délaissée par l’Etat, certains documents et livres à la veille des élections municipales se plaisent à attaquer, du flanc droit, l’action des maires communistes et tentent d’accréditer l’idée que ces mêmes maires ont fait le lit de « l’islamisme ». C’est ce que nous avons pu entendre lors d’une récente émission de radio sur France Culture mettant en débat deux livres dont l’un intéressant est déjà paru à partir d’un travail académique, et l’autre, dont l’auteur est Didier Daeninckx, à paraitre quelques semaines avant les élections municipales et porte essentiellement sur une partie du territoire de la communauté de communes « Plaine Commune » présidée par Patrick Braouzec.
 
Le premier livre désigne à partir de documents et de faits la montée de « l’islamisme » dans plusieurs territoires de France dont Aubervilliers. Le second est un pamphlet contre les communistes, les maires communistes de Saint-Denis, de La Courneuve, de Bagnolet hier, et d’Aubervilliers, ville dont Didier Daeninckx était l’un des habitants, manifestant depuis une bonne dizaine d’années son soutien à l’ancien maire socialiste. Le problème n’est pas là. Il est dans la rancœur, la haine et l’anticommunisme devenu viscéral.
 
Ceci est d’autant plus dommage que nous sommes nombreux à lire et apprécier les œuvres de D. Daeninckx. Mais, depuis quelques temps, il consacre une bonne partie de son temps et de sa notoriété à s’attaquer à Jack Ralite, à Pascal Beaudet, le maire précédent, et maintenant à Mériem Derkaoui l’actuelle maire d’Aubervilliers que de plus en plus de gens appelle « maire-courage ». Tout l’argumentaire de la droite réactionnaire, conservatrice et revancharde y passe. Notamment, cet argument de guerre idéologique aussi bête qu’éculé selon lequel les communistes auraient la volonté de créer eux-mêmes des « ghettos » par électoralisme. Le combat acharné pour le logement social est réduit à cet argumentaire droitier alors qu’il y a, à Aubervilliers, au moins 6000 demandes de logements non satisfaites, que des travailleurs sont contraints de s’exiler en Seine-et-Marne du fait de la pression immobilière, que la maire a dû se battre contre plusieurs gouvernements depuis quelques années pour obtenir des crédits de rénovation et des moyens de sécurité supplémentaires, que l’école est largement délaissées par l’Etat. Quant aux problèmes d’emploi, on sait comment sont traités nos jeunes dont le prénom et la couleur de peau sont différents des miens.
 
Ces auteurs devraient se rendre plus souvent au RER La Courneuve-Aubervilliers, ou à l’arrêt Stade De France, ou au métro Quatre-Chemins de Pantin pour voir comment les milieux populaires sont traités et la manière dont sont considérés leurs CV quand ils arrivent sur les tables des directeurs des ressources humaines des entreprises au pied desquelles ils passent. En effet, les grandes entreprises françaises, de Veolia à Orange, de la SNCF à Alstom ont ici leur siège et des activités. De cela pas un mot dans ces ouvrages.
 
On peut toujours critiquer l’action des municipalités communistes, mais pourquoi ne rien dire sur les services publics locaux que metmtent en place et défendent les maires communistes malgré la diète budgétaire imposée par l’Etat, comme les centres de santé, le théâtre de la Commune d’Aubervilliers, le conservatoire de la Courneuve-Aubervilliers, les crèches municipales.
 
Pendant ce temps les services de l’Etat et des services publics comme la Poste sont réduits à la portion congrue, la caisse primaire d’assurance maladie amputée, le trésor public menacé. Il a fallu mener bataille pour garder le tribunal d’instance. Il faut à Aubervilliers 20 ans pour obtenir une station de métro. Les gouvernements successifs ont promis, depuis 30 ans, un hôpital public, puis un vélodrome, puis une piscine olympique sur un terrain situé entre Aubervilliers et Pantin. Il a fallu l’énergie, le courage et la persévérance de la maire Mériem Derkaoui souvent bien seule, pour obtenir il y a quelques mois l’équivalent d’une piscine olympique en ce lieu où viendra un éco-quartier de qualité totalement nouvelle, sous le regard trop passif de certaines et certains de ses amis qui n’y croyaient pas. Enfin, attaquer la maire d’Aubervilliers sur son prétendu soutien à l’islamisme relève de la bêtise crasse et de la haine quand on sait qu’elle a dû fuir avec sa famille les intégristes islamiste algériens. A moins qu’il s’agisse d’une sorte de racisme doublé de misogynie aigue.
 
Nous expliquer qu’il y aurait un « islam politique » ne nous apprend strictement rien si l’on songe que toutes les religions, quoiqu’on en dise ou pense, ont fait ou s’évertuent à faire de la politique, et parfois de la pire des manières. Les mêmes qui font mine de s’en plaindre sont aussi ceux qui se sont acharné à détruire le débat politique, et le parti communiste particulièrement.
 
Il est tout autant curieux de s’aligner sur l’argumentaire de la droite, quand la droite locale est venue en force dimanche dernier à Aubervilliers sous la houlette d’un chef de parti, maire de Drancy, désormais allié à M. Macron qui en matière de clientélisme communautariste en connait un rayon, pour sa ville comme pour celle voisines de Bobigny ou du Blanc Mesnil. C’est bien cette droite qui a rassemblé des gens perdus à l’occasion des dernières élections municipales pour faire battre les maires communistes sur des bases odieuses : Marie-George Buffet votait la loi ouvrant le droit au mariage pour tous, et les communistes protégeaient les Roms. Ce débat serait très intéressant. Pourquoi nos pamphlétaires n’en disent mot.
 
Pourquoi ne pipent-ils mot des stratégies de contournement des cartes scolaires, qui viennent se greffer sur l’état scandaleux dans lequel les pouvoirs laissent les écoles de la République et les enseignants ? Il est indécent de pérorer sur la gangrène islamiste quand les conditions d’exercice de la laïcité sont à ce point malmenées. Les combats des élus communistes, en première ligne face aux différents et parfois nouveaux visages de la pauvreté et de précarité, font au contraire honneur à la République sociale et laïque. Avec peu de moyens mais beaucoup de courage, ils affrontent des nouvelles donnes complexes qui permettent à ces territoires en souffrance de vivre et de se développer.
 
En tout cas, l’air est nauséeux. L’unité des progressistes est indispensable dans la constitution des listes aux municipales quand on sait les visées de cette droite et de l’extrême droite qui cette fois envisage de présenter une liste aux élections municipales. Ces mauvais procès les servent. Et, celles et ceux qui, au nom d’une curieuse « citoyenneté », tentent aussi de fabriquer des listes contre ceux et ici celle, la maire d’Aubervilliers qui constitue pour eux un bouclier social démocratique et républicain, joue un mauvais tour à la population, aux salariés, aux jeunes, au puissant tissu associatif et sportif. Mériem Derkaoui est la rassembleuse, la fédératrice, la combattante inlassable pour sa ville et le département. Elle est la garante des principes républicains et démocratique au moment ou de puissantes forces s’acharnent à détruire le pacte républicain, les conquis révolutionnaires de notre peuple. Ceux qui essaient de faire croire que Aubervilliers vivrait sous cloche, indépendamment du monde et des décisions politiques comme celle des puissances financières dans le cadre de l’Europe de l’argent et de ce que l’on appelle « la métropolisation » trompe les gens et les désarme. Nous aurons l’occasion d’y revenir dans les prochaines semaines, tant je pense que le débat politique n’est pas suffisamment mené sur ces enjeux qui touchent la vie quotidienne de chacune et de chacun.
 
 
Je vous souhaite à toutes et tous une bonne semaine, restant à votre disposition.

Amicalement,

Patrick Le Hyaric
 
 
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