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Les déboires d’« Al-Hayat », reflet de l’agonie de la presse panarabe

Ce célèbre titre à capitaux saoudiens, d’inspiration libérale et pro-occidentale, pourrait ne pas survivre à la fermeture de ses locaux historiques de Beyrouth et au limogeage de la centaine de personnes qui y travaillent, dont deux tiers de journalistes.

Par  (Beyrouth, correspondant)

Publié le 28 mars 2018 à 06h26, modifié le 28 mars 2018 à 08h56

Temps de Lecture 4 min.

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LETTRE DE BEYROUTH

Tout au long de son existence, le quotidien panarabe Al-Hayat, lancé au lendemain de la seconde guerre mondiale, a survécu à de nombreuses épreuves : l’assassinat en 1966 de son fondateur, le libanais Kamel Mroué ; plusieurs tentatives d’attentat au début de la guerre civile qui a ravagé Beyrouth (1975-1990) ; et une série de mystérieuses lettres piégées, envoyées en 1997 à ses bureaux de Londres, New York et Washington.

Mais ce célèbre titre à capitaux saoudiens, d’inspiration libérale et pro-occidentale, pourrait ne pas surmonter le prochain choc, programmé pour juin : la fermeture de ses locaux historiques de Beyrouth et le limogeage de la centaine de personnes qui y travaillent, dont deux tiers de journalistes. Au mois de décembre déjà, le siège administratif du journal à Londres, traditionnel lieu d’implantation des publications panarabes, avait été transféré à Dubaï, aux Emirats arabes unis. Les bureaux en Arabie saoudite, de même que ceux aux Etats-Unis, sont également en train de fermer.

Le propriétaire d’Al-Hayat (« la vie » en arabe), le prince saoudien Khaled Ben Sultan, qui avait racheté le journal à la famille Mroué en 1988 et l’avait relancé depuis le Royaume-Uni après douze années de suspension, dément que le quotidien soit au bord du gouffre. Dans un courrier au rédacteur en chef, cet ancien ministre adjoint de la défense, âgé de 68 ans, s’est engagé à poursuivre la fabrication et l’impression du journal, à partir de la cité-Etat du golfe Arabo-Persique.

Profond pessimisme

Mais le flou qui entoure cette délocalisation et les bouleversements en cours dans les médias arabes nourrissent un profond pessimisme au sein de l’équipe. « Poursuivre la parution, mais avec quelle équipe et quel argent ?, se demande un journaliste qui n’est plus payé depuis un mois et ne sait pas s’il recevra des indemnités de licenciement. Le déménagement à Dubaï pourrait être le prélude à la disparition du journal ou à sa transformation en un simple site d’informations sur Internet. »

La raison officielle de cette brutale restructuration est financière. « En l’espace de cinq ans, les médias du Golfe, journaux comme télévisions, ont perdu 60 % de leurs rentrées publicitaires, explique Raja Rassi, le directeur général d’Al-Hayat. Nos pertes qui étaient encore raisonnables au début de la décennie sont devenues beaucoup moins raisonnables. Les périodes de guerre et de tensions, comme celles que traverse notre région, font fuir les annonceurs. »

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