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Grand débat : le gouvernement prévient déjà qu'il y aura beaucoup de déçus
Edouard Philippe redoute "l'effet déceptif" du grand débat national.
MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY

Grand débat : le gouvernement prévient déjà qu'il y aura beaucoup de déçus

Faut pas rêver

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Craignant que les retombées effectives du grand débat national ne déçoivent les Français et ne réinjectent une dose d'amertume aux gilets jaunes, le gouvernement s'emploie, comme Edouard Philippe ce mardi 5 mars, à doucher d'éventuels espoirs trop fous.

Espérer, mais pas trop quand même. Au cas où les Français attendraient trop du grand débat national en ligne, qui se trouve dans sa dernière ligne droite avant clôture le 15 mars, le gouvernement se charge déjà de dégonfler la baudruche. Ce mardi 5 mars, lors d'une réunion du groupe La République en marche (LREM) à l'Assemblée nationale, le Premier ministre, Edouard Philippe, a ainsi mis en garde les députés, selon des propos rapportés par plusieurs journalistes présents : "Le risque déceptif est important". Et le chef du gouvernement de donner cette consigne : "Il faut préparer nos concitoyens à ce que les propositions à la sortie ne soient pas les réponses à toutes les remontées des débats".

"On n'a pas de baguette magique"

Message reçu cinq sur cinq par Brune Poirson. Ce mercredi sur LCI, la secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique s'est employée à préparer le terrain pour l'issue du grand débat : "Il va falloir atterrir sur un consensus, certaines personnes n'y trouveront pas leur compte mais c'est la loi de la majorité, on est dans une démocratie"...

Et Brune Poirson de souligner que la marge de manœuvre du gouvernement est réduite : "De toute façon, on n'a pas de baguette magique, ni ce gouvernement, ni les précédents, ni ceux d'après. Il y a des réalités : nous sommes dans un contexte européen, dans un contexte international, dans un contexte budgétaire donné. Bref, il y a un cadre à respecter et nous ne changerons pas tout du jour au lendemain, sinon, on l'aurait fait depuis longtemps, le plein emploi en France en payant moins d'impôts".

Première restitution mi-avril

La co-animatrice du grand débat national, Emmanuelle Wargon, affiche également une grande prudence quant à ses futures retombées. Mardi soir, cette autre secrétaire d'Etat placée sous la tutelle de François de Rugy a en effet souligné qu'il ne fallait pas s'attendre à des miracles. "Il est peu probable que l'on règle tous les sujets que les Français ont mis sur la table, sur lesquels ils nous attendent, par quelques mesures immédiates", a averti l'ancienne cadre de Danone, qui espère une première restitution des débats pour la mi-avril.

Malgré ces réserves, le gouvernement continue de marteler que son grand débat est une réussite. "C'est vraiment un succès et une mobilisation intéressante", s'est ainsi félicitée Emmanuelle Wargon. "Ce qui est important c'est de voir la méthode avec laquelle nous avons travaillé. Ce grand débat est un succès. On nous l'annonçait comme un échec", a abondé Brune Poirson.

Ecouter en expliquant qu'on ne pourra pas faire, drôle de victoire... Et les Français ne paraissent pas prêts à être dupés : selon un sondage Elabe pour BFMTV publié le 20 février, 58% des interrogés anticipent qu'Emmanuel Macron et son gouvernement ne tiendront pas compte des points de vue exprimés dans ce grand débat national.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne