Oh Fiodor !

Annotation :

Le grand apport de ce petit carnet de voyage, outre qu’il livre la vision d’un russe du XIXe sur le Paris bourgeois et le Londres prolétaire d’alors - deux villes éminemment romanesques qui offrent à l’écrivain des mines d’observations sociologiques amusées - est de révéler une facette trop peu connue de Dosto : son humour. L’épileptique petersbourgeois s’adresse ici à ses amis, et comme dans une conversation intime fait preuve d’une ironie et d’un mordant peu habituels et partant jubilatoire. Que son oeil fut acéré on le savait, mais donc sa langue pouvait l’être aussi !

Annotation :

NN est un roman inachevé, écrit par Dosto dans sa première période. Ces deux éléments donnent au texte une saveur particulière, et font partie de son coeur même : récit impossible à mener à bien d’une vie impossible à réaliser, celle d’une jeune héroïne orpheline obligée de se frayer un chemin dans une jungle qu’elle ne comprend pas. Sur chaque paragraphe de ce récit fragile, qui ne parle que de la fragilité des êtres, de leurs caractères et de leurs existence - plane donc en surplus la fragilité de la littérature, qui à force de se confronter aux zones obscures ou abyssales risque toujours de s’interrompre elle aussi, par manque d’oxygène ou excès de sentiments.

Annotation :

C'est compliqué, car si on ne savait pas les hauteurs auxquelles Fiodor atteindra plus tard, on ne pourrait être que charmé par cette comédie débridée sur la vie de province, étriquée et ridicule, reposant uniquement sur les rumeurs et les luttes d'influences de quelques femmes hystériques ou tyranniques. Un vieux gâteux, une mère aux dents qui rayent le parquet, un amoureux éconduit, et toute une ribambelle de personnages stupides s'agitent le temps d'une farce au vitriol, écrite à la sortie du bagne, sous forme de pièce de théâtre d'abord (ça se sent) puis de roman. Bref, en soi c'est très plaisant mais reste un peu anecdotique (même si le personnage de Zina laisse entrevoir ce que sera bientôt l' "héroïne dostoïevskienne")