Cette fois, il faut que ça marche. Non seulement parce que la grève des jeunes pour le climat, qui fait boule de neige à l’échelle du globe, est notre meilleur espoir (et sans doute le dernier) d’éviter la catastrophe, mais aussi parce que si la mobilisation et l’espoir s’effondraient si tôt dans leur vie, les conséquences pourraient être dévastatrices pour ces jeunes.

Pour aider ce mouvement à remporter son combat, il faut d’abord se demander pourquoi les autres ont échoué. Se demander par exemple pourquoi le mouvement Occupy [lancé fin 2011], malgré l’énergie et les sacrifices de ses membres, a fini par s’étioler, alors que les institutions qu’il contestait n’ont pas changé.

Se demander pourquoi le mouvement altermondialiste de la fin des années 1990 et du début des années 2000 n’a pas changé le monde. Il faut se demander pourquoi Podemos, le parti espagnol [de gauche radicale] qui avait surfé sur l’optimisme suscité par les Indignados [Mouvement des indignés], semble s’épuiser en récriminations.

Ceux d’entre nous qui ont été les témoins de ces désillusions ont, à mon sens, le pénible devoir d’être aussi honnêtes que possible, de sorte que ces échecs ne se reproduisent pas. Une bonne partie des propositions que j’avance ici sont sujettes à discussion, et je ne peux pas promettre d’avoir vu juste. Mon premier conseil sera donc : n’écoutez pas que moi.

Construire un récit : “Nous, jeunes héros allons défier ces oligarques”

Une des priorités de toute campagne de mobilisation est d’édifier un récit : une histoire brève et simple expliquant où nous en sommes, comment nous en sommes arrivés là et où il nous faut aller. En partant de la trame narrative commune à la plupart des mutations réussies, qu’elles soient politiques ou religieuses, ce récit pourrait ressembler à ça : “Le monde s’enfonce dans un chaos climatique causé par l’industrie des combustibles fossiles, par les milliardaires qui en font leur miel et les dirigeants politiques qu’ils ont soudoyés.” 

Mais nous, jeunes héros, allons défier ces oligarques en nous servant de notre autorité morale pour créer un mouvement si vaste et si dangereux politiquement que nos gouvernants n’auront pas d’autre choix que de baisser définitivement le rideau de cette économie fondées sur les énergies fossiles, et de revenir aux modes de vie moins néfastes dans lesquels les humains et les autres espèces peuvent prospérer.”

Sel