Hervé d’Halluin, groupe Decathlon : «La RFID a permis de libérer du temps pour nos clients»

99,8 % des articles de l’enseigne sportive sont étiquetés RFID. Ce qui lui a permis de mettre en place de nombreuses innovations. Hervé d’Halluin, responsable RFID de Decathlon, en explique la logique.

 La RFID a permis à l’enseigne de libérer du temps à ses salariés « pour plus d’humain », assure Hervé d’Halluin.
La RFID a permis à l’enseigne de libérer du temps à ses salariés « pour plus d’humain », assure Hervé d’Halluin. Decathlon

    Chez Decathlon, que vous ayez quatre ou cent articles, l'encaissement ne dure que quelques secondes. Après un début des tests en 2008, l'enseigne a commencé en 2014 à généraliser la RFID (pour radio fréquence identification) dans ses magasins. Aujourd'hui, presque 100 % de ses produits sont étiquetés RFID. Hervé d'Halluin est responsable RFID de l'enseigne.

    Vous avez commencé des tests RFID dès 2008, puis vous avez amorcé une généralisation en 2014. Quelle était l'idée de base ?

    HERVE D'HALLUIN. Notre premier objectif était d'avoir des stocks justes et de garantir la disponibilité des produits à nos clients. C'est une façon de lutter contre la démarque inconnue, qu'elle soit due aux vols, aux erreurs de caisse ou de livraison. Il n'y a rien de pire que d'aller dans un magasin pour acheter un produit indiqué comme étant en stock alors que, finalement, il n'y est pas. Avec la RFID, ce n'est plus possible. On peut multiplier les inventaires car ils se font en quelques minutes alors que la loi impose d'en faire seulement un par an.

    Elle a aussi permis de rationaliser des tâches non créatrices de valeurs (NDLR : encaissement, inventaire, etc.) et ainsi de libérer du temps pour nos équipiers afin de répondre à nos clients, leur donner des conseils ou les aiguiller dans le magasin. Par exemple, il n'y a que des caisses rapides, mais ça n'empêche pas les vendeurs de venir en zone d'encaissement pour donner des conseils aux clients. On veut que les achats chez nous soient un plaisir.

    Quels étaient les défis à relever pour vous lancer ?

    Notre principal problème était dû à la nature des ondes. Elles ont des difficultés de lecture à travers l'eau et sur le métal. Il a donc fallu trouver des solutions, placer les puces à des endroits où ça ne poserait pas problème. Ça a beaucoup joué sur le packaging. Il a aussi fallu impliquer tous les gens de la société dans ce projet qui, au moment où on s'est lancé, était novateur. Comme nous avons beaucoup de marques à nous, pour lesquelles nous sommes à l'origine de la conception, il a été facile d'y intégrer des puces. Pour les autres produits, il y a eu des discussions.

    C'est un investissement très lourd. Comment espérez-vous le rentabiliser ?

    Le plus cher, ce ne sont pas les infrastructures, ce sont les puces. Et quand on vend un produit, c'est aussi une puce qu'on vend et qui part. En 2018, on a intégré près d'un milliard de puces : c'est un investissement conséquent. On veut avoir un retour sur investissement le plus court possible. Des magasins ont eu une augmentation de leur chiffre d'affaires (NDLR : l'enseigne se refuse à donner des chiffres), notamment grâce à une gestion des stocks optimale et à la disponibilité des produits. La RFID diminue les vols. Donc, année après année, il y a un retour sur investissement.

    Vous avez notamment mis sur pied une cabine d'essayage connectée grâce à la RFID. Quels sont vos futurs projets RFID ?

    Il y a des projets, des innovations à venir, pas toujours liés à la RFID, mais on ne communique pas encore dessus… Ce que je peux dire, c'est qu'on va exploiter la RFID pour la pratique du sport mais cela, en dehors de nos magasins… On va faire en sorte que ces puces puissent être utilisées à la maison ou ailleurs… Il y a quantité de puces qui, aujourd'hui, ne sont pas utilisées une fois le produit acheté.

    Vous avez ouvert un magasin laboratoire à Singapour. Il y a un robot inventaire fonctionnant avec la RFID. Est-ce envisageable en France ?

    L'intérêt du robot inventaire, c'est qu'il parcourt en continu les rayons : on a donc un inventaire des stocks en temps réel. C'est-à-dire qu'il fonctionne pendant que des clients sont dans les rayons. Il y a des règles, des normes à respecter… Mais c'est quelque chose d'envisageable.

    JD. com a mis en place en Chine des magasins automatiques, sans caisse ni personnel. Est-ce envisageable chez nous ?

    C'est une culture différente. C'est comme à Singapour où notre magasin est ouvert 24 heures/24 parce que là-bas tout est ouvert 24 heures/24. Mais concernant les magasins automatiques, il y a des endroits où c'est très compliqué de responsabiliser les gens, d'être certain que si une personne entre dans le magasin elle ne sera pas suivie par une autre qui ne se serait pas identifiée. Je ne suis pas sûr non plus, que c'est quelque chose qui plaise en France. Il n'y a pas de demande dans ce sens.