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Le succès inattendu des théories de l’effondrement

Pour les « collapsologues », notre civilisation, fondée sur les énergies fossiles, disparaîtra dans les années 2030. Une pensée qui rencontre de plus en plus d’écho auprès du grand public.

Par  et

Publié le 05 février 2019 à 10h17, modifié le 06 février 2019 à 09h30

Temps de Lecture 11 min.

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Amélie Bourquard ajoute du bois dans le poêle qui chauffe sa maison, en janvier 2019. Originaire de Reims, elle et sa famille ont décidé de changer radicalement de vie et de construire une maison au plus près de la nature, à Saint-Sève (Gironde).

C’est une vision qui donne le vertige. Et qui provoque un abattement teinté de sidération. Celle d’un monde où les infrastructures n’existent plus à grande échelle, ni les institutions telles que nous les connaissons. La dernière goutte de pétrole a été brûlée, la nourriture et l’eau potable se sont raréfiées, la lumière électrique, les ordinateurs et les voitures apparaissent comme un lointain souvenir. Les guerres, les épidémies et les famines ont décimé la moitié de la population mondiale. Ce scénario n’est pas celui du roman post-apocalyptique La Route de Cormac McCarthy. C’est l’une des thèses de « l’effondrement » de notre civilisation, défendue par des chercheurs, des experts et quelques hommes politiques, qui rencontre un succès inattendu auprès du grand public.

En quelques mois, ce terme, ainsi que celui de « collapsologie » (du latin collapsus, « tombé en un seul bloc »), est devenu incontournable. On l’a entendu dans la bouche du premier ministre Edouard Philippe, faisant référence à l’ouvrage du biologiste et géographe américain Jared Diamond, Effondrement (Gallimard, 2006) ou dans l’appel de 200 personnalités pour sauver la planète, publié dans Le Monde en septembre 2018.

Un podcast, Présages, et une Web-série documentaire, Next, lui sont consacrés, les groupes Facebook se multiplient sur le sujet, comme Transition 2030, La collapso heureuse ou Adopte un collapso, des « apéros collapso » sont organisés. Un module vient d’être créé sur le sujet dans deux masters de l’université de Cergy-Pontoise, en Ile-de-France.

Une nouvelle science

Un engouement cristallisé autour de la succession de catastrophes liées au dérèglement climatique depuis l’été dernier, de la démission fracassante de Nicolas Hulot ou du mouvement des « gilets jaunes ». Mais cet emballement s’explique surtout par le succès de l’ouvrage Comment tout peut s’effondrer (Seuil, 2015) de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, vendu à 60 000 exemplaires, essentiellement en France et en Belgique. Les auteurs y définissent ce qu’ils considèrent comme une nouvelle science interdisciplinaire, la « collapsologie ».

En compilant des études, des faits, des prospectives, ils assurent que l’on assistera, pour certains au plus tard dans les années 2030, à un effondrement mondial et systémique de la civilisation thermo-industrielle, fondée sur les énergies fossiles. « Cela signifie que dans tous les pays du monde, les besoins de base (alimentation, eau, logement, chauffage, transports, etc.) ne seront plus fournis, à un coût raisonnable, à une majorité de la population par des services encadrés par la loi », explique Yves Cochet, ancien député et ex-ministre de l’environnement, qui dirige aujourd’hui l’Institut Momentum, un cercle de réflexion.

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