Semaine endeuillée ! Loin d’ici, le Sri Lanka qui sort à peine d’une longue et meurtrière guerre civile vient de subir un dimanche de Pâques de sang dans plusieurs hôtels et églises.
http://patrick-le-hyaric.fr/
La Lettre du 28 avril 2019
 
Facebook
Twitter
Instagram
Youtube
 
 
Bonjour à chacune et chacun,
 
Semaine endeuillée ! Loin d’ici, le Sri Lanka qui sort à peine d’une longue et meurtrière guerre civile vient de subir un dimanche de Pâques de sang dans plusieurs hôtels et églises. Même si loin, on ne peut s’en désintéresser, s’habituer, relativiser, oublier la solidarité, alors qu’il y a des centaines de morts, autant de blessés, des familles endeuillés, des rues et des quartiers dévastés. Des attentats d’une telle ampleur ne peuvent être que le résultat d’une minutieuse organisation avec des connexions internationales. La victoire contre Daech en Irak et Syrie n’ouvre aucune période de répit sur le front du combat anti-terroriste. Aucun continent ne peut se considérer à l’abri de l’extrémisme et du fanatisme islamiste. Nos pensées, notre solidarité se tournent vers les familles et les populations du Sri Lanka qui méritent mieux que ces informations et ces compassions à minima.
 
Se sont croisées cette semaine trois informations qui mériteraient d’être développées. L’une concerne un rapport de l’ONU à paraitre dans les jours à venir qui alerte sur la disparition d’un million d’espèces animales à cause des modifications climatiques et des attaques contre la biodiversité.

L’autre est la bonne nouvelle de la condamnation de Monsanto au profit d’un agriculteur empoisonné par le Roundup. Ceci survient après d’autres condamnations notamment aux Etats-Unis.

Enfin autre indication intéressante, la pression populaire contre la poursuite de l’utilisation du glyphosate fait chuter les cours en bourse de la firme agro-chimique Bayer fusionnée avec Monsanto, créateur et vendeur de l’herbicide qui fait sa fortune, et très fortement soupçonné d’être cancérigène. Il parait que la valeur boursière du nouveau groupe Bayer-Monsanto est passée de 51 milliards d’euros à 37 milliards d’euros soit une valeur inférieure aux 56 milliards d’euros qu’a déboursé Bayer pour acheter le géant américain. L’action populaire accentue donc les contradictions du capitalisme. Ce système qui est à la fois un antihumanisme et un antiécologisme.
 
 
 
Lors de sa conférence de presse le président de la République a protégé et défendu mordicus les intérêts du capital. Surtout pas de hausse des rémunérations du travail, pas d’augmentation des salaires, pas de véritables augmentations des retraites hormis le retour à l’indexation sur la hausse des coûts de la vie qui n’aura lieu… qu’en janvier, et augmentation de la durée du travail avec une grande prestidigitation sur l’âge de départ en retraite avec son « âge pivot à 64 ans ». En clair, l’âge de départ à une retraite convenable va reculer conformément aux textes du Conseil européen que M. Macron élabore et signe.

De même sa cohérence est de promettre des baisses d’impôts - au lieu d’une fondamentale réforme fiscale pour la justice - en contrepartie des diminutions de services publics. Dit autrement pour accéder au bien public indispensable, le citoyen paiera plus à des prestataires de services privés qui eux continueront à voir leur contribution au bien commun diminuer.

Au-delà, le texte de son exposé à la presse et plusieurs des réponses méritent d’être minutieusement étudiés. En effet, le fumeux fil rouge de « l’art d’être français » cache mal les mains tendues à l’électorat conservateur de droite et à l’extrême droite. Toute sa rhétorique autour de la « famille », de « l’enracinement », « la résistance à la mondialisation » (qui ne l’empêche pas d’appliquer, sans l’avis du Parlement, le traité de libre-échange avec le Canada), « l’établissement de limites et de frontières », limites est ce mot qui dans les milieux de l’extrême droite sert à désigner l’opposition aux changements progressistes, aux modernisations jugées dangereuses pour « l’identité ». Les frontières sont selon le président de la République le moyen de « refonder » une politique de l’immigration. Mme Loiseau, la tête de liste de M. Macron pour les élections européennes, a dû y retrouver des œuvres familières de sa jeunesse estudiantine. En haut lieu, on sème un poison mortel, théorisant et validant des thèses de l’extrême droite. Cette logorrhée combinée à la poursuite de l’ultralibéralisme ne peut qu’élargir le lit des idées d’extrême droite et du fascisme.
 
 
 L’arbre ENA, la forêt des services publics
 
Dans le même ordre d’idées, j’ai consacré mon éditorial de L’Humanité Dimanche à tenter de décrypter ce que cache la tentative de démanteler l’Ecole Nationale d’Administration (l’ENA).
 
Lire l'éditorial de L'Humanité Dimanche
 
 
Commander
 
 
Semaine de plénière au Parlement européen 
 
Je mets à votre disposition le compte rendu de la dernière session du Parlement européen de cette législature. Durant cette dernière, je me suis fait un devoir de rendre compte en permanence des débats et des votes au Parlement européen.
 
On peut retrouver tous les comptes rendus sur mon site patrick-le-hyaric.eu.
 
Au sommaire de la réunion du lundi 15 au jeudi 18 avril  :
– Un texte européen pour protéger les lanceurs d’alerte
– Une Autorité européenne du travail insuffisante
– Face à l’ubérisation du travail, une réponse largement insuffisante
– Palestine : l’Union européenne défend la solution à deux États
– Le Parlement européen abolit la pêche électrique
– Contenus à caractères terroristes retirés des réseaux sociaux
– 10 000 garde-frontières pour fermer l’espace européen aux demandeurs d’asile
– La droite fait tomber un texte étendant les droits sociaux des travailleurs mobiles  
 
Lire mon compte rendu
 
 
 
Lançons la fête de L’Humanité !
 
"Les 13, 14 et 15 septembre prochains la fête de L’Humanité fera son retour au parc Georges Valbon à La Courneuve.

Nous mettons à disposition dès cette fin de mois le bon de soutien y donnant accès. Ainsi, nous nous donnons deux mois supplémentaires de promotion et de vente du bon de soutien. Nous le faisons d’abord pour nous donner plus de temps et de moyens pour réussir une grande et belle Fête de L’Humanité, lieu de convergences des causes communes et de confluence des cultures du monde (...)."
 
Lire la suite
 
 

Julien Lauprêtre : l’humanité faite Homme
 
La nouvelle est tombée comme la foudre. Julien Lauprêtre s’en est allé après une vie d’une incroyable densité consacrée, dédiée, destinée à la défense des plus humbles. Nous savions son corps affaibli par l’âge mais restions fascinés par sa vivacité d’esprit, son sens indéfectible de l’engagement que le poids des années, loin d’émousser, avait au contraire fortifié. Cette inlassable énergie à combattre l’injustice valait pour nous éternité. Comment la mort pouvait-elle venir à bout d’un aussi robuste morceau d’humanité ?
 
Julien était la bonté faite homme, la droiture incarnée, le dévouement personnifié. Né dans une famille ouvrière et communiste engagée dans le combat politique et syndical, il fit très jeune l’apprentissage de l’engagement. L’occupation nazie et la collaboration vichyste furent pour ce jeune homme de 16 ans, l’occasion de mettre en pratique son obstination à combattre et à lutter, inculquée par les luttes ouvrières. Quelle audace fallait-il pour monter à la fleur de l’âge un réseau de Résistance ! Julien en savait le prix, lui qui fut arrêté en 1943 par la sinistre Brigade spéciale qui s’était faite pour spécialité de traquer les résistants communistes. « Moi je suis foutu, je vais être fusillé, mais toi il faut que tu fasses quelque chose d’utile et que tu rendes la société moins injuste… », lui confia Missak Manouchian, poète arménien fondateur des Francs Tireurs et Partisans de la Main d’Œuvre Ouvrière Immigrée, emprisonné à ses côtés. Ces mots passés en témoin marquèrent au fer rouge son existence, contribuant à définir 70 années de militantisme et de combats contre les injustices.

Julien s’engagea à la Libération dans son Parti, tout en reprenant son activité d’ouvrier miroitier, « tailleur de glace », comme l’on disait alors. En 1951, le député communiste Raymond Guyot lui propose d’intégrer son secrétariat avant que le Secours Populaire Français ne sollicite ses compétences. Après avoir été secrétaire administratif de cette organisation née sur les cendres de l’occupation et de la barbarie nazie, Julien en prit rapidement la tête. Aussitôt il entreprit d’en faire la puissante association qu’elle est devenue au fil des ans, donnant toute son ampleur à sa devise « Tout ce qui est humain est nôtre ».

Elu en Comité central du parti communiste au 1966, il y défendit une idée originale et moderne des organisations dites de « masse » en insistant sur leur nécessaire indépendance et leur spécificité, tout en nourrissant par « un communisme en actes » la perspective révolutionnaire. Julien avait une haute idée de sa mission que rien ne saurait flétrir. Son parti lui laissa, avec Georges Marchais et son ami Paul Laurent, toute latitude pour la réaliser. Il s’agissait avant toute autre considération de porter assistance et secours à toutes les âmes humaines qui en manifestent le besoin. Mais ce combat a toujours été insociable de celui pour la liberté, la démocratie, de la culture : « Peut-on espérer que les hommes prennent leur destin en main s’ils n’ont pas un maximum de liberté ? » se plaisait-il à dire.
 
 
Il installa rapidement le Secours populaire dans les combats internationalistes, portant assistance aux familles des combattants et réfugiés d’Espagne, du Portugal, de Grèce ou du Chili, participant activement aux campagnes internationales contre les dictatures néofascistes, jusqu’à s’investir personnellement pour la libération des prisonniers politiques condamnés à une mort certaine. Cet engagement se doubla d’une intense compagne pour concrétiser ce droit aux vacances gagné de haute lutte par le Front populaire, d’une autre pour récolter et distribuer les surplus alimentaires, une suivante pour que des « Pères Noëls Verts » puissent égayer les Noëls des plus pauvres. Des milliers d’enfants d’ouvrier et des familles populaires s’en souviennent encore, émus et reconnaissants. Cette orientation fut une éclatante réussite au bénéfice de millions de personnes comme du mouvement social et transformateur, et permit au SPF de gagner une aura internationale.

Le succès du SPF tient alors à la formidable capacité d’innovation impulsée par Julien : déléguer l’initiative au niveau local, être à l’affût des besoins humains, inventer de nouvelles formes de solidarité, créer des liens et des passerelles entre toutes les associations de solidarité, construire avec les ceux qui croient au ciel comme avec ceux qui n’y croient pas, enfoncer à coups d’arguments les portes médiatiques et institutionnelles fermées, rendre incontournable l’effort de solidarité jusque au sein de l’Union européenne et « mondialiser la solidarité » selon son expression. Cette épuisante détermination rendait à chaque fois Julien plus ardent, plus heureux, plus combatif. Quel exemple !

Ces dernières décennies, Julien aura eu à cœur de fonder les « villages des copains du monde » qui réunissent des milliers d’enfants du monde entier dans des dizaines de villages en France et en Europe pour mettre les cultures en partage et élaborer un « programme de solidarité » dont chaque enfant deviendrait l’ambassadeur.

Pour « mondialiser la solidarité » Julien parcourut, parfois à l’insu de son entourage, le monde entier pour de ses yeux voir la misère comme la solidarité générée par les guerres, les famines et les catastrophes, de la Palestine à Haïti, de la Chine au Sri Lanka, du Maroc au Japon, …

Il fut également un dirigeant assidu et exigeant du Parti Communiste jusqu’à son retrait du Comité national en l’an 2000, travaillant notamment à l’élaboration des politiques de solidarité.

J’ai eu l’honneur de travailler avec lui au Parlement européen lors la dernière mandature pour maintenir contre l’avis de la Commission européenne le Programme Européen d’Aide alimentaire aux plus démunis. Les initiatives prises en commun ont permis de gagner une précieuse victoire au bénéfice des 170 millions d’européens condamnés à la pauvreté.

C’est enfin un ami précieux que je perds aujourd’hui. Julien ne loupait aucune fête de l’Humanité, participant activement à ses moments forts, nourrissant la fête, avec l’organisation qu’il présidait, d’une présence active. Nos échanges étaient toujours passionnants. Julien avait un esprit libre débarrassé des postures qui lui permettait d’avancer comme de nourrir le combat progressiste.

A son initiative, le Secours populaire a noué de forts partenariats avec L’Humanité pour animer les campagnes de dons et porter haut les idées de solidarité. Ces partenariats se sont, par la suite, élargis à de nombreux médias, contribuant de manière décisive au rayonnement du SPF.

Nous mettons en partage notre tristesse avec le million d’adhérents de son organisation, ses 80 000 bénévoles, les dizaines de millions de personnes qui à travers le monde on croisé l’action et la générosité du Secours populaire. Formons le vœu que cette perte immense se transforme en héritage fructueux ! A sa famille et à ses proches nous adressons nos pensées les plus chaleureuses et fraternelles.

« Je me considère un peu comme une feuille qui tombe de l’arbre pour faire du terreau. Et la qualité du terreau dépendra de celle des feuilles » écrivait Jacques Decour avant de succomber aux balles allemandes. Nul doute que Julien nourrira dans les temps qui viennent le terreau qui fertilisera des lendemains solidaires.
 
 
Je vous souhaite une bonne semaine et reste à votre disposition.

Patrick le Hyaric
 
 
- - -
Pensez à faire connaître cette Lettre hebdomadaire autour de vous en la partageant ou en abonnant vos proches, amis, collègues de travail.
 
 
 
Voir la version en ligne
 
 
Patric Le Hyaric
5, rue Pleyel
93100 Saint-Denis
Facebook
Twitter
Instagram
Youtube
 
 
Cet email a été envoyé à {EMAIL}.
Vous avez reçu cet email car vous vous êtes abonné à la Lettre de Patrick Le Hyaric.
 
 
 
© 2017 Patrick Le Hyaric