Donald Trump avait souhaité se présenter en « président de la loi et de l’ordre » en suggérant le recours à l’armée face aux protestations contre les violences policières déclenchées par la mort de George Floyd à Minneapolis (Minnesota), le 25 mai. Ce calcul a montré ses limites, mercredi 3 juin. Son ancien secrétaire à la défense, James Mattis, s’est attaqué avec une virulence inédite à sa pratique du pouvoir. Le même jour, l’actuel titulaire du poste, Mark Esper, a pris spectaculairement ses distances avec la menace agitée par le président des Etats-Unis de recourir aux soldats pour ramener le calme dans les rues américaines après les troubles survenus en marge de cortèges.
Alors que Donald Trump s’était appuyé sur une loi anti-insurrection de 1807, Mark Esper a indiqué, dans une déclaration lue au Pentagone, qu’une telle disposition devrait être invoquée aux Etats-Unis « uniquement dans les situations les plus urgentes et les plus désastreuses ». « Nous ne sommes pas dans une de ces situations actuellement », a-t-il ajouté.
Le secrétaire à la défense ne s’en est pas tenu à ce geste de défiance. Il a ajouté n’avoir pas été informé qu’il allait participer, lundi 1er juin, à une séance de photos devant une église visée la nuit précédente par des dommages mineurs. Le département de la justice avait alors fait évacuer sans ménagement des manifestants rassemblés pacifiquement face à la Maison Blanche. Cette intervention avait permis à Donald Trump de traverser la place et la rue qui le séparaient de l’église Saint John, pour poser devant les caméras en brandissant une Bible, en compagnie de membres de son cabinet, dont Mark Esper.
Trouble au sein de l’armée
La porte-parole du président, Kayleigh McEnany, a défendu cette mise en scène de plus en plus controversée. Elle a établi un parallèle avec « des présidents et des dirigeants du monde entier qui ont eu des moments de leadership et des symboles très puissants pour montrer un message de résilience et de détermination » face aux épreuves, avant de citer l’exemple du premier ministre britannique, Winston Churchill, inspectant les dégâts des bombardements allemands pendant la seconde guerre mondiale.
Interrogée sur l’état des relations entre le président et le patron du Pentagone, Kayleigh McEnany s’est montrée évasive. « Le secrétaire Esper est toujours le secrétaire Esper pour le moment, et si le président n’a plus confiance en lui, nous l’apprendrons tous dans le futur », a-t-elle répondu. Donald Trump n’a jamais caché qu’il attendait de ses subalternes une loyauté sans faille. Mark Esper a d’ailleurs essuyé un camouflet en étant contraint, après une réunion à la Maison Blanche, de revenir sur sa décision initiale, annoncée en début de journée, de renvoyer à leur base de Fort Bragg, en Caroline du Nord, deux cents hommes de la 82e division aéroportée appelés en renfort à Washington.
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