C’est la boule au ventre que nous assistons depuis quelques heures à l’offensive de l’armée turque contre le Kurdistan syrien. Il aura suffit d’une saute d’humeur du sinistre et instable Trump pour que tout un peuple, toute une espérance, soit broyée par la machine de guerre turque.
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La Lettre du 12 octobre 2019
 
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Bonjour à chacune et chacun,
 
C’est la boule au ventre que nous assistons depuis quelques heures à l’offensive de l’armée turque contre le Kurdistan syrien. Il aura suffit d’une saute d’humeur du sinistre et instable Trump pour que tout un peuple, toute une espérance, soit broyée par la machine de guerre turque.
 
Les kurdes laissés à leur bourreau
 
Partout, le retrait des troupes américaines du Kurdistan syrien et le feu vert donné à l’offensive turque sont vécus comme une trahison. Jusqu’aux États-Unis où des militaires haut-gradés, animés malgré tout par un sens de l’honneur et lucides sur les conséquences potentiellement désastreuses de cette décision, jugent très sévèrement l’abandon meurtrier d’alliés héroïques et indéfectibles dans la lutte contre Daesh. N’oublions pas que cet ignoble deal sur le dos du peuple kurde est le fait des deux premières armées de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), turque et américaine. L’opportunisme et la nocivité de cette alliance militaire sont une nouvelle fois prouvés.
 
Un nouveau front s’ouvre donc dans ce Moyen-Orient et cette Syrie déchirés par les ambitions impérialistes. Nul ne peut aujourd’hui prédire les conséquences de cette forfaiture. Ces dernières risquent de s’avérer désastreuses en réveillant la bête fondamentaliste assommée grâce, notamment, à la mobilisation des troupes kurdes. Erdogan espère pouvoir profiter de cette nouvelle déstabilisation régionale pour réaliser son rêve de "grande Turquie" par la violation du droit international et le démantèlement de la Syrie, l’assujettissement des populations kurdes et l’installation massive sur leur territoire de populations arabes sunnites.
 
La Maison Blanche enjoint cyniquement la Turquie à disposer comme elle l’entend des milliers de djihadistes capturés par les forces kurdes et leurs alliés arabes. Or chacun sait l’usage qu’en a fait et qu’en fera M. Erdogan : des supplétifs de ses basses œuvres contre les kurdes et les forces syriennes, et un odieux chantage au terrorisme contre les pays européens. « Si vous essayez de présenter notre opération comme une invasion, nous ouvrirons les portes et vous enverrons 3,6 millions de migrants » a osé menacer le despote depuis Ankara !
 
L’Union européenne se révèle une nouvelle fois impuissante, condamnée à des moulinets diplomatiques que chacune des parties sait sans conséquence. Le marchandage honteux auquel elle s’est livrée avec Erdogan pour contenir les populations exilées du Moyen-Orient contraint l’Union européenne à un silence coupable non seulement sur la violente oppression des forces démocratiques à l’intérieur de la Turquie, mais aussi sur les visées impérialistes et militaristes de son dirigeant. C’est à la France de hausser le ton et de mobiliser toute sa puissance diplomatique pour faire reculer Erdogan, garantir l’intégrité du territoire syrien et obtenir avec d’autres forces du Conseil de sécurité de l’ONU l’arrêt immédiat de l’offensive.
 
Dans cette grande partie de poker menteur, le peuple kurde d’une combativité exemplaire, animé par la justice sociale et l’égalité, est une nouvelle fois laissé en prise avec ses ennemis mortels, sans qu’aucune des parties ne daigne voler à son secours.
Notre solidarité à son égard doit s’amplifier.
 
À lire dans L'Humanité : 
 
 
 
La sale guerre d'Erdogan suscite un tollé
 
Par Rosa Moussaoui
 
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Les rêves démoniaques du sultan d'Ankara
 
Par Pierre Barbancey
 
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Travailler à en mourir
 
Je suis revenu cette semaine, dans mon éditorial de L’Humanité Dimanche, sur les enjeux de la vie au travail. 
 
« Une immense émotion, un chagrin irrépressible ont envahi les écoles de France et bien au-delà après le suicide de Christine Renon, directrice d’école à Pantin, en Seine-Saint-Denis. Une femme qui donnait tout aux enfants, jusqu’à ses deniers personnels pour pallier aux manques de l’Etat. On rencontre les mêmes douleurs, les mêmes suicides dans des commissariats, dans des secteurs de la santé, à la poste comme dans les fermes quand, en France, deux paysans en finissent avec la vie chaque jour.
Comment peut-on en arriver là ? (...) »
 
 
 
L'éditorial de L'Humanité dimanche
 
 
A Rouen, l'inquiétude demeure
 
L’inquiétude demeure élevée à Rouen deux semaines après l’incendie de l’usine Lubrizol. Comment expliquer la longueur de l’enquête, les atermoiements ministériels et préfectoraux quand toute une région est plongée dans l’angoisse, quand les odeurs nauséabondes persistent, provoquant irritations et maux de tête ? Les agriculteurs sont laissés dans l’expectative alors que l’interdiction qui pèse sur leurs produits n’a toujours pas été levée, laissant planer un parfum anxiogène.
 
Les révélations arrachées par les citoyens, avec la CGT en première ligne, devancent la communication officielle, laissant craindre une connivence entre l’État et l’industriel à base nord-américaine. De toute évidence, les moyens alloués aux premiers secours ont été scandaleusement insuffisants face aux risques. Pire, il a fallu attendre plus d’une semaine pour apprendre qu’un hangar voisin, de l’entreprise Normandie logistique, a lui aussi pris feu alors qu’il stockait des produits chimiques dangereux appartenant à Lubrizol…
 
La lumière doit être faite le plus vite possible sans attendre le bon vouloir de l’entreprise ou des services préfectoraux. La justice a une grande responsabilité dans cette affaire. Mais c’est surtout la réglementation des sites industriels, cible des attaques patronales et gouvernementales depuis des années, qui doit être revue et améliorée. D’autant que la disparition des CHSCT et la casse du code du travail ont laissé plus de latitude aux entreprises à produire sans contrôle des salariés et avec une expertise allégée des services l’État. Et les sanctions quand elles sont prononcées, comme ce fut le cas contre Lubrizol il y a plusieurs années, doivent avoir pour effet de mettre en demeure les entreprises et leurs propriétaires de respecter toutes les normes sanitaires et de sécurité.
 
 
 
 
Retraite. Qu'est-ce que ce nouveau PER prévu par la loi PACTE?
 
 
 
Le fait est passé presque inaperçu. Seuls quelques banquiers et assureurs ont sabré le champagne après le lancement le 1er octobre dernier d’un nouveau produit d’épargne retraite (PER), inscrit dans la loi PACTE, ce fourre-tout de mesures ultralibérales, voté en début de mandat par le Parlement.
 
Ce nouveau produit d’épargne financier est censé doper les marchés de capitaux et préparer leur unification à l’échelle européenne. Jusqu’ici l’épargne retraite était freinée en France par la puissance et l’efficacité de notre système solidaire par répartition. Les contre-réformes successives depuis 1993 n’étaient en effet pas parvenues à saper les bases de l’édifice. C’est ce à quoi s’emploient désormais M. Macron et son gouvernement, en lien avec les institutions financières.
 
Ainsi, nos confrères des Echos le disent sans fard dans un article intitulé «Et si la retraite par capitalisation décollait enfin», publié le jour de lancement du PER. «Le décollage de l’épargne retraite dépendra également du point d’atterrissage de la réforme des retraites elle-même, dont les contours sont encore bien flous.» écrit l’éditorialiste. Il poursuit : «Si elle devait reprendre les préconisations du rapport Delevoye, les actifs les mieux payés pourraient ainsi se trouver pénalisés et contraints de se tourner vers la retraite par capitalisation pour éviter une trop forte chute de leur taux de remplacement.» Conclusion : «Les débats à venir pourraient accélérer les prises de conscience sur l’intérêt de se constituer un pécule complémentaire». «Tout semble en tout cas réuni pour que l’épargne retraite par capitalisation décolle enfin» s’enthousiasme le journal des marchés !
 
Preuve est déjà faite que la futur contre-réforme baissera considérablement les pensions et allongera tout aussi considérablement l’âge de départ. Traduction : on travaillera plus pour gagner moins. Mais voilà que la mèche est vendue : ce sacrifice permettra « en même temps » de développer une retraite par capitalisation tant espérée par les marchés financiers.
 
Cette offensive du capital sur notre système de retraites se double d’un cynisme absolu du chef de l’État qui a osé nier en public la pénibilité du travail pour justifier sa non prise en compte dans le calcul des pensions. Ceci à quelques jours du suicide d’une cheffe d’établissement scolaire et alors que tant de souffrances s’exprime dans le monde du travail. (Voir plus haut mon éditorial de cette semaine).
 
 
 
 
Sonnons l'alerte contre l'extrême droite
 
 
 
La convention dite « des droites » doit beaucoup faire réfléchir et conduire à la riposte. C’est en ce sens que j’ai produit un texte publié par L’Humanité Dimanche qui vise à ouvrir un tel débat en mesurant la gravité de ce qui se joue dans l’espace public, dans divers médias, dans des fractions du pouvoir politique et économique.
 
« Après avoir soigneusement rebâtit ses fondations depuis quarante ans, l’extrême droite s’attèle à construire le dernier étage de la fusée. Elle le fait sous le regard complaisant des puissances financières et de leurs actuels commis politiques qui croient ainsi pouvoir conserver les manettes. Elle le fait en provocant stupeur et sidération grâce à une rhétorique ouvertement haineuse, raciste, homophobe, sexiste, islamophobe, de nature fascisante. (...) »
 
Lire mon article
 
 
 
En vous souhaitant une bonne semaine, je reste à votre disposition.

Patrick Le Hyaric
 
 
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Extrait de mon livre "Gilets jaunes : un sursaut populaire" :
 
« Par sa nature même, hétéroclite et refusant toute structuration, méfiant envers les syndicats comme envers les forces po- litiques, ce mouvement n’a pu résoudre ses contradictions. Mais sa vocation était-elle autre que de révéler un fort be- soin de maitrise collective et de justice? C’est déjà beau- coup. Et cela oblige les forces de transformation sociales et écologiques à plus et mieux tenir compte et se rapprocher des classes populaires dans leur diversité. N’y a-t-il pas ur- gence à faire valoir leurs intérêts convergents et à inventer une nouvelle politique d’émancipation en liant, dans une visée de civilisation, les enjeux démocratiques, sociaux et environnementaux ?
Nous nous proposons dans ces pages de revenir sur la ge- nèse du mouvement et, par une présentation fournie de la chronologie des événements, sur ses imbrications avec un présent dense en mobilisations déterminées mais éparses, comme autant d’étincelles cherchant à enflammer la plaine de l’indifférence. »
 
 
Patrick Le Hyaric
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