Sécurité

A Nice, Estrosi fait entrer la police à l'école

A partir de lundi, trois groupes scolaires niçois verront débarquer pendant trois mois des policiers, qui seront non armés, contrairement à ce que le maire de la ville souhaitait. Entre 20 et 22 écoles se seraient déjà portées volontaires pour la rentrée de septembre si le dispositif est reconduit.
par Adèle Sifaut, à Nice
publié le 15 avril 2018 à 15h57

Christian Estrosi est monsieur «première fois» sur tous les sujets de sécurité depuis l'attentat du 14 juillet. Surtout lorsqu'il s'agit des écoles. Vendredi, le maire LR de Nice a lancé sa nouvelle expérimentation. Des policiers entreront dans trois groupes scolaires de la ville dès lundi. Ils y resteront trois mois. Si l'expérimentation est concluante, elle s'étendra aux autres établissements. «Aujourd'hui, en tête de liste des cibles de Daech, il y a les enfants et les écoles, affirme Christian Estrosi. Ne pas admettre le principe de sanctuariser une école serait aller à l'encontre du bon sens.»

Chaque policier affecté à un établissement sera non armé et disposera d'un bureau. Le matin, ils effectueront des rondes et contrôleront les accès. Occasionnellement, ils mèneront les exercices de sécurité et entreront en classe pour la prévention en matière de sécurité routière, de délinquance, de danger sur Internet, de harcèlement, d'égalité femmes-hommes. «Un policier municipal, seul, dans l'école, c'est inefficace et ça n'a aucun sens, tance Lætitia Siccardi, secrétaire générale de la Fédération de conseil des parents d'élèves des Alpes-Maritimes. Oui, on réclame davantage d'adultes à l'intérieur des écoles pour encadrer les enfants. Mais plutôt des directeurs adjoints pour les tâches administratives, des accompagnateurs pour la bibliothèque ou la salle informatique, des infirmières…» Du côté des enseignants aussi, le syndicat Snuipp 06 dénonce une surenchère sécuritaire et un effet d'annonce. «On a toujours été opposé parce qu'un policier est une cible privilégiée, un danger supplémentaire. Aussi, le policier sera en tenue. Ce sera anxiogène pour les enfants, dit son secrétaire général Gilles Jean. Et que va-t-il faire toute la journée dans l'école ? C'est encore un effet d'annonce qui va dégonfler comme un ballon de baudruche.»

«Boutons d'alerte»

C'est que l'expérimentation, qui a été validée par le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, n'est pas fidèle à celle annoncée en décembre 2016. Cinq mois après l'attentat sur la promenade des Anglais, Christian Estrosi révélait que «chaque école publique de Nice aura son policier municipal, un policier dédié, en uniforme, armé, qui gérera toutes les problématiques de l'école pendant tout le temps scolaire», écrivait-il dans un post Facebook. Si les 130 agents ont bien été recrutés et formés, seuls trois, non armés, entreront à l'école. «Je préfère des policiers armés à des policiers non armés. Mais je préfère des policiers non armés à rien du tout, a soutenu le maire vendredi. Avec ce qu'a subi Nice comme traumatisme, je préfère en proposer plus. Après, ce n'est pas le menu imposé, c'est à la carte. Mais nous aurons assumé totalement notre responsabilité.» Si les conclusions s'avèrent positives, le dispositif sera proposé à l'ensemble des groupes scolaires niçois à la rentrée de septembre. Mais pas imposé. Les directions et conseils d'école concernés seront consultés. Selon la mairie, entre 20 et 22 écoles sur 163 se seraient déjà portées volontaires pour l'expérimentation.

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La sécurité s'était déjà invitée au programme des écoliers niçois. Depuis 2015, Christian Estrosi a installé «pour la première fois» des «boutons d'alerte» pour les directeurs d'école et des caméras en classe (dont la connexion avec le centre de supervision urbain est en attente d'une autorisation de la Cnil). Il a aussi créé une salle au CSU consacrée à la vidéosurveillance scolaire et a mené des travaux de sécurisation. Des expérimentations dont le coût s'élève à 15 millions d'euros sur trois ans.

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