Le pouvoir aura eu beau user de tous les stratagèmes, le rejet de sa contre-réforme des retraites reste majoritaire. Les médias du système ont beau tenter des reportages cherchant des citoyens qui s’opposeraient franchement aux mouvements en cours malgré ses désagréments, ils n’en trouvent guère. Pourtant ces mêmes médias ne ménagent aucun effort de propagande en faveur du projet gouvernemental. Aucun d’eux n’a eu le courage d’organiser des débats contradictoires sur ce projet, comme nous l’avons fait à l’occasion de la Fête de l’Humanité. Et ce n’est pas cette espèce de salmigondis que nous a servi France Télévisions jeudi soir qui comble ce manque. De telles émissions où aucun interlocuteur ne peut développer une pensée, faire une démonstration ou argumenter, participe de l’opération brouillage. L’orientation générale du médias-business ne vise qu’à brouiller les cartes, à diviser les citoyens, les travailleurs, les syndicats en agitant selon les jours des totems et des mots creux. Et puis, il y a cet hallali contre les cheminots, les traminots et la CGT. Heureusement que les cheminots et les conducteurs de métros se lèvent pour nous tous au détriment de leurs salaires de fin de mois et de leur vie familiale. Ils luttent pour toutes et tous, salariés du privés, paysans, femmes seules, caissières de supermarché et tant d’autres qui ne peuvent pas faire grève. La question est bien que d’autres catégories notamment dans les secteurs privés puissent aussi arrêter la production. Ce dont il s’agit est très grave. Demain le niveau de la retraite va diminuer pour tout le monde et il faudra partir plus tard en retraite.

 

L’acceptons-nous ou pas ? Acceptons nous l’idée que Ambroise Croizat ait eu le courage de créer la sécurité sociale dans un pays ruiné au sortir de la seconde guerre mondiale et alors que la France est devenue 6e puissance mondiale et que la productivité du travail a été maintes fois multipliée, on ne puisse plus financer les retraites ?

 

Telle est la question cachée derrière ces mots pièges « âge pivot », « âge d’équilibre », « clause grand-père » et que sais-je encore.

Il convient de démystifier tout cela. L’Humanité le fait jour après jour. Ouvrons-le, faisons-le ouvrir et acheter autour de nous. L’Humanité est le liant du mouvement, c’est la vigie qui décrypte, qui analyse, qui alerte. Il ne faut pas hésiter à le faire découvrir avec l’Humanité Dimanche. Et je me permets d’insister auprès de nos amis qui utilisent les réseaux sociaux : Partagez les articles de l’Humanité et de l’Humanité Dimanche. Il y a là chaque jour des mines d’éléments de réflexion qu’on ne trouve nulle part ailleurs. 

 

 

Pour battre et combattre, nous avons besoin de plus de gens informés autrement. C’est d’autant plus important qu’il ne faut pas sous-estimer ce qui se joue. Nous vivons une sorte de « Thatchérisme-Macronisme ». Il s’agit de détruire tous les conquis sociaux et plus encore. Il s’agit de modifier pour longtemps le rapport des forces en faveur du capital. Autrement dit d’écraser les mouvements sociaux, démocratiques et populaires. Oui, écraser ! C’est un besoin pour les forces du capital qui surnagent dans une crise sociale, écologique, démocratique, crise de civilisation dont personne ne connait l’issue. Les puissances d’argent sont très inquiètes de la sorte de soulèvement général et pacifique qui monte aux quatre points de la planète contre un système capitaliste destructeur des communs, des solidarités, de la nature, du bien-être. Voilà pourquoi le pouvoir au service de ce monde est si intransigeant. Voilà pourquoi même sur une radio publique comme France Inter on traite très différemment Philippe Martinez et Carlos Ghosn. Acrimed l’a amplement démontré avec cette vidéo rassemblant les questions posées à Philippe Martinez.

Acrimed a réalisé cette vidéo rassemblant les questions posées à Philippe Martinez.

Pour avancer dans son service des intérêts minoritaires, le pouvoir a besoin de ce système médiatique, et d’un Etat de plus en plus autoritaire. Pour les théoriciens et les acteurs du libéralisme et du capitalisme la liberté du « marché capitaliste » est supérieure à la liberté politique, à la démocratie sociale. Leur « libéralisme » et leur conception de la liberté est celle de l’égoïsme, celle de posséder, de s’enrichir, de profiter.

Exactement ce que vient d’illustrer l’oligarque Carlos Ghosn. Ce Monsieur se rend libre lui-même, fuyant la justice du Japon, passant plusieurs frontières avec beaucoup d’argent faisant fi des Etats. Ils les humilient et les méprisent. Et les médias accourent à Beyrouth racontant par le menu l’exploit du milliardaire exploiteur au moment même où un jeune homme fuyant la misère est retrouvé mort entre les roues d’un avion en provenance d’Abidjan, et au moment où les amis et les parents d’un livreur à vélo font eux aussi une conférence de presse pour demander une simple enquête sur les exactions de la police qui auraient provoqué sa mort par placage ventral au sol. De qui parle-t-on ? Qui fut invité sur la radio publique et la première chaine de télévision privée ? Nous le savons tous ! Je l’ai déploré lors d’une émission de télévision cette semaine et cela n’a pas plu. L’oligarque est promu héros d’un monde en sécession quand la liberté de circulation des miséreux n’est pas garantie.

N’assiste-t-on pas à un moment où le monde des affaires et ses commis politiques au sommet des Etats, qu’ils soient macronistes ou nationalistes, ne créent pas les conditions apparentes d’une ingouvernabilité pour eux-mêmes, c’est-à-dire les marchés financiers, les actionnaires et leurs dividendes records, les spéculateurs de tout acabit et leurs batailles de rapaces pour mieux gouverner autoritairement les autres, les écraser, les humilier. Ainsi tout le monde sait qu’en excluant de cotisations les revenus au-dessus de 10 000 euros mensuels, on crée d’emblée un déficit dans les caisses. Donc on fera payer ceux qui ont des revenus inférieurs à cette somme et on poussera les premiers vers la capitalisation donc vers les ogres des marchés financiers. Les questions sont donc bien politiques au sens du projet de société, de vie commune avant d’être purement économique. Ajoutons sans développer que le pouvoir autoritaire fait le lit de pouvoirs encore plus autoritaires pour les échéances électorales à venir. Le combat actuel contre le projet macroniste de destruction des retraites est donc d’une importance capitale de multiples points de vue. Il s’inscrit dans une cohérence générale visant à livrer la France et son peuple aux intérêts du capital.

Les jours à venir vont être importants dans ce combat. Nous ne pouvons pas nous permettre de faiblir pour toutes ces raisons. L’autre dimension est celle de la perspective politique à construire. De ce point de vue plusieurs initiatives du Parti communiste et de Fabien Roussel visant à fédérer les forces de gauche et écologistes pour le retrait sont importantes et décisives pour l’avenir. Les divisions peuvent s’avérer mortifères.

Je vous souhaite à toutes et tous une bonne semaine, restant à votre disposition.

Amicalement,

Patrick Le Hyaric